Commerce

Spéculation sur le prix du sucre : Des mesures pour décourager cette pratique

Depuis quelques temps, la population de la municipalité de Bujumbura se lamente. Le prix du sucre a fortement grimpé. La spéculation sur ce produit met à mal les économies des familles dont les ressources tarissent de jour en jour. Aloys Ndayikengurukiye, l’Administrateur Directeur Général de la Sosumo a, au cours d’un point de presse animé ce lundi 3 février 2020, fait la lumière sur cette question

« Nous entendons parler de prix inexpliqués du sucre ces derniers jours dans certains points de vente en mairie de Bujumbura », a déclaré l’ADG de la Sosumo qui détient le monopole du commerce du sucre au Burundi. Dans ce point de presse, le patron de la Sosumo informe l’opinion nationale que le prix du sucre n’a pas changé. Les prix officiels reconnus par les autorités de la Sosumo ont été repris et soulignés dans son point de presse. Un sac de 50 kilos est vendu à 111.500 FBu dans les entrepôts de la Sosumo. Les commerçants qui s’approvisionnent directement dans les entrepôts de la Sosumo doivent revendre le sac de sucre à 114.000 FBu tandis que pour un détaillant, un sac de 50 kilos coûte 117.000 FBu. Le prix d’un kilo de sucre est de 2.340 FBu.

Ces chiffres sont en désaccord avec la situation qui prévaut et écartent toute justification qui serait basée sur la sous-production de la Sosumo. Ndayikengurukiye a pris soin de démontrer que les performances de la Sosumo ont suivi presque le même rythme pendant les douze derniers mois, soit de janvier 2019 à janvier 2020.  La projection de ces chiffres dans un repère cartésien donnerait une courbe un peu tordue mais presque horizontale. La production de janvier 2020 s’incline devant celle de la deuxième moitié de l’année passée, mais prime sur celle des six premiers mois de la même année. Ndayikengurukiye dit plutôt que cette hausse des prix prendrait origine dans la spéculation. Certains grossistes opportunistes cacheraient le sucre dans leurs entrepôts pour en créer la carence dans les boutiques alimentaires. Les fabricants des boissons prohibées (Umunanasi, Ikibarube) sont aussi dans le collimateur de la Sosumo.

La spéculation sur ce produit met à mal les économies des familles dont les ressources tarissent de jour en jour

Ces boissons contribuent à la déstabilisation du marché du sucre.

La Sosumo prend des mesures pour assainir la situation 

La Sosumo a décidé de revoir la liste des distributeurs du sucre pour plus de gestion. Seuls les clients ayant été fidèles sur toute l’année, c’est-à-dire de janvier 2019 à janvier 2020 sont retenus. Certains clients sont soupçonnés d’être des opportunistes. Ils ne peuvent pas figurer sur la nouvelle liste ceux qui ont abandonné le commerce du sucre depuis avril 2017 pour réapparaître depuis octobre 2019. L’ADG de la Sosumo accuse ceux qu’il taxe «de ne pas être de vrais commerçants du sucre» d’être revenus dans le commerce de ce produit suite aux rumeurs de pénurie du sucre.

Désormais, certaines alimentations de la capitale économique du Burundi ont le privilège de s’approvisionner directement depuis les entrepôts de la Sosumo. L’ADG de la Sosumo dit que cette mesure est prise après la descente effectuée par les agents de cette société dans différents quartiers de la ville de Bujumbura. Ils se sont rendu compte de la pénurie du sucre dans certaines alimentations et boutiques. Cela au moment où certains commerçants préfèrent vendre à un prix non reconnu officiellement. Cette autorité encourage la population à s’approvisionner dans les alimentations. Ces derniers sont considérés comme étant souvent en ordre avec le respect des prix.

Décidée à mettre fin à la spéculation sur son produit, la Sosumo décide de limiter la quantité livrée à ses clients. Ceux qui ont droit à des quantités supérieures à quatre tonnes devront s’approvisionner en deux temps par quinzaine. Les commerçants des provinces de Bujumbura, Bururi, Bubanza, Cibitoke et Rumonge sont dérogés.   

Du producteur ou du petit détaillant, à qui incombe la responsabilité ?

Le reporter de Burundi Eco s’est rendu à la rencontre des boutiquiers opérant dans les quartiers de la ville de Bujumbura ce lundi 3 février 2020 pour recueillir des informations sur la hausse du prix du sucre. Dans la grande majorité des cas, le prix du sucre est de 3. 000 FBu par kilo. Un seul boutiquier sur 7 interrogés dans trois quartiers différents vendait le sucre à 2.800 FBu le kilo. « J’ai préféré continuer à revendre le sucre à ce prix parce que je l’ai acheté un peu avant la hausse du prix d’achat », explique J.D.

Ce commerçant débutant regrette le fait que ce sont les petits détaillants qui sont pointés du doigt en cas de hausse illicite du prix. Il dit que depuis environ un mois le prix d’un sac de sucre est passé de 17 000 FBu à 30 000 FBu. Il pense que ce sont les grossistes qui seraient à l’origine de cette pénurie du sucre. A ce point, les dires de ce commerçant convergent avec les propos de l’ADG de la Sosumo. Selon le patron de cette société, certains distributeurs auraient versé dans la spéculation pour en tirer un profit illégal.

Lors de son point de presse, l’ADG de la Sosumo a demandé aux médias d’aider dans la lutte contre les spéculateurs et de démentir les rumeurs sur la pénurie du sucre. Il attire également l’attention des administratifs et des consommateurs. Pour lui, arrêter la spéculation est un travail de tout un chacun.

Quelques questions restent pendantes à ce sujet et méritent d’être posées. Qui est responsable de la hausse du prix du sucre ? Les services habilités ne sont-ils pas à la hauteur pour retrouver les coupables et arrêter la spéculation ?

A propos de l'auteur

Jonathan Ndikumana.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.

éditorial

Une riposte à la hauteur des enjeux ?

Une riposte à la hauteur des enjeux ?

Les effets du phénomène climatique El Niño caractérisé par des températures anormalement élevées et de fortes intempéries sont déjà perceptibles. A fortiori, le gouvernement vient de déclarer l’urgence climatique et appelle à l’aide internationale pour atténuer l’impact du changement climatique. Le Burundi est en proie aux effets du changement climatique. Ces derniers se manifestent à travers les catastrophes naturelles dont les inondations, les pluies torrentielles, les vents violents ou la prolongation de la saison sèche selon les régions. Les catastrophes d’une forte intensité fragilisent d’une manière répétitive les habitations, les infrastructures socio-économiques et exposent la population à une précarité absolue

    Abonnez-vous à notre bulletin

    Journal n° 605

    Dossiers Pédagogiques

    Facebook

éditorial

Une riposte à la hauteur des enjeux ?

Une riposte à la hauteur des enjeux ?

Les effets du phénomène climatique El Niño caractérisé par des températures anormalement élevées et de fortes intempéries sont déjà perceptibles. A fortiori, le gouvernement vient de déclarer l’urgence climatique et appelle à l’aide internationale pour atténuer l’impact du changement climatique. Le Burundi est en proie aux effets du changement climatique. Ces derniers se manifestent à travers les catastrophes naturelles dont les inondations, les pluies torrentielles, les vents violents ou la prolongation de la saison sèche selon les régions. Les catastrophes d’une forte intensité fragilisent d’une manière répétitive les habitations, les infrastructures socio-économiques et exposent la population à une précarité absolue.
  • Journal n° 605

  • Dossiers Pédagogiques