Elevage

Le Burundi menacé pour la première fois par la fièvre de la vallée du Rift

Le Burundi est pour la première fois confrontée à la fièvre de la vallée du Rift. Une centaine de décès des animaux domestiques est déjà signalée. Parmi les mesures prises, le ministère en charge de l’élevage empêche la mobilité et l’abattage des animaux domestiques dans les zones déjà affectées. Il demande aussi la pulvérisation de ces animaux pour freiner la propagation de cette maladie    

Le ministère en charge de l’élevage informe la population qu’il s’observe depuis quelques jours une peste dénommée  fièvre de la vallée du Rift.  Selon Serges Nkurunziza, directeur général de l’élevage au ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage, cette maladie attaque les bovins, les ovins et les caprins.  Et plus de 100 bovins sont déjà décédés suite à cette maladie selon les propos relayés par nos confrères de la RTNB. Et parce qu’elle attaque même les hommes, Nkurunziza invite les techniciens de santé animale à prendre toutes les mesures possibles pour combattre ce fléau. A titre illustratif, il faut commencer la pulvérisation de tous les animaux domestiques.  De plus, il demande aux éleveurs d’appeler  les techniciens de santé animale chaque fois  qu’il y a des animaux qui présentent les symptômes de cette maladie.  Et d’ajouter qu’il faut empêcher la commercialisation, la mobilité et l’abattage des animaux domestiques dans les zones où cette maladie a été déjà identifiée.  Ces zones sont entre autres les provinces de Gitega, Ngozi, Kirundo, Muyinga, Cibitoke,etc.  

La fièvre de la vallée du Rift se manifeste comme une fièvre souvent hémorragique chez l’animal et parfois (1 à 3 % des cas) chez l’homme.

Comment se fait la transmission ?

 La fièvre de la vallée du Rift se manifeste comme une fièvre souvent hémorragique chez l’animal et parfois (1 à 3% des cas) chez l’homme. Chez l’animal, la maladie se transmet par piqûres de moustiques.  Chez l’homme, le principal mode de transmission est l’exposition à un animal infecté ou à un produit animal contaminé. Dans une moindre mesure, la transmission peut se faire aussi par moustiques, de divers genres selon la région. L’extension de la maladie est liée à des facteurs climatiques et environnementaux induits par les activités anthropiques. Une première description probable de la maladie a été faite en 1913 dans la vallée du Rift au Kenya chez les moutons laineux importés. 

Quid de l’origine de la maladie ?

La fièvre de la vallée du Rift (FVR) est décrite en 1931 avec plus de précisions dans la même région près du lac Naivasha. Le virus est isolé en 1934. La maladie touche les ruminants domestiques, en particulier les petits ruminants, jeunes comme  femelles. Maladie aiguë et souvent mortelle, elle procède par épizooties périodiques, survenant lors des saisons de pluies intenses et prolongées. Les premiers cas humains sont signalés en 1951 en Afrique du Sud chez des sujets au contact d’animaux morts ou infectés par la maladie. L’infection humaine est considérée jusqu’en 1977 comme rare, occasionnelle et sans gravité particulière. Un seul décès avait été enregistré en 1975. En Egypte, durant les années 1977 et 1978, la FVR devient un problème de santé publique avec des épizooties massives accompagnées d’une épidémie humaine de 18 000 à 40 000 cas et 600 décès. Il s’étend en Afrique subsaharienne jusqu’en Mauritanie où en 1987, mille deux cent cas dont 224 décès ont été enregistrés.  Au Kenya en 1998, le virus a entraîné le décès de plus de 400 Kenyans. En l’an 2000, le virus s’étend hors de l’Afrique, dans la péninsule arabique, en Arabie saoudite et au Yémen .

Qu’en est-il des symptômes ?

La maladie touche surtout les petits ruminants (moutons, chèvres…), mais de nombreuses espèces d’animaux domestiques peuvent être atteints : bovins, dromadaires, chevaux… Les épizooties débutantes se manifestent habituellement par une vague d’avortement inexpliqués. Le taux d’avortement est pratiquement de 100% chez les brebis  et est relativement réduit jusqu’à 85% chez les vaches. 

Le virus FVR cible surtout les cellules du foie et de la rate, entraînant des hémorragies digestives (le foie produisant les facteurs de coagulation). Chez les sujets les plus jeunes (agneaux, veaux…), une hépatite suraigüe fébrile avec hémorragies massives entraîne rapidement la mort. Chez les animaux adultes, la maladie est relativement moins grave avec fièvre, jaunisse, hémorragie nasale ou intestinale, mais avec une mortalité de 5 à 20% pour le gros bétail et de 30 à 50% pour les chèvres et moutons. L’incubation varie de 2 à 6 jours. Près de 50% des personnes infectées ne présentent pas de symptômes et près de 50% ont une forme modérée de FVR de type grippal ou pseudo-dengue, dengue-like.  1 à 4% des patients évoluent vers des formes graves, compliquées.  Les personnes qui guérissent de la FVR en gardent une immunité naturelle. Habituellement, les victimes ne présentent pas de symptômes (forme asymptomatique ou silencieuse). La maladie se manifeste aussi par un début brutal mais modéré, de type pseudo-grippal (fièvre douloureuse avec maux de tête, myalgies… et des anomalies hépatiques). 

Il peut en outre exister une évolution en 2 phases ou courbe de température en « V » : 2 ou 3 jours de fièvre, 1 ou 2 jours de rémission, 2 ou 3 jours de rechute. Cette forme n’est ni grave, ni mortelle. En règle générale, les patients entrent en convalescence 2 à 7 jours après le début de la maladie, mais cette convalescence peut être longue avec une fatigue de plusieurs semaines.  Outre l’atteinte du foie (troubles hémorragiques), le virus FVR peut aussi cibler le système nerveux central. Dans une faible proportion de cas, une forme commune peut évoluer vers une forme d’une ou plusieurs des complications suivantes : atteinte oculaire, hémorragique, et neurologique. Selon la gravité des foyers épidémiques, 1 à 3% des êtres humains victimes de la maladie en meurent. 

Notons que selon Nkurunziza la fièvre de la vallée du Rift se présente pour la première fois au Burundi.

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A propos de l'auteur

Jean Marie Vianney Niyongabo.

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