Agriculture

Filière café : Quand le prix payé au producteur démotive les caféiculteurs

Dans tout le pays, la campagne de pulvérisation et de fertilisation descaféiers est en cours. C’est une initiative à saluer, mais qui ne suffit pas à elle seule pour augmenter le rendement du café. Il vaut mieux augmenter le prix payé aux caféiculteurs en vue de les motiver

Le prix du café reste dérisoire. Certains producteurs se désintéressent de cette culture ou recourent à d’autres solutions alternatives.

    

Au cours du troisième trimestre de 2022, une campagne de pulvérisation du café, de fertilisation et de mise en place des plants de caféiers est en cours dans tout le pays. Le lancement officiel de cette campagne a été fait par le ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage et a eu lieu dans la commune de Giheta de la province Gitega le 20 octobre 2022. 

A cette occasion, le secrétaire permanent au ministère en charge de l’agriculture, Prosper Dodiko a rappelé  que le café est un produit d’exportation qui apporte au pays beaucoup de devises et est cultivé au Burundi depuis 1920. Il a demandé aux caféiculteurs de bien entretenir le café, car il est très important dans l’économie nationale.

Dans le cadre de promouvoir la culture du café, M. Dodiko est optimiste que le gouvernement ne ménage aucun effort. A titre illustratif, selon lui, le gouvernement burundais a revu à la hausse le prix du café cerise jusqu’à 800 FBu par kg. Cela pour encourager les caféiculteurs.En plus, l’Etat donne les fertilisants aux caféiculteurs qui paient 40%,  les 60% restant étant à la charge du gouvernement.

Après son lancement officiel, la campagne de pulvérisation et de fertilisation des caféiers est en cours dans différentes provinces. 

Selon l’Agence Burundaise de Presse (ABP), le Bureau Provincial de l’environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage (BPEAE) de Muyinga, a lancé le 3 novembre 2022 en commune Gashoho la campagne de pulvérisation et de fertilisation des caféiers. Cette activité a été rehaussée par les agronomes communaux et les administratifs tant communaux que provinciaux. Jean Berchmans Mpabansi, conseiller du gouverneur de la province Muyinga en charge de l’administration et des finances a demandé aux caféiculteurs d’entretenir leurs caféiers tout en utilisant les  techniques vulgarisées par les moniteurs agricolesen vue d’augmenter la production et la qualité du café.

Dans les provinces de Mwaro et Bujumbura, cette campagne a été lancée le 5 décembre 2022 où des séances de démonstration ont été faites simultanément en commune Kabezi (province Bujumbura) et en commune Bisoro (province Mwaro). On a montré à la population comment pulvériser ou fertiliser la culture du café et comment gérer les plants de caféiers. Quelques jours avant, le 1er décembre 2022, on a fait la même activité en province de Rumonge. Les cadres de la BPEAE Rumonge, les administrateurs et le gouverneur de cette province ont lancé la campagne de pulvérisation de la culture du café sur la colline Murambi de la commune Rumonge. Quelques jours après, même dans la province de Rutana cette campagne a eu lieu le 9 décembre 2022. La liste de provinces où s’effectue la campagne de pulvérisation et de fertilisation des caféiers n’est pas exhaustive. Mais, cela est-il suffisant pour accroître le rendement du café ?

Une  bonne initiative qui ne suffit pas à elle seule

La politique visant la fertilisation et la pulvérisation de la culture de caféiers est à saluer, mais elle ne suffit pas à elle seule pour augmenter la production du café. Avant tout, il faut intéresser les caféiculteurs selon différents intervenants dans la filière café. D’abord, l’Etat devrait revoir à la hausse le prix d’un kilogramme de café. Ce qui stimulera l’engouement des caféiculteurs. Le prix actuel du café cerise est de 800 FBu par kg.

Comme le prix du café reste dérisoire, certains producteurs se désintéressent de cette culture ou recourent à d’autres solutions alternatives. Par exemple, La vente illégale du café burundais dans les provinces du Nord du pays (Kayanza, Ngozi,…) a été monnaie courante au cours des mois estivaux en 2022. Des quantités importantes de café transitant vers le Rwanda ont été saisies. A titre d’illustration, 396 sacs contenant à peu près 27 tonnes de café parche frauduleux ont été saisis sur la colline Kigume de la zone Ngoro, commune de Gatara en province de Kayanza lors d’une fouille-perquisition faite le 25 mai 2022. Une des raisons de cette vente illégale du café dans les pays limitrophes est que le prix pratiqué au Burundi est très bas.

Mots-clés :
A propos de l'auteur

Gilbert Nkurunziza.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.

éditorial

Des initiatives à faible portée

Des initiatives à faible portée

Malgré les multiples signaux de relance économique, la crise économique perdure. Le pays n’a pas assez de devises pour couvrir ses importations. Par effet de contagion, les produits importés plongent le pays dans une spirale inflationniste. La dépréciation continue du FBu retarde l’impact des réformes macroéconomiques entreprises. L’inflation affiche une tendance baissière depuis le début de l’année. Le taux d’inflation aurait diminué de 5 points passant de 17,2% à 12% entre janvier et avril 2024, selon les données officielles. Cependant, cette baisse n’est pas ressentie chez les consommateurs qui assistent à la flambée des prix des denrées alimentaires.

    Abonnez-vous à notre bulletin

    Journal n° 609

    Dossiers Pédagogiques

    Facebook

  • éditorial

    Des initiatives à faible portée

    Des initiatives à faible portée

    Malgré les multiples signaux de relance économique, la crise économique perdure. Le pays n’a pas assez de devises pour couvrir ses importations. Par effet de contagion, les produits importés plongent le pays dans une spirale inflationniste. La dépréciation continue du FBu retarde l’impact des réformes macroéconomiques entreprises. L’inflation affiche une tendance baissière depuis le début de l’année. Le taux d’inflation aurait diminué de 5 points passant de 17,2% à 12% entre janvier et avril 2024, selon les données officielles. Cependant, cette baisse n’est pas ressentie chez les consommateurs qui assistent à la flambée des prix des denrées alimentaires.
  • Journal n° 609

  • Dossiers Pédagogiques