Le double scrutin législatif et communal du jeudi 5 juin 2025 s’est tenu sur l’ensemble du territoire burundais dans un climat globalement serein. Des équipes de journalistes mobilisées dans le cadre de la synergie des médias ont observé de près le déroulement des opérations électorales à travers toutes les provinces, notamment à Bujumbura, Buhumuza, Burunga, Butanyerera et Gitega. Une affluence matinale significative et une organisation plutôt fluide ont été constatées dans de nombreuses localités.
Si quelques incidents isolés sont venus troubler la sérénité du scrutin, ils n’ont pas entaché, selon de nombreux observateurs, le caractère pacifique et ordonné de cette journée électorale.
A Bubanza, dans la province de Bujumbura, les premiers électeurs s’étaient déjà formés en file dès l’aube devant le centre de vote de l’ITABU Kivyuka. Selon Jessé Mechisedeck Ntirampeba, président de ce centre, plus de 2 540 électeurs étaient attendus, répartis dans six bureaux. Les mandataires des partis CNDD-FDD et CNL ainsi que des observateurs de l’Eglise catholique étaient présents dès l’ouverture des bureaux, assurant une certaine transparence du processus. Une organisation similaire a été signalée dans d’autres localités, notamment à Mpanda.
A Muyinga, dans la province de Buhumuza, la Commission Electorale Communale Indépendante (CECI) a ouvert ses 140 centres de vote à 6h précises, accueillant un total attendu de plus de 220 000 électeurs, selon son président Pascal Ntirandekura. Dans certains centres tels que l’Ecofo Muyinga III et IV, les électeurs affluaient dès 5h45. Aucun incident logistique majeur n’a été rapporté, même si dans la majorité des bureaux, seuls les mandataires du CNDD-FDD et de l’UPRONA étaient visibles.
Une mobilisation marquée des autorités et des figures nationales
Le président de la République, Evariste Ndayishimiye, a accompli son devoir civique dans sa province natale de Gitega, en compagnie de la première dame et de certains de leurs enfants. A la sortie du bureau de vote, il s’est dit satisfait du bon déroulement des élections, y voyant un signe de maturité démocratique et de patriotisme. Il a également salué la présence d’observateurs internationaux, notamment ceux de l’Union africaine et de l’organisation suisse Nonviolent Peaceforce (NP).
Dans la province de Butanyerera, à Mwumba, l’ancienne première dame Denise Nkurunziza a voté tôt le matin à l’Ecofo Buye. Elle a rappelé que le vote constitue à la fois un acte de patriotisme et une fierté pour tout citoyen responsable.
De son côté, le président du Sénat, Emmanuel Sinzohagera, s’est également rendu aux urnes. Il a salué la mobilisation massive des Burundais et le caractère pacifique de la campagne électorale, qualifiant le tout de « signe évident de démocratie ». Il a invité l’ensemble des citoyens à respecter le verdict des urnes, en toute responsabilité.
Des irrégularités dénoncées par certains candidats et partis
Malgré une atmosphère globalement apaisée, des irrégularités ont été signalées dans plusieurs localités. A Bujumbura, le candidat indépendant Dieudonné Nahimana a fait part de ses préoccupations, soulignant que certains électeurs auraient voté sans carte d’électeur. Il a également dénoncé le fait que plusieurs de ses mandataires n’aient pas été autorisés à exercer leur rôle, sous prétexte de retard. Il a annoncé son intention de porter plainte auprès de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI).
Le parti Alliance pour la Paix, la Démocratie et la Réconciliation (APDR), tout en saluant la mobilisation populaire, a exprimé son inquiétude face à l’absence d’observateurs de certains partis politiques dans plusieurs bureaux de vote. Son président, Gabriel Banzawitonde, a toutefois appelé les Burundais à faire confiance aux institutions en charge du processus électoral.
Au Nord du pays à Kirundo et à Vumbi, deux électeurs ont été arrêtés pour avoir volontairement déchiré leurs bulletins de vote. Le procureur de la République a annoncé l’ouverture d’un procès en flagrance. Le tribunal de grande instance de Kirundo les a jugés le soir même : Clizane Mutarambirwa a été condamné à une amende de 200 000 BIF pour trouble électoral, tandis qu’Eloge Mugabo a écopé d’une amende de 250 000 BIF pour les mêmes faits, aggravés par la détention et la consommation de stupéfiants.
A Cankuzo, Havyarimana Désiré a été interpellé pour avoir quitté le bureau de vote avec un fragment de bulletin qu’il aurait préalablement mutilé. Bien qu’il ait plaidé une confusion liée à son état de santé, les autorités judiciaires ont retenu un geste délibéré et ouvert une procédure à son encontre.
Le dépouillement s’est déroulé dans le calme
Dès la fermeture des bureaux de vote à 15h, les opérations de dépouillement ont été enclenchées dans les différentes localités. A Kayanza, notamment dans les centres de l’ECOFO Magamba et de l’ECOFO Karunyinya III (commune Muruta), les bulletins ont été comptés en présence des mandataires du CNDD-FDD et de l’UPRONA, dans une atmosphère calme. Le processus s’est poursuivi dans les autres provinces sous la supervision des observateurs accrédités, jusqu’en début de soirée, voire 20h dans certaines zones.
L’acheminement du matériel électoral vers les bureaux de la CECI s’est effectué dans la foulée. Ce vendredi 6 juin est consacré à la compilation des résultats en provenance des différents centres de vote. Les résultats provisoires sont attendus dans une semaine, tandis que la publication des résultats définitifs est prévue pour le 20 juin.
Plus de six millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour élire à la fois les députés à l’Assemblée nationale et les conseillers communaux. A cette fin, plus de 14 000 bureaux de vote avaient été aménagés à travers le pays, mobilisant des milliers d’agents électoraux et de volontaires.
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