Un léger mieux s’observe ces derniers jours dans la commercialisation de certains produits essentiels, notamment le carburant et le sucre. Les prix des ciments, quant à eux, continuent à s’envoler. L’Olucome propose la mise en place permanente d’experts qui aident à formuler des hypothèses et à proposer des solutions pour faire face aux pénuries des produits essentiels
Après plus de 5 mois de galère pour les automobilistes et de lourdes conséquences sur la vie du pays, la pénurie du carburant ne fait plus parler d’elle depuis quelques jours au Burundi. Les files indiennes des véhicules qui passaient des jours garés près des stations-services ne sont plus visibles. Le carburant coule dans les pompes comme jadis. Les bousculades des automobilistes qui se battaient pour avoir du carburant ne s’observent plus. La situation était devenue intenable depuis le début du mois de juillet 2022. Cela après une correspondance du ministère des Finances suspendant la dérogation spéciale pour la Compagnie Interpetrol-Burundi de payer toutes les taxes liées à l’importation du carburant avec trois mois de différé.
Dès lors, cette société qui détenait le monopole d’importation du carburant a trainé les pieds dans l’importation de ce produit et la situation s’est détériorée du jour au lendemain. Malgré l’intervention de la nouvelle société Prestige et de la Regideso, la situation ne s’est pas améliorée.
La situation est sous contrôle
Depuis le début du mois d’octobre, la pénurie du carburant semble trouver une solution. La société Interpetrol s’est de nouveau investie dans l’importation du carburant. Sur toutes les stations-service visitées en mairie de Bujumbura, le carburant est disponible. Pas question des files d’attente des véhicules devant les stations-service
Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, Freddy Ipoma, directeur général adjoint d’Interpetrol a précisé que le chef de l’Etat s’est personnellement impliqué pour résoudre la problématique du manque de carburant. « Nous allons distribuer de manière intensive le carburant dans l’ensemble des stations-service du réseau Interpetrol et les stations partenaires ». Il rappelle de passage qu’Interpetrol a une flotte de 450 camions citernes, de plus de 80 stations-service et des partenariats avec 60 stations-service.
Les citadins de Bujumbura recourant au transport en commun peuvent souffler actuellement. Pendant la matinée, les files de passagers qui attendent les bus ne se remarquent plus.
Du sucre dans les boutiques
Un léger mieux s’observe dans la commercialisation du sucre. Ce produit est pour le moment disponible dans plusieurs boutiques de Bujumbura. Les citadins se réjouissent de la disponibilité de ce produit qui se raréfiaient depuis plus d’une année. «Actuellement, mes enfants boivent le thé avant d’aller à l’école», informe une femme rencontrée dans une boutique de la zone de Bwiza en commune de Mukaza. Dans cette même zone, sur 5 boutiques que nous avons visitées, 3 en disposaient. Et même au prix officiel de 2500 FBu.
La situation est similaire dans la zone de Gihosha. Sur 8 boutiques visitées, 5 en disposaient et au prix officiel. Ce léger mieux survient après plus d’une année de calvaire. Il fallait sillonner plusieurs alimentations ou boutiques de la ville pour trouver cette denrée alimentaire. Les gens ne se donnaient même plus la peine de demander le prix du sucre dans les boutiques, mais plutôt de bouche à oreille ou par téléphone. Les commerçants le vendaient à leur convenance jusqu’à même 8000 FBu par kilo.
Le sucre devient disponible suite à la mesure du ministère en charge du commerce suspendant l’interdiction de l’importation des produits alimentaires depuis le 06 septembre 2022. C’est aussi suite aux mises en garde répétitives des hautes autorités sur les spéculations qui se faisaient autour de ce produit. On signale de passage que 1356 sacs de sucre ont été saisis le 28 septembre 2022 chez un commerçant au chef-lieu de la province Kayanza.
Des spéculations se font encore sur les produits Brarudi
Malgré les amendes infligées aux commerçants spéculateurs et les réunions de sensibilisation tenues à l’endroit des autorités de base, les spéculations sur les produits Brarudi continuent à se manifester. Certains bistrots de la municipalité de Bujumbura ne respectent pas les prix officiels. Dans différentes zones, certains boutiquiers se permettent de vendre une Amstel 50 cl à 2000 FBu alors que le prix officiel est 1500 FBu. La Primus 72 cl dont le prix officiel est de 1600 FBu se vend à 2000 FBu. « Nous sommes mal approvisionnés », font savoir les boutiquiers avant d’ajouter qu’ils n’ont même pas actuellement l’autorisation de vendre les boissons dans les boutiques.
Néanmoins, certains vendeurs de boissons ont baissé les prix. Dans un bistrot de Gihosha, la Primus 50 cl qui coûtait 1500 FBu il y a un mois, est actuellement à 1100 FBu. L’Amstel 50 cl qui se vendait à 2000 FBu s’achète pour le moment à 1600 FBu. 100 FBu de plus par rapport au prix officiel. Il en est de même dans une boutique se trouvant dans le quartier Rohero II.
Même si le respect des prix officiels semble difficile durant ces derniers jours en mairie de Bujumbura comme à l’intérieur du pays, les administratifs à la base sont en train de prendre des mesures visant la lutte contre les spéculations faites autour des produits Brarudi. Dans la commune Mukaza, depuis le 06 octobre 2022, il est interdit de s’approvisionner en produits Brarudi en l’absence des administratifs à la base. La mesure a été prise lors d’une réunion que l’administrateur de cette commune a tenue avec les commerçants grossistes, les propriétaires des Mega SSD et des dépôts. Rénovât Sindayihebura a également exhorté les administratifs à la base en collaboration avec la police à suivre de près toute la chaîne de distribution. A Kirundo, 250 casiers de produits Brarudi qui allaient être vendus illégalement dans la commune de Vumbi ont été saisis.
Mais jusqu’où ira la hausse du prix du ciment ?
Malgré un léger mieux observé sur certains produits, les prix du ciment continuent à grimper sur le marché. Au quartier Asiatique, un sac de ciment Dangote se négocie entre 43 mille FBu et 45 mille FBu selon les sortes de ciment. Cela au moment où en décembre 2021 le même ciment se négociait entre 38 mille FBu et 40 mille FBu. Les vendeurs évoquent le manque de devises et les coûts élevés de l’importation de ce produit.
Le ciment Buceco produit localement est quant à lui introuvable dans les entrepôts du quartier Asiatique. Les commerçants précisent qu’ils ne disposent pas de ciment Buceco. Ce dernier se vend par téléphone. Les commissionnaires entrent dans le jeu. Et si par chance vous le trouvez, il vous faut une somme de plus ou moins 35 mille FBu pour vous procurer un sac de 50 kg alors qu’il est normalement vendu à 24500 FBu.
Olucome propose une commission d’experts pour juguler l’inflation et mettre fin aux pénuries répétitives des produits essentiels
Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire de Lutte contre la Corruption et les Malversations Economiques (Olucome) salue l’effort du gouvernement dans la disponibilisation du sucre et du carburant. Selon lui, la disponibilité du sucre est consécutive à la mesure autorisant l’importation de certains produits alimentaires stratégiques. « Il faut que cela soit ainsi pour d’autres produits afin de protéger les citoyens qui font face à des coûts d’achat insupportables », explique-t-il. Gabriel Rufyiri trouve important qu’il y ait une commission d’experts qui aident à formuler des hypothèses et à proposer des solutions pour faire face à l’inflation, mais aux les pénuries des produits essentiels. Concernant le ciment, l’Olucome propose de mettre en place des stratégies et des mesures conséquentes, notamment rendre disponible les devises pour les importateurs.
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