Entrepreneuriat

A la rencontre d’une tricoteuse de profession

Un des métiers les moins en vue au Burundi, le tricotage peut permettre aux ménages de ceux qui l’exercent d’augmenter leurs revenus. Dans un contexte socio-économique caractérisé par une forte augmentation du taux de chômage, certaines gens se débrouillent par la pratique de différents métiers. Burundi Eco a tendu le micro à une femme tricoteuse    

« On ne doit pas seulement vivre de ce qu’on a appris à l’école, mais de tout ce que l’on sait bien faire », a-t-on souvent entendu de la bouche de la plupart des politiciens et des coachs en entrepreneuriat. Mme Aline Ndayikengurukiye l’a compris. Après avoir terminé ses études dans la section Juridique, elle n’a pas pu décrocher un emploi. Elle raviva alors son talent de tricoteuse acquis dans l’enfance. « J’avais depuis mon jeune âge une grande passion pour la broderie et le tricotage », se rappelle-t-elle. 

Bien qu’elle fût en quête d’un job, Ndayikengurukiye a d’abord puisé dans sa passion. Tout au commencement, elle fabriquait des objets dont elle avait besoin elle-même. C’est par la suite que j’ai reçu les commandes des clients qui avaient remarqué petit à petit mon talent. «C’est par après que j’ai continué à recevoir des commandes», affirme-t-elle.

Tricoteuse autodidacte, Ndayikengurukiye devra accélérer sa documentation sur internet pour avoir une connaissance plus élargie sur le fonctionnement de l’industrie du crochet. Aujourd’hui, sa production est largement variée. Des vêtements pour enfants et  adultes, différents objets d’ornement comme des fleurs et des napperons, des sacs à dos ou sacs à main …font partie de ses productions. 

Aline Ndayikengurukiye : « Je rêve de pouvoir mettre sur pied une grande entreprise, d’engager beaucoup de personnes et d’élargir mon marché ».

Une aventurière qui se cherche encore

Son ambition est grande. Cependant, elle peine à s’affirmer en tant qu’entrepreneure. Quatre ans après son lancement, le chemin reste encore long devant elle. Poursuivant son rêve, Ndayikengurukiye s’est alliée à une autre femme qui pratique le même métier à un certain moment. « Nous avions trouvé un emplacement au centre-ville pour disposer d’une adresse.  Cet emplacement dans le centre-ville leur avait permis de se faire une certaine réputation auprès de la clientèle.  « Nous avions gagné des clients sur le marché local. Nous recevions aussi des commandes au niveau de la diaspora burundaise à l’étranger », explique-t-elle. Pour elle, cela a été l’occasion pour élargir le marché. 

Quand l’administration a décidé de détruire les constructions anarchiquement installées dans la ville de Bujumbura, Mme Ndayikengurukiye et son amie ont été obligées de recommencer à zéro. « La clientèle a commencé à diminuer au fur du temps, car nous n’avions plus d’adresse physique », indique-t-elle. Finalement, les deux femmes qui n’avaient plus d’adresse où se rencontrer ont fini par rompre leurs relations. « Il n’était plus possible de collaborer dans la publicité de nos activités  et dans la recherche des marchés », regrette Ndayikengurukiye qui croit pourtant en un travail de synergie.

Des espoirs d’aller plus loin malgré des obstacles

Déroutée dans sa volonté de devenir entrepreneure dans le domaine de l’artisanat,  Ndayikengurukiye a néanmoins continué à exercer son métier de tricoteuse. Aujourd’hui, elle a formé une autre femme avec qui elle partage le travail. « J’ai une grande vision et je voudrais développer davantage mon métier tout en formant les individus qui veulent l’exercer. Je rêve après tout de pouvoir mettre sur pied une grande entreprise, d’engager beaucoup de personnes et d’élargir mon marché sur le plan tant national qu’international », explique-t-elle avant d’ajouter qu’elles voudraient accueillir plus d’apprenants afin d’agrandir l’équipe. Elle déplore cependant le fait que beaucoup de personnes comprennent mal le métier de tricoteur. 

Selon elle, le premier problème auquel elles sont confrontées est le manque de financement. « Nous manquons d’outils modernes pour produire beaucoup, car ces derniers coûtent cher », explique-t-elle. Mme Ndayikengurukiye affirme ne pas être au courant du Programme d’Autonomisation Economique et d’Emploi des Jeunes (PAEEJ) initié par le gouvernement du Burundi pour aider les jeunes entrepreneurs à lancer leurs affaires. Mais elle dit avoir déjà une idée bien claire de son projet d’implanter un magasin où elle vendrait les produits d’art de sa marque.

Actuellement, elle s’allie à l’association « Organisation Santé pour Tous-Imboneza » dont l’un des objectifs est de valoriser l’art pour lutter contre la pauvreté. 

A propos de l'auteur

Jonathan Ndikumana.

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