Le lac Tanganyika, une menace perpétuelle ?

Les eaux du lac Tanganyika reculent progressivement. L’évaporation due aux rayons solaires fait baisser le niveau des eaux du lac Tanganyika. Ce dernier se calme après une montée constante de ses eaux observée ces trois derniers mois. Les vagues ont gagné le littoral, causant des dégâts matériels à leurs passages.

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication

L’impact socio-économique de la montée des eaux du lac est énorme. Des infrastructures socio-économiques telles que les routes, les espaces de loisirs et les habitations riveraines ont été fortement touchées. Pire encore, ce désastre écologique a provoqué le déplacement des populations dans les régions côtières telles que la ville de Bujumbura, le centre urbain de Rumonge et la zone Gatumba. Le bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA en sigle) dénombre plus de 40 080 personnes (8 016 ménages) qui ont été déplacées en avril et mai dans les provinces côtières à cause des inondations. Les exploitants des plages étaient dans le désarroi total. Actuellement, l’activité économique reprend timidement, car une grande partie des plages était submergée.

Pour ce qui est des causes de la montée des eaux du lac Tanganyika, les experts avancent l’hypothèse des changements climatiques. Les fortes précipitations enregistrées au niveau des bassins versants du lac Tanganyika sont à l’origine des crues des affluents du lac. Ce phénomène est accéléré par la surexploitation des ressources naturelles qui provoque l’érosion du sol. L’autre argument est que l’exutoire-la rivière Lukuga-ne peut pas évacuer une bonne partie des eaux du lac. Les riverains ne devraient pas baisser la garde, car il s’agit tout juste d’une accalmie. Aussitôt que la saison pluvieuse commence, l’eau va remonter.

Il importe de signaler que le lac Tanganyika n’a pas encore atteint le niveau le plus élevé enregistré en 1964, soit 777,07 m.  Mais on évolue vers là. En mai 2020, le niveau du lac était à 776 m. En avril 2021, l’échelle placée au quai de débarquement des bateaux du port de Bujumbura pointait à 776,46 m. Pour le moment, le niveau des eaux du lac baisse jusqu’à 776,35 m, soit une régression de 10 cm. Il s’agit d’un phénomène cyclique. Donc les habitants ne devraient pas pour autant croire qu’ils sont à l’abri du danger. Au lieu de jubiler, il est temps s’il n’est pas trop tard de réfléchir sur des solutions durables applicables à ce phénomène y compris la délocalisation des populations les zones potentiellement inondables.

Une étude de simulation réalisée en 2014 montre que si le niveau des eaux du lac venait à monter de 6 m, les infrastructures socio-économiques et les ménages seraient fortement affectés. L’avenue du Large, le port de Bujumbura, le Musée Vivant de Bujumbura, une partie du quartier asiatique, la Brarudi, l’entrepôt de carburant; bref toutes les infrastructures érigées le long de la chaussée d’Uvira seraient complètement sous l’eau. On estime que plus de 5000 ménages seraient touchés.