Santé

Petit à petit, la mutualité communautaire de santé fait son nid

Les bénéficiaires de la mutualité communautaire de santé reconnaissent son efficacité surtout en ce qui est de l’intermutualité, une des réformes initiées par PAMUSAB afin de tendre vers la couverture de santé universelle. Toutefois, les bénéficiaires déplorent que les structures sanitaires ne s’approprient pas la mutuelle communautaire de santé

Yvette Nsengiyumva, bénéficiaire de la MUNASA : « si je n’étais pas membre de la Mutuelle Nationale de Santé (MUNASA)-Twitwararikane, je ne serais pas parvenue à me faire payer la facture après les soins d’un accident mortel de roulage ».

« Avant que je ne sois membre d’une mutuelle communautaire de santé, je vendais une chèvre ou un mouton pour me faire soigner. Mais avec la mutuelle communautaire de santé, je paie des pourcentages. Ce qui est meilleur, avec la venue de la PAMUSAB, je peux me faire soigner n’importe où l’acteur membre de la plateforme intervient. Les frais des facteurs se remboursent par compensation », indique Salvator Nyandwi, président d’Unissons les Forces pour la Coopération et le Développement, Appui au Monde Rural (UCODE-AMR) en commune Ngozi.

Omer Ntirandekura, président de l’UCODE-AMER fait remarquer qu’une fois sa femme est tombée malade. Comme il était membre d’une mutuelle communautaire de santé, au lieu de payer une facture de 2 millions de FBu, il a dû payer 200 mille FBu. La somme restante a été payée par la mutuelle. Et de renchérir : « Cette situation s’est passée deux fois. La même somme a été payée l’année suivante. Imaginez-vous au lieu de payer 4 millions de FBu, j’ai payé 400 mille FBu ».

Pour M.Ntirandekura, faire partie d’une mutuelle communautaire de santé est d’une grande importance. « On peut se faire soigner dans une structure sanitaire publique ou privée, contrairement à la situation où on est détenteur d’une Carte d’Assistance Médicale (CAM), la carte de la Mutuelle de la Fonction Publique (MFP) ou la carte d’une assurance. Là, on est obligé de se faire soigner dans une structure sanitaire soit publique, soit privée », explique-t-il.

MUNASA, les membres dans la cadence

Yvette Nsengiyumva de la colline Muyogoro, commune Ndava dans la province de Mwaro précise qu’elle a qu’elle a été victime d’un accident mortel de roulage et s’est retrouvée dans un hôpital privé dans la province de Gitega.

La trentenaire et mère de 3 enfants témoigne que si elle n’était pas membre de la Mutuelle Nationale de Santé (MUNASA)-Twitwararikane, elle ne serait pas parvenue à se faire payer la facture des soins. Celle-ci était de 324 mille FBu. « Mais j’ai dû payé 162 mille FBu », se réjouit-elle.

Les membres de la mutuelle communautaire de santé incompris par les structures sanitaires

« Nous avons compris que nous ne sommes pas une charge pour le gouvernement. C’est pourquoi nous adhérons aux mutuelles communautaires de santé. Cela afin que les membres de ces mutuelles se fassent soigner entre eux-mêmes », signale Dieudonné Habonimana, trentenaire, père d’un enfant et originaire de la colline Rabiro, commune Mutumba, province de Karusi.

Bénéficiaire de la MUNASA, il déplore que lorsque les bénéficiaires de la mutuelle communautaire de santé tombent malades, les agents des structures sanitaires les accueillent en dernière position. Abondant dans le même sens, Jean Claude Mupenzi, trentenaire et père de 2 enfants habitant la colline Butare, commune Kiremba de la province de Ngozi regrette que les pourcentages sur les factures sont souvent mal calculés.

Un long chemin à faire

Bien que les gens adhèrent progressivement à la mutuelle communautaire de santé, le taux de pénétration reste toujours faible.

Diane Ndagijimana, cheffe du projet « Amagara aruta amajana » au sein de l’UCODE-AMR déclare que de 2017 à 2023, 11 014 ménages ont été assurés à l’UCODE-AMR, soit 55 787 bénéficiaires et 59 190 cas ont été traités. La valeur des factures payées est estimée à 192 millions de FBu. « Les ménages assurés en 2024 sont au nombre de 2 147 tandis que ceux-ci étaient au nombre de 1 052 en 2023 », signale Mme Ndagijimana.

Idesbald Nsabimana, administrateur délégué national de la MUNASA, précise que 5 924 ménages assurés, soit 30 255 bénéficiaires ont adhéré à la MUNASA en 2014. En 2024, la MUNASA a assuré 21 683 ménages, soit 96 265 bénéficiaires.

Selon M.Nsabimana, ces ménages assurés sont toujours faibles. Il s’inquiète que les individus ne comprennent pas l’utilité de la mutualité lorsqu’ils tombent malade. Pourtant, lorsque c’est une assurance automobile, les propriétaires des véhicules la paie sans hésiter.

Et de demander que l’adhésion à la mutuelle communautaire de santé soit une exigence du gouvernement pour arriver à la couverture universelle de santé.

UCODE-AMR et MUNASA sont deux organisations parmi cinq qui forment la PAMUSAB. Les autres sont : Appui au Développement Intégral et à la Solidarité sur les Collines (ADISCO), la FVS-AMADE Burundi et la Memisa Belgique.

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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Un commentaire
  • Ntagarariza Joël dit :

    Quand on est mutualiste on est vraiment assuré et on retrouve la cohésion sociale quand on remarque qu’on a eu la chance de ne pas tomber malade mais que sa cotisation à aidé pour soigner le voisinage. Je suis mutualiste depuis plus de dix ans et je n’ai pas encore présenté la carte à aucune formation sanitaire mais je cotise régulièrement pour contribuer à l’amélioration de la santé de la population.

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