Editorial

Comment vas-tu cher café ?

Mélance Maniragaba, rédacteur en chef adjoint.

La culture du café va tant bien que mal. Principale culture industrielle pourvoyeuse des devises pour le pays, elle frappe les regards de plus d’un ces jours-ci. En témoigne une activité récente au cours de ce mi-novembre 2023 de lancement de la campagne de pulvérisation, de fertilisation et de mise en place de nouveaux plants de caféiers dans la commune de Bugendana en province de Gitega au centre du pays.

Peut-on dire que pas mal d’initiatives mises en route viennent à point nommé ou sont inopportunes ? Plutôt que de répondre à cette question, une idée me vient en tête par exemple de connaître le sort qui a été réservé au Projet d’Appui à la Compétitivité du Secteur Café (PACSC). Celui-ci avait bénéficié d’un financement IDA de 55 millions USD. Il avait comme préoccupation d’augmenter la production du café en quantité et en qualité. Cela par le biais de l’amélioration de la productivité du verger caféier, par la mise à niveau des stations de lavage et par le renforcement de la filière café. A coup sûr, les traces du projet se sont effacées en cours d’exécution.

Par ailleurs, des promesses au goût étrange simule une redynamisation de la filière café. Pourtant, le chemin est encore long. Le prix d’un kilogramme de café cerise est passé de 500 FBu à 1 200 FBu. Désintéressés, les caféiculteurs préfèrent prendre le risque de frauder le café pour aller le vendre dans les pays voisins où le prix est plus rémunérateur.

De plus, la démographie galopante (environ une quinzaine de millions d’habitants) et l’insécurité alimentaire (Sur la période d’analyse qui va d’avril à mai 2023, 2,32 millions de personnes, soit 19% de la population totale analysée, font face à une insécurité alimentaire aiguë étant classées en phase 3. Cfr analyse IPC de l’insécurité alimentaire aiguë, avril à septembre 2023, publié le 31 mai 2023) ne vont pas permettre de prioriser la culture du café sur des terres domaniales exiguës.

L’agriculteur préfère cultiver le haricot qui donne le rendement dans six mois que le café qui donne le rendement dans deux ou trois ans. Malgré cela, il existe des projets et programmes qui visent la préservation de la biodiversité comme le programme de reforestation. Avec cette dernière, il serait intéressant de réserver des terres dans chaque commune pour la culture du café et de mobiliser des moniteurs agricoles pour un suivi rigoureux.

Pour revigorer la culture du café, il faut une certaine traçabilité et la transparence dans la gestion de la filière café, surtout qu’il est toujours évoqué que le café burundais est classé meilleur au monde. Une renommée qui ne profite pas aux caféiculteurs. Et alors, quand viendra ce jour béni qui verra le caféiculteur tirer profit de son dur labeur?

 

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Mélance Maniragaba.

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  • éditorial

    Des initiatives à faible portée

    Des initiatives à faible portée

    Malgré les multiples signaux de relance économique, la crise économique perdure. Le pays n’a pas assez de devises pour couvrir ses importations. Par effet de contagion, les produits importés plongent le pays dans une spirale inflationniste. La dépréciation continue du FBu retarde l’impact des réformes macroéconomiques entreprises. L’inflation affiche une tendance baissière depuis le début de l’année. Le taux d’inflation aurait diminué de 5 points passant de 17,2% à 12% entre janvier et avril 2024, selon les données officielles. Cependant, cette baisse n’est pas ressentie chez les consommateurs qui assistent à la flambée des prix des denrées alimentaires.
  • Journal n° 609

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