Integration régionale

Quel avenir pour la CEPGL avec l’entrée de la RDC dans la CAE ?

L’entrée de la RDC dans la Communauté Est Africaine(CEA) ne pourrait pas impacter négativement les directives de la Communauté Economique des Pays des Grands Lacs (inactive actuellement) si on le relance. Sur le domaine sécuritaire, les pays membres de la CEA devront être au chevet de la RDC afin pour résoudre le problème sécuritaire qui persiste dans le Kivu, analyse du professeur Pascal Niyonizigiye, spécialiste des relations internationales   

Lors de la 44ème réunion extraordinaire des ministres chargés des affaires de la CEA tenue le 22 novembre 2021 à Arusha en Tanzanie, il a été décidé que la République Démocratique du Congo (RDC) peut rejoindre cette communauté. Les politiques, les cadres institutionnels, les cadres juridiques, les programmes, les domaines de coopération avec d’autres Etats partenaires de la CAE sont quelques points qui y ont été analysés. Les ministres ont recommandé aux chefs d’Etats d’examiner le dernier rapport de l’équipe de vérification de conformité.

Prof Pascal Niyonizigiye, spécialiste des relations internationales : « Une partie de la RDC (Kivu) était de facto membre de l’EAC. Depuis longtemps, les gens du Nord Kivu vont se faire soigner en Ouganda ou au Rwanda. Les gens du Sud Kivu viennent souvent à Bujumbura pour faire les affaires ».

Le CEPGL inactive actuellement

Créée en 1976 pour promouvoir la paix et la sécurité et favoriser la coopération économique pour le développement, les résultats de la CEPGL restent mitigés. Prof Niyonizigiye fait savoir que cette communauté a chuté dans les années 90 avec la crise généralisée dans la région des Grands Lacs (le génocide au Rwanda, la guerre civile au Burundi, les troubles en RDC). Relancée en 2003 par l’entremise de la Belgique, Prof Pascal Niyonizigiye trouve que la CEPGL n’est pas encore active.  «Jusque-là, les fonctionnaires de la CEPGL sont payés directement par leurs pays d’origine. Un rwandais est payé par le Rwanda, un burundais est payé par le Burundi, un congolais est payé par le Congo. Vous comprendrez que l’intégration n’est pas encore effective». Selon ce spécialiste des relations internationales, cela s’explique également par des conflits ouverts entre les pays membres notamment entre le Rwanda et la RDC. Si l’insécurité persiste dans la région des Grands Lacs veut dire que la mission de la CEPGL n’a pas été bien accompli ; d’où la création en 2008 de la Conférence Internationale de la Région des Grands Lacs (CIRGL) réunissant 11 pays.

La CEPGL noyée ?

Selon Prof Pascal Niyonizigiye, le traité de l’EAC reconnait la validité d’une coopération à géométrie variable. Deux ou trois pays membres peuvent coopérer entre eux selon les problématiques sur lesquels ils veulent se pencher. L’intégration de la RDC dans la CEA ne pourra pas impacter négativement la CEPGL en cas de relance de cette dernière. Et, de plus, redynamiser la CEPGL ne constituerait pas un problème pour l’EAC. Les trois pays membres sont de loin plus proches que les 6 pays membres de l’EAC. Cette dernière est plus étendue que la coopération entre ces trois pays.

Pour ce spécialiste, la multi-appartenance dans des organisations sous régionales n’est pas un problème en soi. « Le fait de diversifier des partenaires est une façon de maximiser les chances. Progressivement, on peut choisir les organisations beaucoup plus profitables que d’autres ».

De facto membre de l’EAC

Prof Niyonizigiye affirme qu’une partie de la RDC (Kivu) était de facto membre de l’EAC. Depuis longtemps, les gens du Nord Kivu vont se faire soigner en Ouganda ou au Rwanda. Quand ils veulent voyager en Occident, ils préfèrent passer par Kigali ou Kampala. Il en est de même pour les gens du Sud Kivu. Ils viennent souvent à Bujumbura pour faire les affaires, placer leur argent dans les banques, se faire soigner. Il y a déjà une intégration de facto des deux provinces de la RDC dans la CEA. Cela ne fait que se concrétiser pour le moment. Le Congo est un pays géant qui a plus de 2 millions de km2 et qui fait frontière avec 9 pays dont 5 membres de la CEA.

Pour lui, la CEA ne doit même pas changer de nom. Il faut plutôt renforcer l’esprit de l’Afrique de l’Est « East africaness ». Cet expert précise que c’est un esprit qui est là et qui existe dans les pays membres depuis longtemps. « Les Burundais allaient travailler en Ouganda et en Tanzanie depuis l’époque coloniale. Le Soudan entretient depuis longtemps des relations avec l’Ouganda, le Kenya, etc.

Etre au chevet de la RDC pour résoudre le problème d’insécurité à l’Est de ce pays

Avec l’adhésion de la RDC à la communauté Est Africaine, il va falloir essayer de traiter le problème de l’insécurité dans la région des Grands Lacs au sein de la famille des pays membres de la CEA.

Si la RDC reste marquée par le problème de l’insécurité surtout dans sa partie orientale, la CEA ne se portera pas bien. « On devra être au chevet de la RDC pour résoudre ce problème dans le Nord Kivu et le Sud Kivu », précise Prof Pascal Niyonizigiye. Selon lui, l’Ouganda est déjà dans ce processus. « Il est en train d’y travailler dans l’arrache-pied avec la RDC dans le Nord Kivu. Les pays membres de la CEA devraient aider la RDC à chasser les forces négatives qui opèrent sur son territoire.

Mots-clés :
A propos de l'auteur

Bruce Habarugira.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.

éditorial

Des initiatives à faible portée

Des initiatives à faible portée

Malgré les multiples signaux de relance économique, la crise économique perdure. Le pays n’a pas assez de devises pour couvrir ses importations. Par effet de contagion, les produits importés plongent le pays dans une spirale inflationniste. La dépréciation continue du FBu retarde l’impact des réformes macroéconomiques entreprises. L’inflation affiche une tendance baissière depuis le début de l’année. Le taux d’inflation aurait diminué de 5 points passant de 17,2% à 12% entre janvier et avril 2024, selon les données officielles. Cependant, cette baisse n’est pas ressentie chez les consommateurs qui assistent à la flambée des prix des denrées alimentaires.

    Abonnez-vous à notre bulletin

    Journal n° 609

    Dossiers Pédagogiques

    Facebook

  • éditorial

    Des initiatives à faible portée

    Des initiatives à faible portée

    Malgré les multiples signaux de relance économique, la crise économique perdure. Le pays n’a pas assez de devises pour couvrir ses importations. Par effet de contagion, les produits importés plongent le pays dans une spirale inflationniste. La dépréciation continue du FBu retarde l’impact des réformes macroéconomiques entreprises. L’inflation affiche une tendance baissière depuis le début de l’année. Le taux d’inflation aurait diminué de 5 points passant de 17,2% à 12% entre janvier et avril 2024, selon les données officielles. Cependant, cette baisse n’est pas ressentie chez les consommateurs qui assistent à la flambée des prix des denrées alimentaires.
  • Journal n° 609

  • Dossiers Pédagogiques