Société

Mairie de Bujumbura : Les infrastructures mortuaires restent insuffisantes

L’insuffisance des morgues est l’un des réels problèmes sociaux auxquels font face des milliers de ménages résidant dans la ville de Bujumbura.  Malheureusement, ce sujet reste ignoré par bon nombre de gens et semble ne pas figurer presque pas objet dans les préoccupations des pouvoirs publics. Burundi Eco en fait le point

La capitale économique du Burundi compte actuellement environ un million d’habitants. Dans cette ville peuplée en grande partie de familles à faibles revenus, la question liée à l’insuffisance des infrastructures mortuaires mérite d’être posée. En effet, en cas d’une éventuelle perte d’un être cher dans une famille, beaucoup de gens préfèrent amener le défunt à la morgue où il repose pendant que la famille se prépare pour les obsèques. Or, les capacités d’accueil des morgues disponibles dans les différents hôpitaux de Bujumbura sont très  limitées. De ce fait, il devient difficile d’accueillir toutes les personnes décédées dans la ville de Bujumbura. Dans le secteur privé, cette activité ne suscite pas l’engouement. Dans notre reportage sur terrain, nous avons pu trouver des informations pour illustrer la situation prévalant dans quelques hôpitaux de la mairie de Bujumbura. Tandis que la morgue de la Clinique Prince Louis Rwagasore ne compte que 12 chambres froides, celle de l’Hôpital Roi Khaled de Kamenge en compte 24. Quant à l’hôpital Prince Régent Charles, on n’y dénombre que 10 places disponibles.

Les capacités d’accueil des morgues disponibles dans différents hôpitaux de Bujumbura sont très limitées.

Parmi les opérateurs privés, seul Kira Hospital dispose d’une morgue. Selon nos sources dans différents hôpitaux publics, la plupart des chambres froides fonctionnent bien. Cependant, le système de refroidissement de certaines chambres froides de la morgue de l’hôpital Roi Khaled est parfois défectueux. Lors de notre visite sur les lieux, 18 chambres froides seulement sur les 24 disponibles étaient   fonctionnelles.

L’insuffisance des infrastructures mortuaires a des conséquences

L’insuffisance des infrastructures mortuaires rend encore plus pesante la peine des familles malheureuses. En effet, les informations recueillies auprès des employés œuvrant dans les morgues des différents hôpitaux de la capitale économique l’attestent. A la question de savoir s’il y a beaucoup de cas venant de l’extérieur, la réponse est la même pour toutes nos sources : « Nous accueillons plusieurs personnes mortes venant de l’extérieur que ceux décédées ici». Si les morgues existent uniquement au niveau des 5 hôpitaux, elles restent les seuls endroits qui accueillent les personnes décédées dans toute la ville de Bujumbura.

Nous avons voulu savoir ce qui se passe quand un cas de décès survient dans un hôpital où les chambres froides sont toutes occupées. Les propos de deux employés interrogés convergent: « Si les places disponibles à la morgue sont pleines, on est obligé d’effectuer un transfert », expliquent-ils. Le transfert coûte cher à la famille qui a perdu le sien. Normalement, c’est la famille qui se débrouille pour trouver les moyens de transport de la dépouille qui s’élèvent souvent à de grosses sommes. En plus des dépenses liées aux moyens de transport, les particuliers doivent trouver eux-mêmes la place d’accueil pour leur défunt dans une autre morgue. Cela peut ne pas être facile, surtout qu’il faut d’abord régler la facture établie par l’hôpital avant de recevoir son défunt pour évacuation.

Quid de l’accueil réservé aux personnes décédées à la maison ?

Au cas où le décès est survenu à la maison, certaines gens se heurtent au problème de ne pas être facilement accueillies dans une quelconque infrastructure sanitaire et sont obligées de faire trop de courses avant   de trouver la place. Ne voulant pas que les noms des hôpitaux dont il question ici soient mis à découvert, une jeune femme de Nyakabiga nous a fait part de sa mésaventure: « C’était pendant la nuit lorsque notre père est décédé. Au premier hôpital où nous nous sommes rendus, nous avons essuyé un refus et nous avons dû continuer la route avant d’être accueillis plus tard dans un autre hôpital après d’amples explications ». Cette femme dit ne pas comprendre pourquoi les services du premier hôpital les ont repoussés.

Pour un chargé de la morgue exerçant dans l’un des grands hôpitaux de Bujumbura, cela ne relève pas du mauvais accueil.  Selon ses propos, un hôpital ne refuse pas d’accueillir une personne décédée sauf quand il n’y a plus de place à la morgue. Dans la procédure normale, il suffit qu’un médecin examine le corps et vérifie les documents pour se rendre compte des circonstances dans lesquelles la mort est survenue avant d’accorder la permission de le mettre à la morgue.

En tout état de cause, cette insuffisance des infrastructures mortuaires constitue parfois une véritable épée dans la plaie pour les familles en cas de perte d’une parenté. Rappelons que la seule morgue privée  qui avait ouvert ses portes dans la ville de Bujumbura, plus précisément à Kigobe aurait été contraint de fermer après quelques mois.

A propos de l'auteur

Jonathan Ndikumana.

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