Culture

Journée mondiale du livre, une occasion de s’autoévaluer

Pour la 24ème édition de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur consacrée à la littérature et à la lecture, les langues autochtones étaient à l’honneur. Une occasion pour les écrivains, éditeurs, professeurs de français et amateurs Burundais de la lecture de s’autocritiquer et de s’autoévaluer

Cette année, la journée mondiale du livre et du droit d’auteur est consacrée à la promotion des langues autochtones. L’objectif est de rappeler leur rôle essentiel dans l’expression de la diversité culturelle. Véritable vecteur du savoir, le livre permet de rapprocher les peuples autour d’un héritage universel tout en préservant et valorisant leur culture, leur identité et leur langue. La thématique choisie s’inscrit dans le contexte de la célébration de l’année internationale des langues autochtones.

Dr Concilie Bigirimana : « (…) aucun écrivain burundais n’écrit par passion. Il s’agit d’une littérature de témoignage. (…)L’écrivain se donne une casquette de survivant. Il est poussé par la révolte, une écriture post-traumatique, une écriture de résilience »

Au Burundi, l’Union des Etudiants pour la Création littéraire en Langue Française (UNECLF), en collaboration avec l’Association des Ecrivains du Burundi, la maison d’édition BANDIMA EDITIONS, l’association burundaise des enseignants de Français et la Librairie SAINT-PAUL appuyé par l’Institut Français du Burundi ont organisé des activités pour célébrer cette journée. C’était l’occasion de se vanter du pas franchi et de parler des défis rencontrés, mais surtout de s’autoévaluer pour s’améliorer. 

Une littérature de témoignage et un problème d’esthétique 

La production littéraire au Burundi est sporadique. Dr Concilie Bigirimana, professeur  de la littérature française à l’université du Burundi l’estime goutte à goutte. Une seule publication tous les 20 ans. Cette analyste  indique aussi que le monde du livre est confronté à un problème de manque de maisons d’édition.

Au-delà de tous ces problèmes généralisés, Dr Bigirimana constate que aucun écrivain burundais n’écrit par passion. Il s’agit d’une littérature de témoignage. Il suffit de lire les premières pages de l’ouvrage, on conçoit une dichotomie de l’histoire, on se fait l’idée de l’appartenance ethnique de l’auteur. Comme le  constate encore cette professeure, l’écrivain se donne une casquette de survivant. L’écrivain est poussé par la révolte, une écriture post-traumatique, une écriture de résilience, dit-elle. Aussi, l’impératif du titre est comme si l’écrivain est en plein  combat. Il rejette la faute aux autres. Les titres des auteurs Burundais reflètent toujours un lien avec le mal. Ne peut-on pas écrire par passion ?, s’interroge-t-elle. Et cette écriture en quête d’une reconnaissance identitaire fait que tous les écrivains ne possèdent qu’un seul ouvrage.

Le message doit passer avant l’esthétique. La linéarité des livres, le mélange du Français et du Kirundi, les adages qui sont mal traduits ne donnent pas envie de rêver aux lecteurs, a constaté Dr Bigirimana.

La littérature burundaise privilégie l’oral au détriment de l’écrit

Dans le Burundi ancien, la littérature burundaise « amayagwa » avait une place importante. Les contes et légendes, les fables, les balades, des chansonnettes, les poèmes… on en trouvait de différentes sortes. Chaque activité avait sa propre littérature. Cependant, la culture de transmettre cette littérature oralement a fait qu’elle disparaisse. Le Kirundi est parlé, mais n’est pas écrit. Dr Denis Bukuru, professeur à l’université du Burundi dans la faculté des langues déplore cette disparition. Le peu de littérature écrite en Kirundi n’est pas connu du public et n’est pas édité.

Dr Bukuru a montré l’importance de mettre cette littérature dans les écrits. La littérature burundaise serait incomprise par la jeunesse.

La littérature à|et l’école

Un bon lecteur fait un bon  écrivain et le livre est naît à l’école. L’école devrait fournir des modèles accessibles aux futurs écrivains. Dans son exposée, Joseph Mukubano, lui aussi professeur de l’université  a montré que la culture de la lecture dans les écoles est confrontée à des problèmes de méthodologie et de représentation. La maîtrise de la méthodologie de l’enseignement littéraire est la base d’engendrer de bons écrivains plus tard.

Selon toujours cet analyste, il faudrait penser à enseigner le français à partir de la littérature burundaise. Les concepteurs de manuels scolaires devraient accorder un intérêt particulier à la littérature burundaise en français. Cela pour promouvoir les valeurs burundaises et  permettre à l’apprenant de retrouver ses repères socio-culturels.

Tous les intervenants ont partagé l’avis comme  quoi  les Burundais n’ont pas la culture de lecture. Les obstacles ne sont autres que la paresse intellectuelle, l’insuffisance des maisons d’édition et la non existence d’une politique nationale de lecture et de soutien aux écrivains.

En attendant le réveil des consciences et le changement de mentalité, des milliers d’écrits, de pièces de théâtre, sont en train de pourrir dans les tiroirs des armoires.

A propos de l'auteur

Dona Fabiola Ruzagiriza.

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