A l’approche de la saison culturale 2025B, l’International Fertilizer Development Center (IFDC) et ses partenaires lancent une vaste campagne de sensibilisation sur les bonnes pratiques pour réduire l’acidité des sols. Les exploitants agricoles sont invités à bien appliquer la dolomie dans un cadre intégré pour améliorer le rendement agricole.
En date du 21 au 22 janvier 2025, IFDC en collaboration avec le ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage a officiellement lancé la campagne d’application de la dolomie pour corriger l’acidité du sol à travers son projet pilote Dolomie, mis en œuvre par neuf organisations. La démonstration a eu lieu sur la colline Mutobo, dans la commune de Ruhororo, en province de Ngozi. Zone d’intervention de l’ADISCO.
Lors d’une séance de démonstration, Paul Kanyebeti, point focal projet pilote dolomie dans les provinces de Ngozi commune ruhororo et de Kayanza en commune kabarore a insisté sur la nécessité de connaître le degré d’acidité du sol avant d’appliquer la dolomie. Selon lui, les études ont montré qu’un sac de 25 kg de dolomie suffit pour traiter 2,5 ares de terre acide ayant un pH de 5,4, soit une tonne par hectare. Pour simplifier les mesures d’application, il suffit de mesurer 25 mètres de long sur 10 mètres de large pour déterminer l’espace à traiter avec un sac de 25 kg de dolomie.
Il a souligné que l’application excessive de dolomie représente une perte d’argent, tout comme son insuffisance, qui peut nuire à la production.
Les bonnes pratiques lors de l’application de la dolomie
Une bonne utilisation de la dolomie consiste à l’incorporer dans le sol acide avant le semis. Après l’application, il est conseillé d’attendre une période allant de deux semaines à un mois avant de semer, a expliqué Oscar Nduwimana, responsable du projet pilote Dolomie. Pour renforcer son efficacité, ce spécialiste révèle qu’une fois la phase de poudrage clôturée, on mélange soigneusement la terre avec de la dolomie jusqu’à une profondeur minimale de 15 cm. Ce qui facilite le développement des racines des plantes. Dans le cas contraire, cette substance carbonatée peut être emportée par le vent ou l’érosion. »
Un autre facteur à prendre en compte lors de l’application de la dolomie est la direction du vent qui peut fausser les estimations. Il est donc préférable de commencer l’application en suivant la source du vent pour empêcher que ce produit soit transporté par vent.
M .Nduwimana a également rassuré les agriculteurs sur l’usage de la dolomie, soulignant qu’elle ne constitue pas une menace pour la dégradation du sol. Il a révélé que cet amendement provient des calcaires dolomitiques concassés et broyés par les usines de production, supervisées par l’Institut des Sciences Agronomiques du Burundi (ISABU). Cet institut prélève des échantillons et approuve que la dolomie produite respecte les normes de qualité. « Nous ne pouvons pas accepter une commande de dolomie qui ne remplisse pas les normes de l’ISABU », a-t-il déclaré.
IFDC aux côtés des agriculteurs locaux
Le projet pilote Dolomie soutenu par IFDC vise à sensibiliser les agriculteurs sur l’utilisation de la dolomie pour amender les sols acides et restaurer leur fertilité. Des études menées par cette organisation en collaboration avec ISABU ont révélé que plus de 73 % des terres arables du pays sont acides. Ce qui a un impact négatif sur la production agricole.
Pour inverser cette tendance et doper la production agricole, IFDC a décidé de soutenir les efforts du gouvernement en mettant en place ce projet pilote. Celui-ci servira de modèle pour les agriculteurs quant à l’application de cet amendement du sol.
« Bien que le nombre de bénéficiaires de ce projet pilote soit limité pour l’instant, nous espérons qu’il encouragera un plus grand nombre d’agriculteurs à se procurer de la dolomie via le PNSEB après avoir constaté les meilleurs rendements au niveau des champs de démonstration », a expliqué Nduwimana.
Il a toutefois précisé que l’amélioration des rendements agricoles ne dépend pas uniquement de l’application de la dolomie, mais aussi de l’utilisation d’autres fertilisants, telles que les fumures organiques et les semences sélectionnées. C’est pourquoi l’IFDC a mis en place le projet PSSD (Private Seed Sector Development) qui soutient les entrepreneurs semenciers pour promouvoir la multiplication des semences sélectionnées dont les agriculteurs ont besoin pour améliorer la production.
Le responsable du projet pilote Dolomie a également mentionné qu’en général, la dolomie est appliquée dans les sols acides une fois tous les deux ans en fonction du degré d’acidité.
Un projet en adéquation avec la vision du gouvernement
Après avoir souligné l’importance de l’agriculture pour atteindre les objectifs à long terme du pays, Canesius Nkundwanayo, Directeur Général de l’Agriculture, de l’Elevage, de la Vulgarisation et de la Mobilisation pour l’Auto-Développement qui a représenté le ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage dans ces activités a salué le partenariat entre IFDC et le ministère pour améliorer la production agricole. Il a exprimé sa gratitude envers cette organisation, qui, en plus de sa grande contribution à la réalisation de la carte d’acidité des sols en collaboration avec l’ISABU, se distingue par la promotion de la dolomie qui constitue la meilleure solution pour éradiquer l’acidité des sols. Il a précisé que les cartes d’acidité des sols sont désormais disponibles dans les divers bureaux administratifs.
M. Nkundwanayo a réaffirmé que l’engagement de l’Etat, de ses partenaires et des autorités administratives permettra au Burundi d’atteindre son émergence avant 2040. Il a conseillé aux agriculteurs d’utiliser la dolomie dans un cadre intégré, en la combinant avec d’autres intrants agricoles, notamment la fumure organique, la fumure organo-minérale et les bonnes semences, pour obtenir un meilleur rendement.
De son côté, Minani Désiré, gouverneur de la province de Ngozi, a encouragé les résidents de sa province à continuer de protéger leurs sols en creusant des courbes de niveau pour améliorer leur productivité. Il se réjouit de la production agricole de cette province qui soutient de nombreux Burundais. Ce qui justifie l’intérêt croissant du ministère en charge de l’Agriculture et de ses partenaires. Ils soutiennent régulièrement les agriculteurs et éleveurs de cette localité. Il a sollicité IFDC pour étendre ses projets aux autres communes qui n’ont pas été couvertes par ce projet pilote. Il a appelé les agriculteurs à profiter des subventions de l’Etat pour acheter les intrants agricoles afin de booster la production.
Cette séance de démonstration de l’application de la dolomie a également eu lieu dans les communes de Muruta et Kabarore, en province de Kayanza, mercredi le 22 janvier 2025. Les autorités communales et provinciales de cette province ont aussi participé à cette démonstration
Les bénéficiaires ravis
Entouré d’une foule d’agriculteurs venus nombreux pour assister aux séances de démonstration, Philippe Baryitwaze, chef de colline à Muruta a exprimé sa gratitude envers IFDC pour son initiative de former les producteurs sur les techniques d’application de la dolomie, en plus de la grande quantité de dolomie distribuée gratuitement aux agriculteurs de la colline et de ceux des autres régions.
« Désormais, nous savons exactement la dose à utiliser pour traiter l’acidité des sols. Certains d’entre nous pensaient que la dolomie est un fertilisant, mais nous avons appris qu’il s’agit en réalité d’un amendement pour traiter l’acidité des sols. Nous avons appris les méthodes à suivre pour l’appliquer correctement et on va suivre l’exemple », a-t-il indiqué avant d’exprimer sa détermination à transmettre ces bonnes pratiques à ceux qui n’ont pas pu participer à cette démonstration.
IFDC soutient de nombreux agriculteurs du pays. Il collabore avec la population agricole dans 45 communes réparties sur 15 provinces du Burundi.
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