Elevage

Rugombo : L’apiculture, un secteur au point mort

Rugombo est l’une des communes les plus dynamiques de la province Cibitoke. Mais le secteur apicole n’est pas développé, car il fait face à pas mal de défis. Les apiculteurs ont besoin de matériel moderne pour aller de l’avant. La plupart d’entre eux travaillent à leur propre compte sans aucun appui 

Il est midi passé de quelques minutes. Nous sommes sur la colline Mparambo I de la commune Rugombo, non loin du lac Dogodogo vers l’Ouest. Cet endroit se situe à deux kilomètres de la RN5. Il surplombe la vallée de la rivière Rusizi et la frontière burundo-congolaise n’est qu’à moins de 200 m. Il est calme et assez aéré. Malgré l’ampleur de la sècheresse estivale, les plantes qui s’y trouvent sont plus ou moins verdoyantes, les bananiers comme les arbres fruitiers. Les buissons regorgent d’un grand nombre de ruches traditionnelles abritant des abeilles qui sont la propriété de la Coopérative de Développement Agro-pastoral et Sanitaire (CODAPS). Ces ruches sont fabriquées à base de morceaux de bâtons entourés de boue sèche et sont couvertes de paille ou de vieux sachets qui empêchent la pluie de pénétrer à l’intérieur

«Nous pratiquons l’élevage des abeilles dans le but de développer l’apiculture qui est au point mort. Si ce secteur était développé, pas mal de personnes en profiteraient», fait savoir Eddy Jean-Claude Ntatangwa, un des membres actifs de la CODAPS. Selon lui, leur coopérative rassemble des agriculteurs et des apiculteurs qui se sont mis ensemble pour promouvoir l’élevage des abeilles. Avant, chaque apiculteur travaillait pour son propre compte et finalement ils se sont mis ensemble pour suivre l’orientation du gouvernement qui incite les citoyens à travailler dans des associations. L’ambition de CODAPS est de produire du miel riche en qualité comme en quantité.

Les ruches traditionnelles sont à l’origine du faible rendement en miel.

L’utilisation des matériels archaïques à l’origine des rendements médiocres

A l’instar des saisons culturales qui sont au nombre de trois, la récolte du miel se fait normalement trois fois l’année. Elle se fait en principe dans les mois de février, juin et octobre. Selon M. Ntatangwa, à chaque récolte, une ruche traditionnelle donne la quantité maximale de trois kilos, soit 9 kilos par an. Pourtant, à chaque récolte, une ruche moderne produit environ 15 kilos, soit 45 kilos par an. En plus, pendant l’été, la production du miel n’est pas bonne parce que les abeilles parcourent de grandes distances pour trouver le pollen et le nectar contrairement à la période pluvieuse où la quasi-totalité des plantes sont verdoyantes et fleuries.

« Actuellement, nous avons environ 300 ruches traditionnelles et deux ruches modernes que nous sommes en train d’expérimenter. Quand nous aurons la chance d’être appuyés par l’Etat ou les organismes non gouvernementaux, ce sera beaucoup mieux. Nous avons besoin urgemment des ruches modernes pour accroître la production du miel », indique M. Ntatangwa.

En ce qui est de la commercialisation du miel, les apiculteurs de la commune Rugombo se contentent du marché local où un kilo de miel coûte 8 000 FBu.  Mais les outils qu’ils utilisent pour traiter le miel et les sous-produits de l’apiculture ne sont pas adaptés. Ils n’ont pas d’extracteur ou de maturateur modernes malgré leur importance dans le traitement du miel. Parfois le miel provenant de différentes ruches se mélange alors que cela est déconseillé. Les principaux défis auxquels les apiculteurs font face, c’est notamment le manque de matériels apicoles perfectionnés, principalement les ruches.

Le rôle de l’Etat

« Dans le cadre du développement de l’apiculture au Burundi, notre ministère a mis en place une direction chargée de la promotion des politiques et des stratégies relatives au développement du secteur agricole dans tous les maillons de la chaîne de valeurs. Et l’apiculture fait partie de ses attributions. Cette direction encadre les producteurs locaux, notamment les apiculteurs », fait savoir Médard Ndayikengurukiye, directeur de la promotion des filières agricoles et des produits forestiers non-ligneux au sein du ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage. Selon toujours M. Ndayikengurukiye ce ministère promeut l’apiculture en collaboration avec ses partenaires qui financent les producteurs à base de projets mis en place pour développer ce secteur.

Cela étant, que ce soit l’Etat ou ses partenaires, personne n’a donné un coup de pouce à la CODAPS. Ce n’est que l’organisation SPARK qui l’a visité au moins une fois. Mais cette coopérative n’a pas encore bénéficié d’un appui matériel ou financier de la part de qui que ce soit. Mais, en attendant, les coopérateurs continuent à travailler laborieusement pour aller de l’avant.

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A propos de l'auteur

Gilbert Nkurunziza.

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