Genre

L’éducation sexuelle, un antidote aux grossesses non désirées

Les programmes d’éducation sexuelle des jeunes et des adolescents sont loin de faire l’unanimité. Les détracteurs taxent ce genre d’initiatives de catalyseur de la délinquance juvénile alors qu’en réalité l’éducation sexuelle est indispensable pour outiller les jeunes en techniques de prévention des ISTs et de réduction des grossesses non désirées.

L’éducation sexuelle des jeunes et des adolescents se heurte à des obstacles imputables aux coutumes et mœurs. (Photo : Ndakira).

En général, les auteurs des grossesses en milieu scolaire profitent de la situation socio-économique de la jeune fille. Les prédateurs du sexe ciblent souvent les proies faciles (les jeunes élèves, les orphelines ou les filles issues des familles défavorisées.   D’une simple amitié, la situation évolue avec les échanges de petits cadeaux, les appuis à la scolarité. Au finish, la fille se retrouve à la maternité en plein travail.

D’après, une étude de l’UNFPA, les autres causes des grossesses non désirées sont la naïveté, la légèreté, le jeune âge des filles qui se laissent influencer ou abuser. C’est le cas des garçons qui demandent à leurs copines de leur prouver leur amour en ayant des rapports sexuels. Les filles tombent dans le piège avec toutes les conséquences que cela comporte. « La vie de l’élève/écolière mère change le jour où elles apprennent qu’elles sont enceintes. Les victimes vivent dans un stress permanent. Elles sont chassées de l’école et parfois de la maison. Pire encore, elles deviennent objet de moquerie dans la société », apprend-on de l’étude. Après la grossesse, ces mères célibataires mal préparées pour exercer la fonction de parent sont laissées à elles-mêmes. Elles sont considérées à tort comme des femmes et non comme des enfants peu importe leur âge.

Les coutumes et mœurs, un prétexte

L’éducation sexuelle des jeunes et des adolescents se heurte à des obstacles imputables aux coutumes et mœurs léguées par la tradition. Les parents tendent à promouvoir l’abstinence chez les jeunes adolescents. Ils insistent sur le fait que les jeunes filles ne devraient pas avoir des rapports sexuels avant leur mariage. Malheureusement, force est de constater qu’en pratique, la sexualité avant le mariage devient monnaie courante surtout chez les adolescents. Ce qui expose particulièrement les jeunes filles à tous les dangers. Le manque d’information et les attentes sociales en matière d’éducation sexuelle engendrent souvent des expériences négatives. D’où les mœurs burundaises freinent l’éducation sexuelle des adolescents. Celles-ci font de la sexualité un sujet tabou.

Dans le temps, l’éducation sexuelle se faisait de génération en génération via la transmission des normes sociales. Dans la tradition burundaise, chaque enfant est éduqué à l’image du parent de même sexe. La mère est en grande partie responsable de l’éducation sexuelle de la fille et le père est responsable de celle du fils. Parfois, la timidité des conversations entre les parents et les adolescents autour de la sexualité appelle l’intervention des autres membres de la famille au sens large pour assurer ce rôle d’éducateur. Ainsi, la jeune fille allait à l’école de sa tante et le garçon chez son oncle qui leur donneraient des conseils sur le mariage, la vie de famille et les relations amoureuses. Cela n’a plus de place dans la société moderne caractérisée par la recrudescence des cas d’incestes, de viols, de polygamie, de pédophilie, etc. Bref, les jeunes manquent souvent de référence et adoptent des comportements à la va-tout.

Des cliniques amis des jeunes décriés

Des voix s’élèvent contre le programme de mise en place des centres de santé amis des jeunes. Les détracteurs de ce programme arguent que cela va à l’encontre de la culture rundi. Il violerait en quelque sorte nos coutumes et mœurs. D’autres affirment que ce genre de programme prépare les jeunes à une gestion responsable de leur sexualité en évitant les grossesses non désirées et les ISTs.

L’éducation sexuelle des jeunes et des adolescents contribue à la réduction des grossesses non désirées en milieu scolaire, confie un prestataire de soins sous couvert d’anonymat.  Notre interlocuteur affirme que si les jeunes ne sont pas informés sur les changements de leur corps durant la puberté et les risques y relatifs, cela a des conséquences sur l’attitude à adopter.  Pour une fille elle doit apprendre comment gérer ses menstruations et surtout les précautions à prendre durant cette période.

Risque de désinformation sur la sexualité

Si les adolescents ne sont pas bien informés, il y a risque de désinformation.  Une source médicale révèle qu’un jeune adolescent ignorait qu’il a atteint l’âge de la maturité sexuelle. Il était toujours en érection et il a approché son ami qui lui a expliqué que c’est un signe qu’il a grandi et que c’est en couchant avec une fille qu’il peut se soulager.   Cela démontre à quel point les jeunes sont désorientés durant cette période cruciale de la vie.

En raison du manque de communication sur la sexualité, les adolescents vont se renseigner ailleurs. Les jeunes filles s’éduquent par le biais d’Internet et de leurs camarades de classe. Ils consultent des sites, des forums de discussions ou des pages dévouées à la sexualité.  Et ce qui est inquiétant, ils ont tendance à imiter ce qu’ils ont visualisé sur les sites pornographiques.  Vous vous souviendrez des vidéos des filles en plein ébats sexuels qui ont fait le tour des réseaux sociaux.  Cela a affecté la psychologie des enfants, surtout que la plupart des parents ont du mal à engager un dialogue franc avec leurs enfants sur la sexualité.

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A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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