Editorial

Le tourisme en berne

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication

La célébration de la journée internationale du tourisme constitue une occasion pour jeter un regard rétrospectif sur les avancées enregistrées dans le secteur touristique. Ce secteur est un domaine très sensible qui mérite une attention particulière. La promotion d’une image positive du pays et la mise en place des stratégies pour vendre la beauté splendide de notre chère patrie sont indispensables.

Le Burundi dispose d’énormes potentialités pour accroître les recettes touristiques. Il possède un bon paysage, un climat favorable (pas de canicule, ni de saison hivernale) et de nombreux de sites touristiques dont le lac Tanganyika et les réserves naturelles. Ceux qui ont déjà visité le pays témoignent de l’hospitalité légendaire des Burundais et d’un café avec un goût et un arôme hors du commun.  Malgré ces atouts, le pays peine encore à tirer profit de sa biodiversité. Les lieux touristiques ne sont pas bien aménagés et entretenus. Sur 123 sites déjà identifiés, seuls 7 sites sont supposés aménager. Là encore, toutes les conditions ne sont pas réunies pour offrir un bon séjour aux touristes.

Le musée vivant de Bujumbura qui devrait être le reflet de la richesse artistique, culturelle et animalière du Burundi se transforme peu à peu en une véritable jungle urbaine. L’entretien des locaux et la prise en charge des animaux laissent à désirer. En septembre dernier, une dizaine de reptiles ont été transférés dans le parc national de la Rusizi faute de moyens pour leur prise en charge.  Ce parc est également menacé par les activités anthropiques. Le repeuplement animalier de cette zone protégée est d’une importance capitale. En ce sens, il faudra importer d’autres espèces d’animaux tels que les éléphants, les girafes, les rhinocéros, les zèbres, les léopards, etc. pour compléter la faune de cette aire protégée.

Le parc de la Ruvubu qui s’étend sur une superficie de 50 800 ha n’a rien de comparable avec les aires protégées de la sous-région comme le célèbre Serengeti National Park ou Ngorongoro parc en Tanzanie. En 2016, le Kilimandjaro a eu le prix du lieu touristique le plus attractif d’Afrique. Pourquoi le mont Heha qui culmine à 2 684 m d’altitude ne peut pas attirer autant de touristes ?

Le pays est en compétition avec les géants de la sous-région dont le Kenya et la Tanzanie qui engrangent des milliards de dollars chaque année. Ils disposent des infrastructures touristiques développées et ont déjà ancrée dans leurs politiques l’attractivité du secteur touristique.

Le gouvernement et ses partenaires se mobilisent pour valoriser les sites touristiques. Des eaux thermales ont été aménagés à Mugara en province de Rumonge. Aux chutes de Karera situées  en zone Shanga, commune Musongati, province de Rutana, il a été construit des passerelles et des garde-fous.  La liste des actions déjà mené n’est pas exhaustive mais nous sommes loin de l’objectif de contribuer de 20% au PIB du pays.

Les ressources humaines qualifiées manquent cruellement. Dans le secteur des hôtels, les encadrements pour former leurs employés ne suffisent pas. Il faut développer des stratégies commerciales et mettre en place des guides touristiques dignes de leur nom. Le problème criant de l’insuffisance du budget alloué à l’office national du tourisme handicape le secteur.

Des études approfondies sur ce secteur feraient qu’il occupe une grande place dans le développement de l’économie du pays. Le secteur touristique réunit trois professions, à savoir : les hôteliers, les transporteurs et les tours opérateurs qui travaillent avec les guides touristiques. Pour que le tourisme soit rentable, il faut que les lieux touristiques soient accessibles aux touristes. Et pour cela, il faut qu’il y ait des routes praticables. Il faut aussi que l’Etat cherche des investisseurs intéressés par ce secteur dans le cadre du partenariat public-privé. L’Etat a également la responsabilité d’assainir ces lieux touristiques à l’aide des installations de base (adduction d’eau, raccordement au réseau électrique, ….).

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Benjamin Kuriyo.

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