Agriculture

Une année de la révolution agricole teintée d’insécurité alimentaire

L’année 2022 a été placée sous le signe de la révolution agricole avec un budget prévu dans le secteur agricole de plus de 100 milliards de FBu dans le budget général de l’Etat exercice 2021-2022. Toutefois, les organisations internationales évoquent une insécurité alimentaire touchant plus d’un million de Burundais de juin à septembre 2022

Les lieux de production des semences sont les 6 stations régionales de recherche et les 19 centres d’innovation.

 

Afin de faire de l’agriculture un moteur de relance économique, l’année 2022 a été déclarée année de la révolution agricole.

Le budget général de l’Etat, exercice 2021-2022 prévoit pour le ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage un paquet estimé à 136 296 509 446 FBu, soit 7,62%.Le ministre en charge des finances a estimé à 100 milliards de FBu les fonds déjà affectés dans ce secteur au cours du premier semestre de l’exercice budgétaire 2021-2022. 

Selon Famine Early Warning Systems Network (Fews Net), des précipitations inférieures à la moyenne en septembre et octobre ont retardé et réduit la récolte des cultures de la saison culturale A. Cela dans les plateaux secs de l’Est et dans les dépressions de l’Est et du Buragane. 

Et de continuer : « Le Nord et l’Ouest ont reçu de fortes pluies et des vents violents qui ont détruit les cultures».

Le stress alimentaire

Fews Net indique que les prix des denrées de base sont restés élevés depuis mars 2022. Cette organisation justifie cela par des déficits de production agricole locaux et régionaux, les prix élevés du carburant… « En novembre, le prix national moyen du maïs et des haricots a augmenté de 25 et 35 %, respectivement, par rapport au mois dernier », lit-on sur le site de Fews Net. 

La hausse des prix des denrées alimentaires et du carburant a occasionné une inflation de 26, 8% au mois de novembre dernier. 

Le coût de ces produits a poussé, selon toujours Fews Net, les ménages pauvres et très pauvres de la plaine de l’Imbo et des zones périurbaines autour de Bujumbura en situation de stress alimentaire.

Persistance de l’insécurité alimentaire au Burundi

Pour l’Office de Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies (OCHA), au mois d’août 2022, des analyses sur le niveau de la sécurité alimentaire liées à la saison culturale 2022C (juin à septembre : récolte et post récolte) ainsi que sur son implication sur la saison 2023 A qui commence en octobre 2022 ont été conduites.

« Ces dernières ont permis de conclure que 1,2 million de personnes (10 % de la population du Burundi) étaient en insécurité alimentaire pour la période de juin à septembre 2022 », fait-il remarquer. 

Ces analyses projetaient que d’octobre à décembre 2022, les acteurs de la sécurité alimentaire ont estimé que 1,4 million de personnes (12 % de la population du Burundi) devraient être en situation d’insécurité alimentaire.

Par ailleurs, signale OCHA, certaines stations météorologiques annonçaient pour la période de septembre à décembre 2022, une situation pluviométrique en dessous de la moyenne. Malgré ces prévisions, les tendances au Burundi montrent pour certaines provinces qu’il y aura au même moment une pluviométrie excédentaire et déficitaire avec impact sur les cultures et la sécurité alimentaire des ménages.

Manque de semences sélectionnés 

Dans la deuxième édition du Plan National Semencier (2018-2027), les semences non certifiées du secteur informel sont les plus utilisées par la plupart des agriculteurs du milieu rural. Pourtant les semences certifiées sont nécessaires afin de réduire l’usage des semences tout venant. C’est l’Institut des Sciences Agronomiques du Burundi (ISABU) qui joue un rôle prépondérant dans la production des semences de qualité.  Il est détenteur de plusieurs variétés actuellement homologuées.

Le Plan National Semencier signale que les variétés officiellement homologuées sont au nombre de 29 pour le maïs, 18 pour le sorgho, 8 pour le blé, 48 pour le riz, 1 pour l’orge, 31 pour le haricot, 11 pour le soja, 6 pour l’arachide, 2 pour le niébé, 1 pour le pois cajan, 21 pour la pomme de terre, 12 pour la patate douce, 3 pour la colocase, 1 pour l’igname, 3 pour les légumes, 14 pour le bananier, 5 pour le caféier, 2 pour la stevia et 2 pour la culture de patchouli.

« Les lieux de production des semences sont les 6 stations régionales de recherche et les 19 centres d’innovation », d’après toujours le même plan.

Celui-ci rappelle que le Burundi compte actuellement 1389 multiplicateurs de semences agréés par l’Office National de Contrôle et de Certification des Semences (ONCCS) et éparpillés dans toutes les provinces et communes du pays. Plus de 50% des multiplicateurs de semences se retrouvent dans 5 provinces, à savoir : Ruyigi, Cankuzo, Karusi, Bururi et Muyinga. Toutefois, le volume des semences produites n’augmente pas nécessairement en fonction de l’effectif des multiplicateurs.

Mots-clés :
A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.

éditorial

Des initiatives à faible portée

Des initiatives à faible portée

Malgré les multiples signaux de relance économique, la crise économique perdure. Le pays n’a pas assez de devises pour couvrir ses importations. Par effet de contagion, les produits importés plongent le pays dans une spirale inflationniste. La dépréciation continue du FBu retarde l’impact des réformes macroéconomiques entreprises. L’inflation affiche une tendance baissière depuis le début de l’année. Le taux d’inflation aurait diminué de 5 points passant de 17,2% à 12% entre janvier et avril 2024, selon les données officielles. Cependant, cette baisse n’est pas ressentie chez les consommateurs qui assistent à la flambée des prix des denrées alimentaires.

    Abonnez-vous à notre bulletin

    Journal n° 609

    Dossiers Pédagogiques

    Facebook

  • éditorial

    Des initiatives à faible portée

    Des initiatives à faible portée

    Malgré les multiples signaux de relance économique, la crise économique perdure. Le pays n’a pas assez de devises pour couvrir ses importations. Par effet de contagion, les produits importés plongent le pays dans une spirale inflationniste. La dépréciation continue du FBu retarde l’impact des réformes macroéconomiques entreprises. L’inflation affiche une tendance baissière depuis le début de l’année. Le taux d’inflation aurait diminué de 5 points passant de 17,2% à 12% entre janvier et avril 2024, selon les données officielles. Cependant, cette baisse n’est pas ressentie chez les consommateurs qui assistent à la flambée des prix des denrées alimentaires.
  • Journal n° 609

  • Dossiers Pédagogiques