Société

Harmonisation des salaires : Des remous et satisfactions mitigés

Dans le processus d’évolution vers l’harmonisation des salaires, le gel des annales et de toutes les indemnités et primes conjoncturelles n’est pas arrangeant selon les syndicalistes. Ils réclament leur déblocage

« En 2014, il y a eu un accord entre les syndicats des enseignants et le gouvernement sur l’harmonisation des salaires dans la fonction publique et dont l’application a débuté en 2016. Ce qui est une bonne chose pour les fonctionnaires. Le problème est que cet accord a occasionné le blocage des annales et de toutes les indemnités et primes conjoncturelles pour tous les fonctionnaires », déclare Célestin Nsavyimana, vice-président de la Confédération des syndicats du Burundi (COSYBU).

Pour M.Nsavyimana, les annales constituent une augmentation annuelle basée sur l’inflation à 3 % du salaire de base (pour pallier à l’inflation) et la cotation du travailleur à 5 % du salaire de base (pour le travailleur bien côté). « Ce qui fait qu’on a gelé 8 % du salaire de base », indique-t-il. M. Nsavyimana témoigne qu’il existe d’autres indemnités qui ont été gelées comme les primes de bilan (pour les entreprises à caractère commercial), les primes de fidélité (pour les fonctionnaires ayant 20 ans de service)…

« Les organisations des travailleurs demandent pour le moment la mise en application du contenu de l’accord d’étape du mois de février 2017. Celui-ci est le résultat des réclamations de ces organisations envers le gouvernement. Ce dernier s’était engagé à respecter les lois en matières salariales », signale-t-il.

D’après M. Nsavyimana, ces réclamations consistent à débloquer les annales et à désintéresser certaines catégories de travailleurs dans la fonction publique et dans les administrations personnalisées qui n’ont pas été régularisées ou harmonisées voire qui touchaient moins que les enseignants. A ceux-là, il faut ajouter les travailleurs des sociétés paraétatiques frappés par le décret du 15 septembre 2016. « Celui-ci est explicite. Il stipule que les avantages salariaux et autres primes sont octroyés par les conseils d’administration », précise-t-il.
M.Nsavyimana déplore également qu’il y a des fonctionnaires notamment à l’INSS et à la Mutuelle de la Fonction Publique qui ont perçu des annales en 2016 et qui sont en train de les rembourser. « Cela est une violation de la législation du travail », fait-il remarquer.

Les enseignants dans la même cadence

Emmanuel Mashandari, président du Conseil National du Personnel de l’Enseignement Secondaire (CONAPES) se réjouit que le gouvernement ait octroyé 80 milliards de FBu aux enseignants. Cela sur une période de quatre ans (depuis 2016) à raison de 20 milliards de FBu chaque année.

Et d’éclairer : «Cette somme n’est pas allouée à l’harmonisation des salaires. Nous sommes plutôt dans un processus dénommé début du processus de correction des disparités salariales. Dans les projections, l’harmonisation proprement dite des salaires aura lieu en 2019».

Cependant, M.Mashandari s’inquiète que le processus de correction des disparités salariales a affecté l’octroi des annales et de toutes les indemnités et primes conjoncturelles. « Les enseignants ne les bénéficient plus. Ce qui affecte leurs cotisations à l’Institut National de Sécurité Sociale (INSS), à la Mutuelle de la Fonction Publique et à l’Office National des Pensions et Risques professionnels (ONPR) », affirme-t-il.

Une question traitée par rapport à la situation du moment

Domitien Ndihokubwayo, ministre des Finances : « Comme les annales sont gelées, cela veut dire que d’un moment à l’autre, elles peuvent être dégelées ».

« Les annales ont été gelées suite à la situation actuelle », a annoncé Domitien Ndihokubwayo, ministre des Finances. C’était lors de la rencontre avec les employés de l’Office Burundais des Recettes (OBR), le 31 octobre 2017. Selon lui, la distribution de l’argent n’est pas un fait du hasard.

« L’argent destiné au budget de l’Etat provient en grande partie des recettes collectées par l’OBR. Si nous voulons octroyer les annales, nous devons recourir aux avances de la Banque Centrale. Ce qui causerait l’inflation », explique-t-il.

Et de tranquilliser : « Comme les annales sont gelées, cela veut dire que d’un moment à l’autre, elles peuvent être dégelées ».

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.

éditorial

Vers la redynamisation de la filière café ?

Vers la redynamisation de la filière café ?

Le café reste le pilier de l’économie nationale dans la mesure où il apporte des devises et des revenus aux ménages. Cependant la production du café vert est en chute libre. Elle oscille autour de 8 000 tonnes alors que les projections portent sur une quantité exportable de 45 000 tonnes chaque année. Pour gagner ce pari, il faudra mobiliser des investissements conséquents pour redynamiser l’ensemble de la chaine de valeur. Malgré les tentatives de nationalisation de la filière café, les défis demeurent nombreux. Les milieux bien informés évoquent notamment le désintéressement de la population, le faible encadrement des producteurs, les opérateurs privés qui s’enrichissent sur le dos des producteurs.

    Abonnez-vous à notre bulletin

    Journal n° 606

    Dossiers Pédagogiques

    Facebook

éditorial

Vers la redynamisation de la filière café ?

Vers la redynamisation de la filière café ?

Le café reste le pilier de l’économie nationale dans la mesure où il apporte des devises et des revenus aux ménages. Cependant la production du café vert est en chute libre. Elle oscille autour de 8 000 tonnes alors que les projections portent sur une quantité exportable de 45 000 tonnes chaque année. Pour gagner ce pari, il faudra mobiliser des investissements conséquents pour redynamiser l’ensemble de la chaine de valeur. Malgré les tentatives de nationalisation de la filière café, les défis demeurent nombreux. Les milieux bien informés évoquent notamment le désintéressement de la population, le faible encadrement des producteurs, les opérateurs privés qui s’enrichissent sur le dos des producteurs.
  • Journal n° 606

  • Dossiers Pédagogiques