Le projet de la construction des digues de protection sur la rivière Rusizi traine à se concrétiser. Cela dans l’optique de renforcer la résilience des habitants de la zone Gatumba qui sont souvent victimes des effets du changement Climatique. Pourtant, un environnementaliste ne voit pas l’opportunité de ces digues, car Gatumba est une zone agricole
Au moment où la saison des pluies pour l’année agricole 2023‐2024 approche, l’espoir de la construction des digues de protection sur la rivière Rusizi pour renforcer la résilience des habitants de la zone Gatumba s’étiole progressivement.
Dans un atelier de vulgarisation de la loi portant fixation de la loi du budget de l’Etat 2023‐2024 organisé le 7 août 2023 en Mairie de Bujumbura, le ministre des Finances, du Budget et de la Planification Economique Audace Niyonzima a fait savoir que la construction des digues de protection sur la rivière Rusizi n’est pas prévue dans le budget de cette année. Il n’y a même pas d’études sur ces travaux qui ont été déjà réalisées.
Un cadre du ministère de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique contacté ajoute que le projet de construction de ces digues n’est pas pour demain.
Pourtant, Anicet Nibaruta, directeur général de la protection civile et président de la plateforme nationale pour la réduction des risques de catastrophes avait annoncé ces derniers jours qu’un montant de 350 000 USD est disponible pour construire ces digues.
Il a fait remarquer que l’OIM (Organisation Internationale pour les Migrations) a accepté de venir en aide à ces victimes des inondations pour faciliter les travaux de la construction de ces digues. «380 ménages de sinistrés recevront chacun une somme de 525 mille BIF pour leur permettre d’aller chercher des maisons à louer ailleurs pour 3 mois», a-t-il précisé.
Des digues de protection sur un linéaire de 2 Km
Il a ajouté que cela facilitera les travaux de construction d’une digue le long de la Rusizi. « L’eau aura reculé et pour la digue, le PNUD a promis de s’occuper des travaux de sa construction. Ce sera une digue de 2 km de part et d’autre de cette rivière avec une hauteur de 2 m et une largeur de 6 m. Les habitants de Kinyinya à Gatumba et Kigaramango seront protégés contre les inondations», a éclairci Nibaruta.
Il a indiqué que le problème se pose dans les quartiers de Mushasha I et Mushasha II où les inondations sont dues à la montée des eaux du lac Tanganyika. Si l’eau ne recule pas, il a souligné que les habitants de ces zones seront installés dans des sites ».
Cependant, au moment où l’Etat et ses partenaires ont besoin de moyens pour renforcer la résilience des habitants de la zone Gatumba, Tharcisse Ndayizeye, professeur d’université et environnementaliste a fait savoir dans une interview accordée au groupe de presse Iwacu que Gatumba n’est pas une zone habitable.
« L’administration et les habitants de la zone Gatumba savent très bien que ces inondations ne vont pas s’arrêter. Alors, pourquoi au moindre repli d’eau de la rivière Rusizi, ils retournent s’installer là ? Je pense qu’il y a d’autres activités qui peuvent s’exercer à Gatumba», argue‐ t‐ il
Gatumba, une zone agricole
Il explique qu’il y a des cultures qui ont besoin de beaucoup d’eau qu’on peut développer à cet endroit. C’est à titre illustratif le riz. Une autre raison évoquée est que cette zone est fertile suite aux alluvions et sédiments charriés par la rivière Rusizi. Ils sont très riches en éléments nutritifs, car tous les fertilisants qu’on utilise pour cultiver dans les montagnes finissent leur course dans la zone Gatumba.
Pour toutes ces raisons, Ndayizeye indique que les habitants de cette zone devraient être installés ailleurs et laisser la place aux riziculteurs.
Selon lui, il n’est pas facile de maîtriser les inondations à Gatumba même si on construit des digues de protection sur la rivière Rusizi. Si on fait des projections sur les alluvions qu’accumule la rivière Rusizi d’année en année, Ndayizeye indique qu’après 20 ans, 30 ans et plus les inondations vont refaire surface.
Les habitants de la zone Gatumba dans le désarroi
L’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) affirme que les habitants de la zone Gatumba vivent dans un calvaire inouï suite aux inondations récurrentes. Ils ont été contraints de chercher refuge dans les écoles, les églises ou parfois dans des abris de fortune improvisés au bord de la RN4.
En plus de l’effondrement de leurs maisons, cette organisation indique que beaucoup de gens ont perdu leurs moyens de subsistance car les inondations ont endommagé les récoltes. Le commerce a également été impacté.
Cette situation est à l’origine du déplacement de 10.000 ménages dans la même zone en avril 2023 selon la matrice de suivi des déplacements (DTM) de l’OIM.
Notons qu’au niveau mondial, le Burundi fait partie des 20 pays les plus vulnérables au changement climatique, a souligné l’OIM, relevant que la situation pourrait s’aggraver car le changement climatique intensifie l’occurrence et l’impact des aléas naturels.
Est ce que vous pouvez écrire un article sur comment le Burundi est vulnérable au changement climatique ? Comment doit on se préparer ? Quelles zones sont les plus vulnérables ?