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La prison de Gitega partie en fumée

Un incendie s’est déclaré à la prison centrale de Gitega à l’aube du 7 décembre 2021. Des dizaines de prisonniers ont péri dans ce fléau. L’intervention n’a pu maîtriser la situation que plus tard. Des activistes plaident pour le désengorgement des prisons et l’amélioration des infrastructures servant d’établissements pénitentiaires. Dans le grand public, lamentations, incompréhensions et désolation…Les faits   

Le matin du 7 décembre 2021 aura été un cauchemar pour les locataires de la prison centrale de Gitega. Des dizaines des prisonniers n’ont pas eu la chance de survivre à l’incendie qui vient de ravager la prison en cette fin de l’année 2021. Pour certains de ces infortunés de l’établissement pénitentiaire le plus vaste du Burundi après ceux de Bujumbura et de Rumonge, les espoirs de revoir le soleil un jour se sont éteints à jamais. L’aube du 7 décembre 2021 aura été un cauchemar pour les locataires de la prison centrale de Gitega. Plusieurs personnes ont crié à la catastrophe humanitaire.

Après cet incident, les hautes personnalités du pays se sont rendues sur le lieu du drame dans l’avant-midi de la même journée. Accompagné de quatre ministre dont celui en charge de la sécurité publique et celui ayant la justice dans ses attributions, Prosper Bazombanza, Vice-président de la République est arrivé à l’établissement pénitentiaire de Gitega dont une importante partie était déjà réduite en cendres. Dans son briefing sur l’état des lieux de l’événement, M. Bazombanza a évoqué un incendie qui aurait son origine dans les installations anarchiques de l’électricité à l’intérieur de la prison. « Les enquêtes en cours montrent que cet incendie prend origine dans les raccordements anarchiques à l’électricité faits par les prisonniers à la recherche de l’éclairage ou pour trouver où alimenter  les batteries des téléphones », a-t-il tenté d’expliquer avant de rappeler que ces bâtiments sont tout de même trop vieux.

Des dizaines de prisonniers ont péri dans l’incendie qui a ravagé une importante partie de la prison.

Des pertes énormes

Des pertes énormes tant humaines que matérielles ont été enregistrées. Les chiffres donnés par les officiels jusque dans l’après-midi de la même journée faisaient état de 38 morts. Dans son mot de circonstance sur l’état des lieux de l’événement, Bazombanza a pris soin de détailler. « 26 des 38 sont morts brûlés alors que 12 ont été asphyxiés », a-t-il indiqué. Selon la même source, 69 détenus ont été blessés et 34 sont admis à l’hôpital.

Après la catastrophe, plusieurs malheureux rescapés sont devenus plus que jamais misérables. Ni leurs petits matelas où grouillaient les punaises, ni leurs vêtements, rien  n’était plus. Le Vice-président aura recommandé au ministère de la solidarité de se débrouiller pour leur venir au secours. La nourriture, les tentes où s’abriter, les matelas,…. ils devront rester dans à la même place devant les décombres  de leurs anciennes cellules de détention consumées par le feu.

La surpopulation et le mauvais état des infrastructures pénitentiaires pointées du doigt

Joint au téléphone, Jean Marie Nshimirimana, président de l’ONG locale Ntabariza qui milite pour l’amélioration des droits des prisonniers a réagi sur l’incident. « Nous ne pouvons pas dire que nous sommes satisfait de la manière dont les prisons sont organisées au Burundi», a-t-il indiqué. Pour lui, il y a des causes aggravantes qui ont fait qu’il y ait trop de pertes en vies humaines. Il cite notamment le surpeuplement qui se fait remarquer dans les prisons et fait noter des infrastructures trop vieilles et mal disposées pour un secours rapide. «  Personne ne peut nier le surpeuplement des prisons. Imaginer que cette prison abritait 1500 détenus alors que sa capacité d’accueil ne dépassait pas 400 détenus », pointe-t-il à titre d’illustration. Nshimirimana indique également que le retard des secours pourrait être dû au manque de passages pour les secouristes et les camions anti-incendie. « Je ne dirais pas qu’ils ne sont pas intervenus à temps. Ils ne pouvaient pas se jeter dans le feu », dit-il.

Des actions à mener

Cet activiste demande à l’Etat d’agir pour le bien-être et la sécurité des détenus. «  Le ministre de la Justice pourrait prendre des mesures de désengorgement des prisons en libérant certains prisonniers ayant été condamnés à de courtes peines et en clôturant dans un temps raisonnable les dossiers pendants. En plus, il est important, selon M. Nshimirimana, que les établissements abritant plusieurs personnes comme les établissements pénitentiaires, scolaires ou d’autres endroits similaires soient dotés d’installations anti incendies et aménagés de façon à laisser passer les secouristes en cas d’incendie.  A la question de savoir si son organisation a pu suivre de près les évènements pour en savoir plus  sur les disparus et leurs familles d’origine, il a répondu que Ntabariza est toujours à la recherche des informations fiables et que le résultat sera communiqué à l’opinion au moment opportun.

Dans son mot de circonstance, le premier ministre a déclaré que l’Etat se chargera de l’organisation des obsèques pour les disparus et du paiement des frais de soins de santé pour ceux qui sont à l’hôpital. Les identités des disparus ne sont pas encore connues.

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Jonathan Ndikumana.

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Des initiatives à faible portée

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Malgré les multiples signaux de relance économique, la crise économique perdure. Le pays n’a pas assez de devises pour couvrir ses importations. Par effet de contagion, les produits importés plongent le pays dans une spirale inflationniste. La dépréciation continue du FBu retarde l’impact des réformes macroéconomiques entreprises. L’inflation affiche une tendance baissière depuis le début de l’année. Le taux d’inflation aurait diminué de 5 points passant de 17,2% à 12% entre janvier et avril 2024, selon les données officielles. Cependant, cette baisse n’est pas ressentie chez les consommateurs qui assistent à la flambée des prix des denrées alimentaires.

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