Economie

L’inclusion socio-économique de la femme : Les défis persistent

Les femmes Burundaises font face à des restrictions en matière de droits à l’épanouissement économique. Dans le cadre de son projet intitulé «Why Women», le Centre for Development and Enterprises (CDE) veut contribuer à l’inclusion socio-économique de la femme. Les barrières juridiques et culturelles sont pointées du doigt. Cependant, le CDE note quelques avancées en matière de droits de la femme au Burundi 

Le problème d’inégalité des chances en tout ce qui concerne l’épanouissement économique persiste dans le monde. Au Burundi, CDE dénonce les mentalités et un certain vide juridique qui plombent la liberté financière de la femme. « Au Burundi, la femme travaille toute sa vie la terre qu’elle ne possède pas et produit ce qu’elle ne contrôle pas », fait observer Aimable Manirakiza, DG du CDE, qui considère que le non accès à la terre constitue une des grandes barrières à l’émancipation de la femme. Se basant sur les statistiques du recensement général de la population de 2008, Agathe Nsengiyumva, consultante dans l’autonomisation des femmes révèle une situation paradoxale. « La population agricole burundaise représente 90,8% de la population dont 48,4% d’hommes et de 51,6% de femmes », rapporte-t-elle dans son étude, tout en rappelant que les femmes n’ont pas accès à la terre malgré leur présence majoritaire dans les activités agricoles.

Selon cette note d’orientation présentée au public par le CDE dans le cadre de son projet «Why Women», le cadre socio-culturel burundais demeure discriminatoire à l’égard de la femme burundaise. « Elle est exclue du droit de succession et d’accès à la terre », affirme l’étude.   En effet, n’ayant pas accès à la terre, les femmes font face à d’énormes difficultés d’accéder au crédit bancaire. Selon le rapport de la BRB (2015) sur l’offre de services financiers formels au Burundi, le taux d’inclusion financière des femmes était de 30,6%, 30,3%, 28,3% respectivement en 2013, 2014 et 2015 alors que celui des hommes représentait 69,4%, 69,7% et 71,7% à la même période.

Aimable Manirakiza, DG du CDE : « Au Burundi, la femme travaille toute sa vie la terre qu’elle ne possède pas et produit ce qu’elle ne contrôle pas ».

L’épanouissement socio-économique de la femme au cœur de la vision mondiale

Dans son exposé, Mme Nsengiyumva a rappelé certains textes conventionnels ratifiés par le Burundi, en l’occurrence la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard de la femme (CEDEF). Selon l’auteure de cette étude commanditée par le CDE, toutes les dispositions de la CEDEF consacrent l’égalité entre l’homme et la femme ainsi que la négation de toute forme de discrimination fondée sur le sexe. « Ses art 3 et 13 imposent aux Etats de prendre toutes les mesures appropriées pour assurer le plein développement et le progrès des femmes dans l’optique de promouvoir l’égalité entre l’homme et la femme », rappelle-t-elle.

Le 5ème objectif de développement durable centré sur l’équité est plus concret. Ce dernier recommande aux Etats d’entreprendre des réformes visant à donner aux femmes les mêmes droits aux ressources économiques qu’aux hommes. Ainsi, les Nations Unies plaident pour l’accès de la femme à la propriété et au contrôle des terres, aux services financiers, à l’héritage et aux ressources naturelles. Pour ce faire, il faut que les États adoptent des politiques bien conçues et des dispositions législatives applicables en faveur de la promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation de toutes les femmes et de toutes les filles à tous les niveaux et renforcent celles qui existent.

S’il y a encore des efforts à mobiliser, notamment en matière de droit à la propriété, le Burundi a aussi enregistré quelques avancées en matière de promotion de la femme. « La vision Burundi 2025 prend en compte le genre. Ce document d’orientation politique considère la femme comme un acteur incontournable dans tous les secteurs de la vie nationale », affirme Mme Nsengiyumva. Dans le Programme National de Développement (PND) 2018-2027, un accent est mis sur l’élimination des inégalités et des exclusions liées au genre.

Encore du pain sur la planche

Cependant, le chemin est encore long. Pour des changements en profondeur, le CDE propose à l’Etat de relancer le débat sur la loi sur les successions, les régimes matrimoniaux et les libéralités. «Il faut mettre en place des mécanismes de suivi évaluation de l’inclusion du genre et voter un budget sectoriel destiné au renforcement des capacités», recommande l’étude.

Pour Mme Nsengiyumva, la société civile ne doit pas rester en arrière. Elle doit apporter sa contribution en menant des études qui permettront de maîtriser la situation. Il faudra aussi sensibiliser les médias en tant que canaux de sensibilisation pour aider dans la canalisation des opinions. Les leaders politiques et les leaders communautaires sont aussi encouragés à s’investir dans l’impulsion de cette dynamique de changement des mentalités.

A propos de l'auteur

Jonathan Ndikumana.

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