Finance

FSA, une institution financière méconnue

Le Fonds de Solidarité Africain (FSA) existe depuis bientôt 46 ans. Membre fondateur, le Burundi n’a jusqu’ici bénéficié que de 1,9% d’appui général, soit 13,8 milliards de francs CFA (environ 30 milliards de FBu). La Chambre Fédérale de Commerce et d’Industrie du Burundi (CFCIB) estime que cela est dû à la méconnaissance de la banque et à la crise qu’a traversée le pays 

« Pour le moment, tous les Etats membres peuvent être servis par le FSA sous forme de garantie financière. Celui-ci a une capacité d’intervention de 2 mille milliards de FCFA, soit environ 8 mille milliards de FBu avec un capital social de 150 milliards de FCFA, soit 268 millions USD et approximativement 600 milliards de FBu », déclare Ahmadou Abdoulaye Diallo, directeur général du Fonds de Solidarité Africain (FSA).

C’était à l’occasion du forum organisé conjointement par le FSA et la CFCIB à l’endroit des entreprises burundaises, mardi le 24 août 2021.

Le FSA est une institution financière multilatérale. Créée en 1976, il est devenu opérationnel en 1979. Le Burundi est membre fondateur de cette institution qui compte actuellement 15 pays africains.

« Le FSA est intervenu au Burundi à hauteur de 13,8 milliards de FCFA (25 millions USD) qui ont facilité la mobilisation de 22 milliards de FCFA (40,6 millions USD) en ressources mobilisées pour 20 projets, soit 1,90% des interventions totales du FSA », fait remarquer Safiatou I.Jackou, directrice de la coopération et de la communication au FSA. Elle informe que le Burundi a reçu peu d’appuis comparativement aux autres pays membres.

Ahmadou Abdoulaye Diallo, directeur général du Fonds de Solidarité Africain (FSA) : « Les Etats membres peuvent être servis par le FSA sous forme de garantie financière. Celui-ci a une capacité d’intervention de 2 mille milliards de FCFA, soit environ 8 mille milliards de FBu ».

Par exemple, cite-t-elle, le Rwanda a bénéficié de 29 240 milliards de FCFA (52 millions USD) de garanties,  la Côte d’Ivoire a bénéficié de 140 652 milliards de FCFA (251 millions USD) de garanties, le Sénégal a bénéficié de 118 401 milliards de FCFA (212 millions USD) de garanties et le Niger (Etat où se trouve le siège du FSA) a bénéficié de 80 448 milliards de FCFA (144 millions USD) de garanties.

10 milliards de FBu pour redynamiser le FSA au Burundi

Selon Audace Ndayizeye, président de la CFCIB, cette institution et le FSA sont à l’œuvre pour renforcer un accord-cadre de partenariat et un mode opératoire de ce partenariat qui ont été négociés et signés depuis le 10 mai 2021 avec un plan d’actions provisoire pour l’exercice budgétaire en cours.

«Ce mode opératoire prévoit qu’au cours de la première année la CFCIB et le FSA se sont convenus d’atteindre au minimum 2,5 milliards de FCFA d’appuis, soit approximativement 10 milliards de FBu pour un minimum de cinq projets. Depuis le démarrage des opérations du FSA, les interventions du Burundi totalisent à ce jour près de 60 milliards de FBu avec des financements mobilisés approchant 200 milliards de FBu », fait remarquer le président de la CFCIB.

Il signale qu’une trentaine d’entreprises ont bénéficié des interventions du fonds. Certaines d’entre elles ont déjà fermé les portes comme Burundi Mining Corporation (BUMINCO), Verrundi et le Complexe Textile du Burundi (COTEBU), AFRICELL 2. D’autres sont toujours fonctionnelles comme Minolacs, Sun Safari, CCGEBU, Prothem usine, SHNB, MILK CHEL, Kira hospital, Hôtel La Colombe, Mairie de Bujumbura (Construction hôtel de ville), HMCB, GOTRACOM, Modern Dairy Burundi, Regideso, Sosumo, Nonara Hôtel…

Denis Nshimirimana, secrétaire général de la CFCIB classe de deux façons le fait que le Burundi n’enregistre pas de statistiques sur les interventions en matière de soutien par le FSA. Pour lui, c’est la méconnaissance du fonds qui est basé à Niamey (Niger) à plus de 3500 km de Bujumbura à vol d’oiseaux. Et de continuer : « La crise qu’a traversé le pays a occasionné un certain ralenti dans la prestation des services et, partant dans le fonctionnement des entreprises. Ce sont celles-ci qui devaient demander des appuis au FSA ».

Willy Cimba, directeur commercial de la Finbank témoigne que le FSA  intervient dans la même monnaie  que celle du financement. Or, déplore-t-il, lorsque ce financement porte sur les importations, celles-ci sont payées en devises. D’après ce directeur commercial d’une banque qui a été appuyé au cours du mois d’août pour l’importation de 30 bus, le fonds a un niveau de couverture contenu dans une fourchette de 25% à 80% du financement de la banque. Cela en fonction du risque et des contre garanties disponibles.  « Pourtant, il couvre 50% des crédits et fonds débloqués », s’inquiète-t-il avant d’exhorter le fonds d’aller jusqu’à au moins 60%.

Le FSA a la capacité d’accompagner les entreprises jusqu’à un montant maximum (actuel) de 12 milliards de FCFA. Les opérations d’intervention doivent porter sur des projets d’investissement tangibles et viables d’une durée maximale de 10 ans en général (le découvert bancaire est  exclu).

Il intervient dans le secteur minier, dans les infrastructures de base, dans le développement rural, dans l’industrie, dans l’agro-industrie, dans l’énergie, dans le tourisme et l’hôtellerie, dans le transport, dans l’éducation et la santé, dans les Télécoms, dans le Micro finance…

Sont éligibles les entreprises en phase de création, d’extension et/ou renforcement de capacités  opérationnelles, de restructuration et  privatisation.

La technique d’intervention du FSA est la garantie. Elle se décline sous plusieurs formes, notamment la garantie financière (garantie individuelle et garantie de portefeuille), les contre-garanties (cautionnements des marchés publics, opérations d’import- export), le refinancement, l’arrangement et la structuration de financement, la gestion des fonds pour comptes de tiers, la bonification des taux d’intérêt (Entreprises Publiques et démembrements) et les prises de participation stratégiques.

La garantie est un engagement pris par le FSA d’avoir à se substituer à l’emprunteur en cas de défaillance de celui-ci vis-à-vis du bailleur de fonds, à hauteur d’une proportion convenue préalablement avec le prêteur et le débiteur.

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Mélance Maniragaba.

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