Il y a peu, les maladies infectieuses telles que le paludisme, la tuberculose, le VIH, etc. étaient plus considérées comme des problèmes de santé publique. Actuellement même les maladies cardio-vasculaires, plus précisément les maladies thrombo-emboliques menacent la santé de la population. Burundi Eco s’est entretenu avec le Président de la SBC en marge du 3ème congrès de cardiologie qui s’est tenu vendredi le 20 septembre 2019
Alors que les maladies cardiovasculaires sont considérées comme la première cause de mortalité au niveau mondial, les maladies thrombo-emboliques sont la 4ème cause de mortalité. Ce qui en fait indéniablement un problème de santé publique au niveau mondial, mais également ici chez nous. Aucune étude n’a encore été faite au Burundi, mais « ce ne sont pas mes collègues qui me contrediront. Beaucoup de patients hospitalisés meurent de ces maladies », a indiqué Dr Constantin Nyamuzangura, Président de la SBC. Dans les services internes des hôpitaux nationaux, beaucoup de patients souffrent de thromboses veineuses, des embolies pulmonaires, d’Accidents Vasculaires Cérébraux (AVC) ou emboligènes, etc.
La transition épidémiologique, cause de l’augmentation des cas de maladies cardiovasculaires
Les maladies cardiovasculaires qui étaient considérées comme celles des pays riches sont de plus en plus présentes dans les pays en voie de développement. Ceci est dû à ce qu’on appelle la transition épidémiologique qui résulte en fait du changement du mode de vie, du stress caractérisant la vie moderne, de la mauvaise alimentation, de la sédentarité, de l’obésité, etc. L’augmentation des cas de maladies thrombo-emboliques s’inscrit dans ce cadre, a expliqué Dr Nyamuzangura.
Les maladies thrombo-emboliques présentes en milieu urbain, mais pas exclusivement
C’est vrai que les maladies thrombo-emboliques sont plutôt présentes chez les citadins. Mais le milieu rural n’est pas épargné pour autant. Et pour cause, parmi les facteurs de ces maladies, il y en a qui ont trait à hérédité, donc d’origine familiale qu’on appelle thrombophilie. Pour cela, il y a des gens qui sont plus enclin à faire des thromboses ou des caillots de sang plus que d’autres indépendamment de leur milieu ou de leur mode de vie, a fait savoir le Président de la SBC en marge du 3ème congrès de cardiologie.
12 cardiologues en tout pour à peu près 12 millions d’habitants
« Parmi les difficultés qui entravent la lutte contre ces maladies il y a le fait qu’il y a trop peu de spécialistes dans le domaine des maladies cardio-vasculaires. Ils sont une douzaine pour une population d’à peu près 12 millions d’habitants et 90% d’entre eux sont basés à Bujumbura. Cela équivaut à un cardiologue pour 1 million d’habitants. C’est trop peu », a déclaré Dr Nyamuzangura. La difficulté de diagnostic technique se pose aussi. Certaines de ces maladies nécessitent un diagnostic avec un scanner et des prises de sang assez complexes qui ne sont malheureusement pas accessibles ou disponibles sur place. Il ne faut pas non plus passer sous silence la difficulté thérapeutique. Certaines molécules indiquées pour traiter ces maladies ne sont pas disponibles sur le marché local, a souligné Dr Nyamuzangura.
Des Congrès annuels sont organisés pour éveiller les consciences
La SBC organise régulièrement des congrès à l’endroit des pouvoirs publics et d’autres partenaires pour éveiller les consciences et sensibiliser sur la problématique de ces maladies. « Nous leur demandons de prioriser les maladies chroniques non transmissibles, entre autres les maladies cardiovasculaires dont font partie les maladies thrombo-emboliques qui nous occupent aujourd’hui. Nous leur expliquons qu’il y a une transition épidémiologique.
Les maladies cardiovasculaires initialement non prépondérantes en Afrique y sont de plus en plus présentes. Nous demandons aux pouvoirs publics de s’impliquer autant qu’ils l’ont fait pour les maladies infectieuses », dixit Dr Nyamuzangura. La SBC, en plus de faire un plaidoyer auprès des partenaires de santé, assure des formations continues à l’intention des prestataires de soins au niveau national. Elle compte former tous les médecins sur le diagnostic et la prise en charge des pathologies cardiologiques parce que si elles ne sont pas diagnostiquées elles ne seront pas prises en charge.
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