Société

Région Sud : Quand les jeunes s’emparent du métier de meunier

De nombreux jeunes sont attirés par différents métiers dans la province de Rutana. Les uns exercent comme chauffeur de taxi-voiture, de motos ou des vélos alors que d’autres œuvrent comme des travailleurs saisonniers dans les champs. Cependant, il existe un métier qui séduit de plus en plus les jeunes : la meunerie. Reportage.

L’exploitation des moulins est une bonne affaire pour les meuniers qui font payer 100 FBu pour un kilo de riz décortiqué, soit 100 000 FBu pour une tonne.

Le décrochage scolaire touche toutes les régions du pays. Les causes des abandons scolaires sont multiformes. Ce sont notamment la pauvreté dans les ménages, le désintéressement, la recherche du travail saisonnier et les grossesses non désirées. Malgré la mise en place des programmes de cantines scolaires, les écoliers boudent encore le chemin de l’école et partent à la recherche des opportunités économiques.  La région du Moso est propice pour la culture des céréales notamment le riz, le manioc, le haricot et le sorgho, les tubercules telles que le manioc y poussent sans problème. L’agriculture intensive et les activités connexes (le labour, la surveillance contre les ravageurs, la récolte et la conservation) occupent de nombreux jeunes. A titre illustratif, le travailleur gagne un montant de 4000 à 5000 FBu par jour. Ce qui fait que les réflexes de gagner son propre argent provoquent un certain désintéressent de l’école chez des élèves.

Durant notre séjour dans la zone Muzye de la commune Giharo, nous avons côtoyé pas mal de jeunes en dehors des bancs de l’école alors que c’était en pleine période des examens du premier trimestre. A contrario, ils se débrouillent autrement pour gagner leurs vies. Pour faire face au chômage, de nombreux jeunes exercent divers métiers. Certains se lancent dans le transport rémunéré des personnes sur les deux roues ou par voiture, d’autres dans la pêche, (régions frontalières avec la Malagarazi), d’autres encore font tourner les moulins. Ces machines sont très répandues le long des rizières des marais de la rivière Mutsindozi. Après le séchage de la récolte, les exploitants dans les marais et des bassins versants vont moudre ou décortiquer des quantités importantes de leur production. C’est une bonne affaire pour les meuniers qui font payer 100 FBu pour un kilo de riz décortiqué, soit 100 000 FBu pour une tonne.

Les beaux vieux temps

La femme et le moulin traditionnel (urusyo) est une longue histoire d’amour.  Tous les soirs, la femme devrait s’agenouiller pour moudre traditionnellement les grains. C’était un travail fastidieux auquel les candidates au mariage devraient s’initier. La technique consiste à placer les grains de maïs-soigneusement grillés-sur un marceau de marmite (urujo) entre deux pierres rugueuses de taille différente.

Celles qui ont pratiqué ce métier se souviennent toujours du mal de dos et des boutons qui se développent après l’exercice. Vous les trouverez les prototypes de cet outil traditionnel hyper-important dans les ménages au musée national de Gitega.  Actuellement, les touristes s’amusent à se prendre en photos avec cette pierre taillée à la perfection. C’est tout un métier qui a disparu.

Vive la technologie! 

L’arrivée des moteurs à piston pour décortiquer et moudre les céréales les délivrent de ce joug.  Désormais, en un laps de temps, vous avez la farine alors qu’auparavant on devrait fournir tant d’efforts physiques.  Imaginez le sort d’une femme qui a travaillé toute la journée. Le soir, elle n’a pas pilé le manioc.  Elle devait subir un grand châtiment de la part de son mari qui rentre du bistrot.  C’était un facteur d’aggravation des violences conjugales.

Il aura fallu du temps pour que cette technologie se vulgarise. Jusqu’à la fin des années 1990, les gens parcouraient des dizaines de kilomètres pour faire moudre le maïs, le blé ou le manioc. Aux alentours des moulins, il y avait des attroupements ou de longues files d’attente. Parfois les clients laissaient leurs sacs chez le meunier pour les récupérer le lendemain. Malheur à celui qui était surpris par la pluie en cours de route sans sac imperméable. Il arrivait à la maison avec une grosse pâte « boueuse ».

Dans le Burundi traditionnel, chaque ménage confectionnait lui-même les objets domestiques usuels comme les pieux, les bâtons, les pilons à céréales, les manches des houes et des couteaux et autres, car ils ne requièrent aucun savoir-faire particulier.  Par contre, d’autres travaux du bois qui exigent des connaissances techniques plus sophistiquées et de l’expérience comme les manches de lances, les arcs, les flèches, les carquois, les disques-bracelets, les récipients pour la traite, les soufflets, les boucliers, les mortiers à céréales sont fabriqués par des spécialistes qui échangent ou vendent leurs produits, apprend-on du livre les Barundi de l’explorateur allemand Hans Meyer. Le moulin traditionnel est parmi les outils confectionnés par des spécialistes.

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Benjamin Kuriyo.

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