Elevage

Stabulation permanente : S’y est-on mûrement préparé ?

A partir du 4 octobre 2021, la loi portant sur la stabulation permanente et l’interdiction de la divagation des animaux domestiques et de la basse-cour va entrer en vigueur. Aucun animal domestique ne sera pas autorisé à brouter ou à errer hors de son abri. Malgré tout, pas mal d’éleveurs ne semblent pas prêts à s’y investir. Reportage en commune Rugombo 

« Sur notre colline, il y a environ 400 vaches. Nous ne nous imaginons pas comment nous pourrions pratiquer la stabulation permanente avec un tel cheptel. Cela est un problème qui sera probablement ingérable dans les prochains mois quand l’errance des vaches sera bannie », indique Adrien Hatungimana, chef de la colline Mparambo II en commune Rugombo.

Selon lui, la décision de l’Etat est assez ferme. La population locale est en train de se préparer pour se conformer à cette loi dans les prochains jours. Les habitants de la colline sont sensibilisés pour qu’ils s’apprêtent à la stabulation permanente de leurs animaux domestiques, particulièrement les bovins et les caprins. Même si le temps pour se préparer à se conformer à cette nouvelle politique du gouvernement en matière d’élevage est plus ou moins long, il y a encore du pain sur la planche. La quasi-totalité des agri-éleveurs ne sont pas prêts à s’adapter.

La stabulation permanente est presqu’impossible pour un éleveur qui dispose de beaucoup de vaches.

La culture des plantes fourragères, une nécessité

M. Hatungimana souligne que dans ces derniers jours, certains agri-éleveurs sont en train de cultiver des plantes fourragères, mais ce n’est vraiment pas suffisant. Nombreux d’entre eux sont toujours dans l’ambigüité. Ils ne savent pas à quel saint se vouer, car ils n’auront pas quoi donner aux bêtes à partir du mois d’octobre prochain. En tant que chef de colline, M. Hatungimana continue à sensibiliser ses administrés pour que tout le monde sache que le temps file, mais il est convaincu que ce n’est pas facile. Il espère que le gouvernement allongera un tout petit peu le délai de la mise en application de cette loi. Sinon, les victimes seront nombreuses et les pertes éventuelles seront énormes.

« La stabulation permanente est une politique nationale à respecter telle qu’elle est conçue. Les agri-éleveurs ont été sensibilisés. Actuellement, ils sont dans les préparatifs pour mettre en application la loi ordonnant la stabulation permanente à partir du mois d’octobre », précise Gilbert Manirakiza, administrateur de la commune Rugombo. Pour lui, tout le monde n’est pas prêt certes, mais ce qui est important c’est que les concernés sont au courant de cette mesure. Ils devront pratiquer la stabulation permanente telle que la loi l’indique. Malheureusement, pour ceux qui ont beaucoup d’animaux, il leur sera difficile de les prendre en charge. A ce point, l’administrateur conseille les éleveurs de s’occuper de peu et de bons animaux, car une abeille vaut mieux que mille mouches. La qualité est préférable à la quantité. Selon M. Manirakiza, les agri-eleveurs doivent prendre les choses en main en cultivant des plantes fourragères le plus rapidement possible pour se conformer aux règles du moment, car ce n’est plus possible de retourner en arrière. Une loi est contraignante et les concernés sont contraints de la respecter à tout prix. Sinon, ceux qui passeront outre cette loi, des sanctions plus ou moins sévères les attendent.

Ce n’est pas du tout facile !

Les éleveurs qui ont anticipé la stabulation permanente donnent des éclaircissements à ce propos. Cette nouvelle politique du gouvernement est possible, mais n’est pas facile à mettre en œuvre. Cela a été dit par Eddy Jean Claude Ntatangwa, membre de la Coopérative de Développement Agro-pastoral et Sanitaire (CODAPS) qui promeut l’agriculture et l’élevage sur la colline Mparambo I.

Cette coopérative dispose d’une vache de race améliorée qui aide les coopérateurs à accroître la production agricole grâce à son fumier. Cet animal est encore jeune, mais il consomme beaucoup d’herbes que ces coopérateurs doivent chercher du jour au jour dans les prairies. Ils prévoient planter beaucoup des cultures fourragères dès le début de la saison culturale A pour assurer son alimentation. Certes, elle produit beaucoup de fumier dont ils ont besoin, mais elle consomme une grande quantité d’herbes et d’eau par jour sans oublier qu’elle nécessite des soins médicaux de façon régulière.

Dans le numéro 460 de Burundi Eco, Nathal Batungwanayo, un éleveur qui est habitué à ce genre d’élevage (il le pratique à Buringa en commune Gihanga) fait savoir que la stabulation permanente du bétail demande des moyens financiers colossaux. En premier lieu, on doit avoir d’énormes quantités de fourrage que les vaches consomment du jour au jour sans oublier une grande quantité d’eau qu’elles boivent. Elles ont besoin aussi de compléments alimentaires qu’on doit acheter ailleurs. Bref, un élevage pareil doit être bien préparé et nécessite des moyens financiers conséquents afin d’aller jusqu’au bout.

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A propos de l'auteur

Gilbert Nkurunziza.

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