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L’IFC au chevet du secteur privé burundais

En marge du Forum National sur le secteur privé, le représentant régional de la Société Financière Internationale s’est entretenu avec la rédaction du journal Burundi Eco. Malick Fall revient le sur les interventions de l’IFC, les priorités pour le Burundi et son engagement pour promouvoir le secteur privé

M. Malick Fall, représentant régional de la SFI : « Dans le but d’assurer la sécurité alimentaire, il faut accroître nos efforts pour développer l’agriculture et réduire cette dépendance par rapport aux marchés extérieurs ».

 

La société financière internationale (IFC) est une des cinq entités de la Banque Mondiale. « Elle a pour objectif de promouvoir le secteur privé à travers le financement des projets et l’accompagnement des structures étatiques dans la mise en place des réformes.», fait savoir M. Malick Fall, représentant régional de la Société Financière Internationale (SFI) pour le Burundi, la République du Congo et la République Démocratique du Congo (RDC).

L’IFC a un double rôle.  Elle finance directement ou indirectement les projets à travers les institutions financières locales (les banques les IMFs ou encore les fonds d’investissement). En outre, elle apporte son assistance technique pour identifier les défis du développement du secteur privé. « Nous pouvons accompagner le gouvernement dans l’opérationnalisation des réformes en renforçant son arsenal juridique et s’assurer  que  ces dernières produisent les résultats escomptés sur terrain », dixit Malick.

Une intervention taillée sur mesure

Comme les trois pays susmentionnés n’ont pas sur le même rythme de développement, Malick dévoile l’approche de l’IFC. « Certes ces pays n’évoluent pas au même rythme, mais ils présentent  des similarités. Ils  ont besoin d’investir dans les énergies renouvelables, dans les infrastructures télécoms, dans le secteur agricole, etc. Nous ne pouvons pas appliquer la même stratégie pour  tout le monde. Ça ne marchera pas »,

Ainsi, l’IFC essaie d’établir un diagnostic de chaque pays  pour comprendre quelles sont ses potentialités, quelles sont ses contraintes. A partir de ces contraintes on établit des programmes pour pouvoir mettre en œuvre des réformes quitte à lever ces contraintes et, partant, accroître l’investissement privé. Pour le cas du Burundi, l’IFC vient de publier les  résultats d’une étude diagnostique du secteur privé. Les interventions de l’IFC vont se concentrer sur le secteur financier, l’agriculture, les mines et le tourisme qui regorge d’énormes potentialités au Burundi. En outre, nous allons  discuter des réformes avec le gouvernement, le secteur privé, les partenaires au développement pour s’accorder sur un programme de réformes qui permettra de lever plus d’investissements pour le secteur privé afin de faire de ce potentiel des réalisations concrètes, conclut-il.

Le Mali, un cas d’école pour le Burundi ?

L’actuel représentant régional de l’IFC a travaillé dans des États fragiles et en proie aux conflits, en l’occurrence le Mali.  Notre interlocuteur certifie que le secteur privé peut avoir un rôle important dans la stabilisation des pays à travers la  création des emplois, la distribution des revenus, etc. « Je pense que mon expérience au Mali pourrait servir au Burundi parce que j’ai travaillé essentiellement dans les projets du secteur agricole. Et nous savons les potentialités dont dispose le Burundi dans ce secteur. Nous avons travaillé sur l’émergence de certaines chaines de valeur. Grâce à notre intervention, les investisseurs privés ont pu investir dans les unités de transformation pour répondre au marché d’exportation. J’espère dupliquer la même approche au Burundi pour les mêmes résultats.

Quand les crises deviennent des opportunités

Les pays de la sous-région comme le reste du monde subissent de plein fouet les effets de la crise russo-ukrainienne. Ce qui exacerbe les fragilités économiques. Les interventions de l’IFC ciblent également les défis liés à la conjoncture économique extérieure. « Dans le but  d’assurer la sécurité alimentaire, il faut accroître nos efforts pour développer l’agriculture et réduire cette dépendance par rapport aux marchés extérieurs.  A titre d’exemple, on a mis en place une facilité de 6 milliards USD `au niveau de l’IFC pour accélérer et accroître nos interventions en matière de sécurité alimentaire dans les pays qui en ont besoin», fait remarquer M. Malick. Pour lui,  toutes les crises sont en même temps des opportunités.

Au Burundi, une grande partie de la population vit de l’agriculture, mais c’est un secteur qui connait un certain nombre de défis : sa productivité est encore faible, sa valeur ajoutée est aussi faible. Ainsi, « nous  collaborer avec les différents acteurs  pour redynamiser l’agriculture burundaise. Il faut des investissements en termes d’équipements, d’encadrement des producteurs…  Nous avons déjà identifié des potentialités dans les cultures de rentes, à savoir : le coton, le thé, le café, etc) ». Il s’agira de développer les  chaînes de valeurs de la production à la commercialisation des produits en passant par la transformation et la conservation. Ce qui permettra au pays non seulement de nourrir sa population, mais également de répondre aux besoins du marché d’export pour gagner suffisamment de devises et renforcer son économie.

L’écologie au cœur des interventions de l’IFC 

Le changement climatique est un enjeu mondial. La Banque Mondiale et l’IFC sont fortement engagées à promouvoir le développement dans le strict respect des équilibres écologiques.  « Nous investissons massivement dans les énergies renouvelables. Un pays comme le Burundi avec un potentiel hydraulique et solaire qu’on lui connait peut pleinement profiter de ces nouvelles technologies pour doper son offre électrique », insiste M. Malick.

L’IFC dispose de programmes notamment dans le secteur agricole pour promouvoir des techniques agricoles qui préservent l’eau, les éléments nutritifs « climate smart ». Dans le secteur de la construction, l’IFC prône le  « green building » faisant référence à la construction des bâtiments avec moins de ressources. Bref, tous les projets au niveau l’IFC se réalisent sur base d’une étude d’impact environnemental.

Par rapport au climat des affaires, Malik salue les efforts du gouvernement pour assainir le climat des affaires. Par contre, les défis restent encore assez importants. L’IFC et la Banque Mondiale restent disposées à accompagner les efforts du gouvernement pour améliorer le climat des affaires

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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Des initiatives à faible portée

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Malgré les multiples signaux de relance économique, la crise économique perdure. Le pays n’a pas assez de devises pour couvrir ses importations. Par effet de contagion, les produits importés plongent le pays dans une spirale inflationniste. La dépréciation continue du FBu retarde l’impact des réformes macroéconomiques entreprises. L’inflation affiche une tendance baissière depuis le début de l’année. Le taux d’inflation aurait diminué de 5 points passant de 17,2% à 12% entre janvier et avril 2024, selon les données officielles. Cependant, cette baisse n’est pas ressentie chez les consommateurs qui assistent à la flambée des prix des denrées alimentaires.

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