Au Burundi, le marché des matériaux de construction est instable. Ces derniers mois, les prix de plusieurs articles sont en hausse. Les difficultés liées au contexte du commerce international ont eu des retombées directes sur le niveau des prix. Les commerçants décrivent une situation difficile surtout en matière d’approvisionnement
Les turbulences d’une économie mondiale convalescente et bousculée par les conflits armés pèsent sur l’économie burundaise déjà fragilisée par la pénurie de devises. Sur le marché local, le commerce des matériaux de construction fait face à des défis divers.
Les données de l’Institut des Statistiques et Etudes Economiques du Burundi (ISTEEBU) témoignent d’une grande instabilité des prix. Au mois de juin 2022, cet institut révèle dans son rapport trimestriel une hausse moyenne annuelle des prix de 9%. « En glissement annuel, le coût des matériaux de construction des maisons à usage d’habitation observe une hausse annuelle de 9% au mois de juin 2022 », mentionne le récent rapport trimestriel de l’ISTEEBU.
Ainsi, les données de l’ISTEEBU montrent que les prix sont encore partis en hausse sur l’ensemble des composantes. La composante « matériaux de construction » aura enregistré une hausse de 9,6%. La composante « main d’œuvre » aurait connu une hausse de 4,7%, la composante « matériel et location du matériel » a enregistré une hausse de 13,3 % tandis que les dépenses liées aux « moyens de gestion » auront augmenté de 30,9%. Au mois de mars 2022, ce taux moyen calculé sur une année était de 14,2 %. Ce qui montre une grande instabilité au niveau des prix.

Le commerce des matériaux de construction reste marqué par une hausse des prix chaque année.
Le ciment, premier article au prix le plus changeant
Selon François Bukuru, un jeune commerçant des matériaux de construction, les prix varient beaucoup et sur une courte période. Bukuru part des exemples pour illustrer la situation. « Un sac de « ciment Dangote » qui coûtait entre 35000 et 36000 FBu il y a un mois s’achète aujourd’hui entre 38000 et 40000 FBu», indique-t-il. Pour un sac de «ciment Simba» importé de la Tanzanie, le prix a déjà varié de 35000 à plus de 36000 FBu, plafonnant parfois à 38000 FBu. Pour ce trader, le marché des matériaux de construction impose le mouvement à chaque commerçant. « Quand il y a moins de stocks, les prix montent », explique-t-il.
Pour ce qui est du « ciment Buceco », il n’en revient pas. « Nous ne savons pas ce qui se passe autour de Buceco », affirme ce commerçant qui gagne son pain dans la commercialisation du ciment. Malgré son prix officiel toujours fixé à 24500 FBu le sac de 50kg, ce ciment produit localement est vendu à plus de 30 000 FBu par sac de 50 kg sur le marché. Notre source souligne la persistance de la pénurie de ce produit et se moque du prix officiel. « Quand un camion chargé du ciment Buceco arrive ici, toute cette quantité est épuisée dans les quelques minutes qui suivent.
Un climat des affaires difficile
Les commerçants rencontrés au quartier asiatique de la ville de Bujumbura affirment travailler dans un climat tendu. Risque de rupture de stock, spéculation sur certains matériaux de construction née de la pénurie de certains produits comme le ciment Buceco, manque de devises… plombent le marché.
Blottie dans un fauteuil derrière son bureau, Anne Kabirori, une quadragénaire lunettée, accepte timidement de se confier à nous. Cette femme d’affaire qui dit s’approvisionner chez les grossistes de Bujumbura indique que la cherté des marchandises conduit à la diminution des clients. Ceci vient compléter les propos d’un vieux monsieur qui affirme être venu régler ses factures après la livraison des vitres. C’est un client fidèle de Kabirori. Il dit avoir retardé son chantier à cause de la variation des prix des matériaux de construction. « On est obligé de ralentir les activités pour question de moyens. On ne peut pas faire autrement », se résume-t-il.
D’après un gérant d’un magasin interrogé, les commerçants sont parfois obligés d’attendre l’arrivée des articles commandés. Dans son magasin presque vide, plusieurs articles ne s’observent plus sur les étals sont épuisés. « Il ne me reste que des échantillons », dit-il, en nous invitant de la main à regarder. Un autre propriétaire affirme que le manque de devises serait aussi à l’origine de certaines difficultés.
Le commerce des matériaux de construction reste marqué par une hausse des prix chaque année. Ce qui freine le développement de l’habitat pourtant encouragé par l’Etat et inscrit dans les priorités du Plan National de Développement (PND). De toutes les façons, le gouvernement devrait trouver les moyens de faciliter davantage la commercialisation des matériaux de construction, car elle est toujours parsemée d’embuches.
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