Commerce

Le commerce des produits horticoles est encore au stade embryonnaire

Le secteur horticole est peu développé au Burundi. La production, le transport, la conservation et la commercialisation des fleurs s’opèrent dans des circuits informels. Ce qui handicape le développement du secteur. Pourtant, sous d’autres cieux, le commerce des fleurs est un business qui relève du commerce international

Les fleurs nécessitent un entretien particulier. « Pendant la saison sèche, on est obligé d’irriguer les plantations pour maintenir la production. Je cultive plus d’une trentaine de variétés de fleurs. J’exploite depuis une vingtaine d’années des champs horticoles dans les ravins et les hauts plateaux de la zone Bugarama », indique M. Raymond Ndayisenga, fleuriste.

La réorganisation du secteur horticole pourrait non seulement créer des milliers d’emplois, mais aussi générer des devises.

Bien que le secteur horticole rapporte gros, il reste peu structuré. Le commerce des fleurs demeure rudimentaire et surtout informel. Les fleuristes Burundais s’aventurent dans ce secteur souvent sans ressources ni compétences. Les étals des fleurs s’observent de plus en plus surtout aux alentours de la maison Fleurie de Bujumbura en face de la librairie Saint Paul à la Chaussé Prince Louis Rwagasore.

Le transport et la conservation des fleurs laissent à désirer

Après la cueillette, les horticulteurs s’arrangent pour transporter les tiges de fleurs chez les fleuristes généralement basés à Bujumbura. « D’abord les tiges de fleurs coupées sont emballées dans des branches d’eucalyptus. Ensuite, elles sont embarquées dans des minibus ou des voitures (Probox) de transport à destination de la ville de Bujumbura, principal marché d’écoulement. Et enfin, les fleuristes rangent les fleurs par catégorie avant de les préparer selon le type de bouquet voulu.

Le problème de conservation des fleurs indispose les fleuristes. Ces derniers font recours à des moyens de bord afin d’éviter que leurs produits ne s’assèchent. La conservation est souvent faite à l’aide des seaux remplis d’eau dans lesquels on trempe les fleurs coupées. Elles peuvent garder la fraîcheur pendant au moins trois jours, raconte un fleuriste.  Suite au manque de débouchés, les invendus s’accumulent de jour en jour. Certaines fleurs se dessèchent d’autres pourrissent, déplore le fleuriste Ndayishimiye.

Un marché moins structuré et limité

Le manque de débouchés pénalise les professionnels du secteur floricole. D’après les fleuristes, le marché des fleurs reste limité est très restreint. Il n’existe presque pas d’exportation des fleurs au Burundi. Les fleuristes se contentent d’exécuter les commandes pour les cérémonies funéraires, les mariages, de remises de dot, etc. Les particuliers achètent rarement les roses. Normalement, les expatriés et les touristes occidentaux constituaient la majorité de la clientèle. Malheureusement, la crise de 2015 a changé la donne. Les clients viennent à compte-goutte. Le commerce des fleurs s’amenuise, s’inquiètent les fleuristes.

Les Burundais achètent de moins en moins de produits horticoles. Le pouvoir d’achat demeure faible. Ce qui imposent aux consommateurs de rationaliser les besoins, déplore M. Ndayishimiye. De surcroît, poursuit-il, certaines variétés tendent à disparaître, car les clients opèrent des choix. « Auparavant je parvenais à écouler facilement 500 tiges de fleurs par jour, mais actuellement je parviens à peine à écouler une centaine de tiges. Les recettes mensuelles tournaient autour de 100 000 FBu. Par contre, actuellement nous travaillons à perte, regrette-t-il.

Le secteur horticole fait également face au manque d’encadrement des horticulteurs. Le secteur horticole semble délaissé par rapport aux autres secteurs tels que l’agriculture et l’élevage. «Nous avons alerté sur les maladies des fleurs. Mais l’autorité publique ne disponibilise pas les produits phytosanitaires spécifiques comme pour d’autres filières. Le recours aux produits disponibles pour pulvériser à tort et à travers les plantations de fleurs est obligatoire», s’indigne un des horticulteurs rencontrés à la Maison Fleurie de Bujumbura.

Le Kenya, épicentre du commerce international des fleurs

Le Kenya est réputé dans le commerce international des fleurs. Le succès du commerce de la rose doit beaucoup à la main-d’œuvre féminine peu coûteuse. Les cueilleuses travaillent à un rythme effréné à la cueillette et à l’empaquetage des fleurs, cultivées hors-sol sous d’immenses serres, rapportent nos confrères du magazine GEO.  Le bon climat caractérisé par un ensoleillement permanent durant toute l’année attire l’attention des ornithologues. Ils sont de plus en plus nombreux à s’y investir. Ce qui fait du Kenya le deuxième grand producteur de fleurs derrière les Pays-Bas.

L’industrie horticole est en pleine expansion au Kenya. Après la cueillette manuelle, les machines assurent le relais pour trier par taille et par couleur puis une machine détache les feuilles et les épines des tiges. Rangées en bouquets standardisés, les fleurs sont ensuite placées dans une chambre froide avant d’être exportées, quarante-huit heures plus tard au maximum en Europe. Les roses du Kenya transitent par Londres où elles sont mises aux enchères devant un parterre d’acheteurs avant d’atterrir dans les supermarchés, décrit le Magazine GEO.

L’horticulture génère des revenus

Selon l’agence Ecofin, en 2016, 127 fermes de fleurs ont été recensés principalement autour du lac Naivasha, au nord-ouest de Nairobi. L’horticulture est l’un des principaux contributeurs en devises du pays et emploie directement 500 000 personnes. La filière a généré, en 2016, des recettes de l’ordre de 690 millions USD grâce à l’exportation de 133 000 tonnes de fleurs coupées. Une somme colossale qui dépasse de loin les recettes issues des exportations du café et du thé du Burundi à la même période, selon les chiffres officiels.

Le cas du Kenya peut servir de modèle à d’autres pays de la Communauté de l’Afrique de l’Est. La réorganisation du secteur horticole pourrait non seulement créer des milliers d’emploi, mais aussi générer des devises. L’implication des pouvoirs publics est requise pour promouvoir le secteur horticole, combien prometteur.

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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