Environnement

Zones Gatumba et Rukaramu : Les habitants tourmentés par les crues de la rivière Rusizi

Le débordement des eaux de la rivière Rusizi II couplé avec la montée des eaux du lac Tanganyika fait peur aux habitants des zones Gatumba et Rukaramu.  Les quartiers se transforment un à un en ruisseaux. Les dégâts sont innommables. Les activités économiques sont paralysées. Les infrastructures tant publiques que privées sont submergées. Elles s’affaissent du jour au jour. L’éducation des enfants est mise à mal. L’hygiène laisse à désirer.   Les gens ont vidé les lieux. On estime que  5000 personnes ont été affectées. L’Administration est interpellée pour secourir les sinistrés. Les détails dans ce numéro 

Nous sommes lundi le 17 mai 2021. Un reporter de Burundi Eco effectue une descente dans les zones Gatumba et Rukaramu de la commune Mutimbuzi en province Bujumbura.  L’objectif est de se rendre compte des dégâts causés par le débordement de la rivière Rusizi II couplé avec la montée des eaux du lac Tanganyika qui s’y observe depuis mercredi le 12 mai 2021. Depuis lors, la situation s’est aggravée. Elle est dramatique,  constate  le reporter de Burundi Eco.  Les eaux de la rivière Rusizi II ont débordé de ses rives et les quartiers riverains ont été inondés.   Ce sont entre autres les quartiers Mushasha I et II, Gaharawe, Kinyinya I et II, Muyange I et II, Vugizo, etc. La plupart des infrastructures tant publiques que privées  visitées dont les écoles, les églises, les structures sanitaires  et les infrastructures commerciales sont sous l’eau. Les maisons d’habitations aussi.  Elles s’effondrent du jour au jour.  La chaussée d’Uvira n’est pas épargnée.  Une partie de la route nationale (RN4) qui relie le Burundi et la République Démocratique du Congo est dans l’eau.

Le débordement des eaux de la rivière Rusizi II couplé avec la montée des eaux du lac Tanganyika fait peur aux habitants des zones Gatumba et Rukaramu. Les quartiers se transforment un à un en ruisseaux.

Les quartiers se transforment en de véritables ruisseaux

Petit à petit, les quartiers se transforment en de véritables ruisseaux. Çà et là, les enfants, torse nu, baignent dans les eaux troubles.  Les habitants craignent la propagation à grande échelle des maladies des mains sales, car nul ne doute qu’il y a des déchets ou de la matière fécale dans ces eaux. D’autres s’apprêtent à pêcher les poissons dans ces ruisseaux pour trouver de quoi manger. Les habitants ont vidé les lieux. Ils s’attroupent le long de la chaussée d’Uvira.

Les activités économiques paralysées

Le commerce ne va pas bon train. Les boutiques et les bistrots sont submergés. «Nous sommes dans une situation catastrophique. J’ai trois enfants. Je ne fais rien. Toutes mes activités économiques sont à l’arrêt.  Nous vivons ce désastre depuis mercredi le 12 mai 2021. Nous n’avons pas de quoi manger», déplore Maman Claude, une des victimes de cette catastrophe. Elle fait savoir que ses enfants ne cessent de pleurer suite à la faim. Les larmes aux yeux, elle laisse entendre : « Imaginez, depuis jeudi, ils ont mangé deux fois alors qu’ils sont habitués à avoir de quoi manger trois fois par jour. Les enfants baillent tout le temps suite à la fringale. C’est terrible».  Si cette situation persiste, cette mère s’attend à la propagation des maladies liées à la sous- alimentation.

L’éducation des enfants mise à mal

Selon les victimes du débordement des eaux de la rivière Rusizi II couplé avec la montée des eaux du lac Tanganyika, la plupart des enfants ne vont plus à l’école.  L’une des raisons avancée est que le matériel scolaire a été emporté par les eaux.  De plus, se rendre à l’école est un parcours de combattant suite au volume d’eau qui augmente tout le temps dans les quartiers. «Nous craignons donc que nos enfants soient emportés par les eaux», s’inquiète Maman Safi. Selon toujours elle, la plupart des écoles sont déjà sous l’eau. Pour celles qui sont encore fonctionnelles, y arriver n’est pas chose facile.

Certains doivent monter à bord des pirogues moyennant paiement des frais de déplacement. Tantôt, on paie 500 FBu, tantôt 1000 FBu. Le prix est fonction de la distance parcourue, nous informe Caritas Niyonkuru. Les pirogues effectuent des rotations pendant toute la journée. Cette maman fait remarquer qu’il n’est pas toujours  facile de trouver ces frais pour envoyer les enfants à l’école. Un autre facteur des abandons scolaires est que les parents craignent que leurs enfants  soient dévorés par les crocodiles ou les hippopotames.

Les victimes de cette catastrophe plongées dans une pauvreté sans nom

Une des victimes rencontrée au site de Kajaga situé le long de la chaussée d’Uvira fait savoir que le débordement de la rivière rusizi II couplé avec la montée des eaux du lac Tanganyika vient plonger les habitants des zones Gatumba et Rukaramu dans une pauvreté criante. «La plupart d’entre nous ont contracté des crédits énormes pour construire leur premier logement. On ne payait plus de loyers. Maintenant, nous sommes obligés de louer des maisons ailleurs, dans les autres quartiers qui ne sont pas inondés. Quel cauchemar!», se lamente Juma. Et de se demander où est-ce qu’on va trouver les moyens financiers, car les banques ne cessent d’opérer des retenues sur leurs salaires en guise de remboursement des crédits.

Les habitants ont vidé les lieux. Ils s’attroupent le long de la chaussée d’Uvira.

Attention au risque de dépression !

Selon lui, certains d’entre eux risquent de déprimer, car ils vivaient dans de bonnes conditions.  Maintenant, ils dorment à la belle étoile. Ils sont exposés à des calamités tant naturelles que surnaturelles (le froid, le vent, etc). Les moustiques les piquent à volonté. L’éducation des enfants n’est pas aussi facile à gérer. Dans ce sens, ils sont exposés aux violences basées sur le genre.

Urgent !

Dans l’urgence, les victimes demandent d’être assistés. Ils ont besoin de vivres pour manger, des tentes pour se construire de petites maisonnettes, d’eau potable, d’ustensiles de cuisine, etc. De surcroît, la mise en place des latrines dans les nouveaux sites de déplacés est une impérieuse nécessité.

L’administration interpellée pour secourir les sinistrés

Quatre hautes autorités du pays se sont rendues lundi le 17 mai 2021 sur les lieux pour constater les dégâts. Il s’agit des ministres de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité publique ; de la Solidarité Nationale, des Affaires Sociales, des Droits de la Personne Humaine et du Genre; des Infrastructures, de l’Equipement et des Logements sociaux; de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage. On a demandé aux victimes de respecter les mesures qui vont être prises dans l’objectif de les protéger. Une de ces mesures est de délocaliser  définitivement des ménages qui habitent dans les zones à très haut risque.

5000 personnes affectées

Déjà, selon les informations relayées par le ministère de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité publique, près de 5000 personnes sont déjà impactées par la montée des eaux des rivières Rusizi II, Mpanda et Kajeke. Les champs et les routes ont été submergés.

Le cimetière de Mpanda menacé

Et d’ajouter le cimetière de Mpanda qui est menacé par le débordement de la rivière Kajeke. Le site dénommé Diamond Garden a été touché. Lundi le 17 mai 2021, les travaux de curage de la rivière Kajeke ont commencé pour orienter les eaux de cette rivière vers leur lit habituel.  Dans l’optique de protéger les tombes contre les inondations, le propriétaire de ce site estime qu’il va falloir mobiliser  un montant de pas moins de 10 millions de FBu.   La zone Gatumba de la commune Mutimbuzi en province de Bujumbura demeure exposée aux inondations récurrentes, a indiqué CP Anicet Nibaruta, directeur général de la protection civile et secrétaire général de la plateforme nationale pour la réduction des risques de catastrophes  lors de la célébration de la journée internationale de la protection civile. Selon lui, du temps de la colonisation, il y avait des plantations de canne à sucre à Kiriba Ondes dans la République Démocratique du Congo.  Les eaux de la rivière Rusizi I étaient salées et faisaient chuter la production du sucre.

La rivière Rusizi I obstruée, une des causes de ce calvaire

Pour inverser la tendance,  Nibaruta fait savoir que les Belges ont obstrué cette rivière. Jusqu’à maintenant, les eaux de la rivière Rusizi I empruntent le lit de la rivière Rusizi II. Cette dernière charrie donc toutes les eaux qui proviennent du Rwanda, de Cibitoke, de Bubanza et de Bujumbura. Avec des bassins versants non aménagés, les crues viennent avec une forte pression. De surcroît, les alluvions charriés par les eaux de pluie s’entassent dans le lit de la rivière Rusizi II. Par conséquent, ce lit est débordé par les eaux de pluie. Le pire est que les caniveaux qui ont été aménagés pour évacuer le surplus des eaux de la rivière Rusizi II ont été détruits. Nibaruta fait remarquer que pour toutes ces raisons, tous les quartiers riverains de cette rivière sont inondés en cas de fortes pluies.

Nibaruta demande au gouvernement et aux partenaires techniques et financiers d’aménager les berges de la rivière Rusizi II. Les négociations avec la RDC pour drainer les eaux de la rivière Rusizi I sont aussi une urgence.  De plus, l’administration devrait organiser  la population pour qu’elle commence à entreprendre des actions de préparation aux catastrophes afin de prévenir les dégâts.  Le traçage des courbes de niveau et la plantation des arbres fixateurs sur les bassins versants pour diminuer la pression des eaux sont une nécessité. Sinon, Nibaruta signale que la zone de Gatumba restera exposée aux inondations récurrentes.  Notons que la délocalisation des victimes de cette catastrophe  par la police et les partenaires techniques et financiers de notre pays est en cours vers Maramvya, précisément sur le site dénommé Sobel.

A propos de l'auteur

Jean Marie Vianney Niyongabo.

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