Si le code de l’eau interdit de construire dans les 150 m à partir des bords du lac Tanganyika, le constat est tout autre. Des maisons d’habitation ou des infrastructures socio-économiques surtout en dur poussent comme des champignons. Les plages de Kajaga sont un cas d’exemple
Le code de l’eau prévoit qu’une largeur de 150 m pour le lac Tanganyika à partir des bords ou des rives devraient être protégés compte tenu du niveau le plus élevé qu’ont atteint les eaux dans leurs crues périodiques. Cette prévision est de 50 m pour les autres lacs du pays, 25 mètres sur chacun des bords des affluents du lac Tanganyika et de 5 m pour les autres rivières du pays.
Une triste réalité
Sur terrain, la réalité est toute autre. Le code de l’eau est loin d’être respecté sur le lac Tanganyika (mettons de côté ses affluents). Des bâtiments en dur naissent comme des champignons sur le littoral du lac Tanganyika. Il suffit de visiter les plages de Kajaga pour constater les faits. Des infrastructures socio-économiques, des maisons d’habitation, des hôtels de luxe y sont érigés. D’autres sont en cours de construction.
Certes les droits d’usage ou de concession peuvent être accordés suivant quelques modalités selon le code de l’eau, mais le ministère en charge de l’eau doit veiller à ce que les règlements et décisions d’utilisation de l’espace territorial permettent, en cas d’inondations, de réduire autant que possible les dommages causés aux personnes et aux biens.
A voir ce qui se fait actuellement sur le lac, il semble que cette mission n’est pas mise en œuvre. Les constructions en dur qui s’y effectuent peuvent être endommagées en cas de probable montée des eaux de ce lac. Les conséquences liées au non respect des dispositions du code de l’eau pourraient être non négligeables. Les inondations causées par la montée des eaux du lac Tanganyika d’il y a deux ans sont une preuve tangible des pertes subies en cas de non-respect du code l’eau. Plus de 52 mille personnes ont été touchées, selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) . Des maisons d’habitation, des infrastructures socio-économiques ont été détruites par les eaux. Des champs de cultures ont été également emportés.
Si les précédentes inondations ont occasionné des pertes, certaines personnes, notamment les investisseurs n’hésitent pas actuellement pas à construire des infrastructures en dur dans les zones tampons sur la rive du lac Tanganyika. Certains vont jusqu’à occasionner l’arrêt de certaines activités génératrices de revenus. Le port de pêche de Kajaga est un cas à relever. Ce port qui date de la nuit des temps risque d’être fermé d’ici peu. Un projet d’un particulier qui veut y développer son business est en phase d’être lancé.
Toutefois, les pêcheurs affirment avoir des documents de l’administration provinciale de Bujumbura leur accordant cette plage. Ils ont des inquiétudes quant aux constructions qui envahissent leur port de débarquement. Ils disent n’avoir plus d’espace d’accostage pour leurs bateaux de pêche.
Un espace de marchepied d’une largeur de 4 mètres prévu
Au moment où certains exploitants des plages bloquent l’accès aux rives du lac Tanganyika, le code dit autre chose. Un espace de marchepied d’une largeur de 4 mètres destiné à permettre le libre passage du matériel et des engins de contrôle, de curage, d’entretien et d’exploitation est prévu. Dans cet espace de marchepied ne peut être aménagé aucune construction, clôture ou plantation à l’exception des plantations de nature à protéger ou à stabiliser, à embellir ou à orner les bords du lac.
Les ressources en eau susceptibles d’être polluées compte tenu de leur emplacement ou des activités ou comportements suspects dans le voisinage sont soumises à des contrôles périodiques de leurs caractéristiques physiques, chimiques, biologiques et bactériologiques.
La conception, l’exécution et l’exploitation des ouvrages et bâtiments à usage d’habitation ou autre installés dans les zones d’écoulement ou dans les zones inondables doivent respecter le libre écoulement des eaux selon le code de l’eau.
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