La coopération sino-burundaise de plus en plus renforcée

Dans un entretien exclusif accordé à la rédaction du journal Burundi Eco, l’ambassadeur de la République Populaire de Chine au Burundi se dit satisfait de la coopération entre les deux pays. Elle revient sur les grands axes de coopération dans le domaine de la santé, des infrastructures socio-économiques et les résultats probants dans le secteur agricole.

Mme Zhao Jiangping, ambassadeur de la République Populaire de Chine au Burundi : « La partie chinoise espère continuer à accompagner la partie burundaise dans l’amélioration de la sécurité alimentaire ».

« Les relations d’amitié sino-burundaises sont caractérisées par une confiance politique mutuelle approfondie et un soutien ferme dans les affaires internationales sur des problèmes qui touchent aux intérêts vitaux et aux préoccupations majeures de part et d’autre », indique Mme Zhao Jiangping, ambassadeur de la République Populaire de Chine au Burundi.

Cette confiance politique mutuelle constitue un atout pour élargir une coopération gagnant-gagnant dans divers domaines. Le domaine des infrastructures socio-économiques rime avec l’initiative « la ceinture et la route» lancée en 2013 par le Président chinois XI Jinping. Ainsi, le Burundi a signé un accord de coopération avec la Chine pour participer à cette initiative comme 52 pays africains.

Un transfert de la technologie

Pour réduire le déficit énergétique, la Chine vient d’achever une centrale hydroélectrique de 15 MW. Cette infrastructure érigée sur la rivière Ruzibazi a été inaugurée en septembre 2022. « Pour le moment, une équipe technique a été dépêchée pour garantir efficacement le fonctionnement et la maintenance des trois centrales hydroélectriques, à savoir : la centrale de Mugere, la centrale de Ruvyironza et la centrale de Gikonge. Les experts chinois travaillent en partenariat avec des techniciens burundais qui, à leur tour, pourront assurer la maintenance de ce genre d’infrastructures », détaille Mme Zhao Jiangping.

Inauguration de la centrale hydroélectrique d’une capacité de 15 MW construite sur financement de la Chine (Septembre 2022)    (Photo : Ntare house).

Pour le projet de déviation de la route nationale N^o 1, la Chine vient de finaliser l’appel d’offre de ce projet. L’entreprise chinoise sélectionnée va commencer les préparatifs pour entamer les travaux vers le troisième trimestre de cette année. Concernant le projet de réhabilitation et d’extension de l’aéroport international de Melchior Ndadaye, les deux parties ont fixé ce projet par un échange de lettres en février 2022. L’entreprise chinoise de gestion va envoyer des experts à Bujumbura en mai prochain. « Les travaux porteront sur la rénovation de la piste et des aires de stationnement, la construction d’une tour de contrôle et d’administration, la fourniture des équipements de contrôle aérien, de communication et de météorologie », fait savoir Mme Zhao Jiangping.

Une vision partagée sur la sécurité alimentaire

Par rapport aux programmes à mettre en place pour améliorer la sécurité alimentaire, les deux Chefs d’Etat partagent la même vision. Le Président chinois XI Jinping a souligné qu’un pays comme la Chine doit « assurer au peuple son bol de riz quotidien ». Tout comme ce que le Président Ndayishimiye a indiqué : il faut que « chaque bouche ait à manger ».

Pour partager les expériences et soutenir les efforts du gouvernement burundais visant l’autosuffisance alimentaire, la Chine a dépêché depuis 2009 au total 45 agronomes au Burundi au cours de cinq missions de coopération consécutives.

Pratique des techniques agricoles modernes

La 5^ème mission de coopération technique (de mars 2021 à mars 2023) a obtenu des succès encourageant. La Chine apporte son expertise au niveau de la recherche pour multiplier les semences sélectionnées. Les agronomes chinois ont déjà sélectionné les 13 variétés de riz hybride dont 7 ont été homologuées par des services compétents du Burundi.

Visite du chef de l’Etat effectuée au Centre au centre de démonstrations des techniques agricoles de Gihanga appuyés par l’ambassade de Chine au Burundi (19 août 2021)

En outre, le centre pilote agricole Gihanga a distribué en juillet 2022 à 11 coopératives de 5 provinces 13 tonnes de semences CIBUC0 1, une variété performante et résistante contre la pyriculariose qui sévit dans des régions montagneuses, se réjouit Mme Zhao Jiangping.

Des villages de démonstration au micro-crédit agricole

La Chine met à contribution son expertise dans le financement agricole via une approche purement communautaire. Le centre offre aux agriculteurs les semences et les engrais, les accompagne durant toute la saison. Après la récolte, les agriculteurs mettent de l’argent sur un compte spécial pour l’achat ultérieur d’intrants. « Les experts chinois ont combiné la sécurité alimentaire avec la tâche d’aider la population rurale à se débarrasser de la pauvreté en créant un fonds d’investissement productif pour développer la culture du riz hybride dans le village de Buringa 4 en commune de Gihanga », explique l’ambassadeur de la République Populaire de Chine au Burundi.

Ce modèle a été vulgarisé dans 22 villages de démonstration de 14 provinces. Et jusqu’en mars 2023, la superficie affectée à la riziculture dans les villages de démonstration a atteint 4 000 hectares. Le rendement de ces champs a augmenté à hauteur de 15 000 tonnes et le revenu des riziculteurs a connu une augmentation de 7,5 millions USD.

Une dizaine de jeunes formés en techniques agricoles

Pour pérenniser les acquis, les experts chinois ont organisé des formations techniques pour 3 050 personnes et 48 jeunes ont bénéficié d’une formation professionnelle globale de 18 mois. Ils assurent actuellement la fonction de moniteurs agricoles dans 22 villages de démonstration du pays. La 6^ème mission de coopération comptera 10 agronomes chinois. Elle va mettre l’accent sur les expérimentations, les démonstrations dans les domaines du riz, du maïs et des champignons comestibles, de l’élevage de la volaille, de l’aquaculture et de la recherche sur la production locale des semences de riz hybride. « La partie chinoise espère continuer à accompagner la partie burundaise dans l’amélioration de la sécurité alimentaire », annonce-t-elle.

Des médecins chinois au chevet des populations

Au moment où le Burundi fait face au départ massif des médecins vers d’autres pays, Mme Jiangping parle de la mobilité de main d’œuvre qui tend à se généraliser à l’échelle mondiale. Des médecins canadiens, australiens migrent vers les Etats-Unis ou rejoignent l’Europe, commente-t-elle.

Toutefois, cela n’empêche pas la Chine d’apporter sa contribution dans le renforcement du système sanitaire Burundais. « Depuis 1987, la province chinoise de Qinghai a envoyé 21 missions médicales avec un total de 459 personnes. Maintenant, 29 médecins chinois travaillent dans 3 hôpitaux burundais en fournissant des soins médicaux gratuits à la population locale », révèle Mme Zhao Jiangping.

Le jumelage des hôpitaux pour améliorer la santé des populations  

Pour mettre en place « une communauté de santé pour l’humanité » lancée par le Président Xi Jinping et pour renforcer les capacités de soins de santé du Burundi, un système de jumelage a été établi entre l’hôpital de Gitega et l’hôpital de Qinghai. A partir de 2022, des formations en ligne et en pratique ont été organisées afin de réduire la mortalité maternelle, néonatale et infanto-juvénile. Ce modèle de coopération a permis de renforcer les capacités du personnel médical local et d’améliorer la qualité des soins de santé dans le pays.

En outre, la Chine a offert des bourses d’études aux étudiants burundais pour qu’ils puissent étudier la médecine en Chine, acquérir des compétences médicales et ensuite retourner au bercail pour servir leur pays. Dans cette logique d’appuyer le secteur éducatif, la Chine a offert un don de 3 écoles fondamentales, un institut supérieur (l’Ecole Normale Supérieure), et un centre de formation professionnelle à Kigobe. En plus des bourses d’études, la Chine compte organiser des séminaires bilatéraux et multilatéraux pour renforcer les capacités des ressources humaines. « 40 étudiants de l’Université du Burundi issus de familles démunies vont bénéficier des frais académiques dans le cadre du « prix de l’ambassadeur chinois » qui sera lancé prochainement », assure Mme Zhao Jiangping.