Genre

Elizabeth et violette : « devenir soudeuses ou rien »

Au Centre d’Enseignement des Métiers de Ruzo, nous rencontrons Violette Bigirimana et Elisabeth Ndihokubwayo. Ces deux jeunes femmes, originaires de cette province se forment au métier de soudure. Un métier qui est presqu’inexistant dans leur localité et que la société burundaise considère généralement comme réservé exclusivement aux hommes. Pour ces deux filles, c’est une histoire de passion. Elles partagent avec nous leur aventure.

Malgré les défis, ces deux jeunes femmes n’ont pas l’intention d’abandonner le métier de soudure.

« Dans le monde d’aujourd’hui, il n’y a plus de métiers exclusivement réservés aux garçons ou aux filles », affirme Elizabeth Ndihokubwayo, âgée de 22 ans. Elle se forme au métier de soudure au Centre d’Enseignement des Métiers de Ruzo dans la commune de Giteranyi, de la province de Muyinga. « Lorsque je suis venue m’inscrire dans ce centre d’apprentissage des métiers, j’ai d’abord demandé au directeur de me présenter les différentes filières disponibles. J’étais très heureuse d’apprendre qu’on enseigne ici le métier la soudure », témoigne-t-elle. Après son inscription, elle a passé la première semaine en classe étant la seule fille à apprendre la soudure. « Cela ne m’a pas du tout découragée. Heureusement, une autre fille m’a rejoint la semaine suivante », ajoute-t-elle.

Cette autre fille était Violette Bigirimana, âgée de 22 ans. Au mois de septembre dernier, elle a entendu dire qu’une filière de soudure serait mise en place au Centre d’Enseignement des Métiers de Ruzo. Cette nouvelle l’a beaucoup réjouie. « J’ai choisi ce métier, car il est presqu’inexistant dans notre localité. Les soudeurs de mon entourage se limitent à des tâches basiques. Il n’y a pas de soudeurs ici capables de fabriquer de grands meubles tels que des portes, des fenêtres, etc. », explique-t-elle.

Un chemin épineux

Comme le racontent ces futures soudeuses, cette aventure était parsemée d’embûches. Elles nous racontent qu’elles ont subi beaucoup de découragement de la part de leur entourage. « Parfois, on me décourage en me disant que ce métier ne m’aidera à rien, car il ne se pratique pas dans mon entourage à cause du manque d’électricité. Et je leur réponds souvent que même si je n’arrive pas à le pratiquer ici, je pourrai aller l’exercer ailleurs », justifie Mlle Ndihokubwayo.

« Les soudeurs sont parfois injustement accusés de délinquance par la société. Ce sont ces préjugés que certains utilisent pour me décourager. Mais puisque je suis venue apprendre ce métier de ma propre volonté, cela ne me décourage pas du tout », témoigne Mlle Bigirimana. Malgré ces défis, ces deux jeunes femmes n’ont pas l’intention d’abandonner le métier de soudure. Au contraire, elles rêvent d’aller de l’avant dans leur métier et de créer leur propre emploi.

Elles demandent qu’il y ait davantage de centres d’enseignement des métiers dans leur localité. « Parfois, il n’est pas facile pour une fille d’aller demander à un soudeur de son entourage de lui apprendre ce métier. Mais quand elle parvient à l’apprendre dans un centre comme celui-ci, cela devient plus facile », assure Bigirimana.

Aux autres filles qui croient que ce métier est réservé exclusivement aux garçons, « je leur dirais que dans le monde d’aujourd’hui, il n’y a plus de métiers exclusivement masculins ou féminins. J’appelle d’autres filles à venir s’inscrire massivement dans cette filière », conclut-elle.

A propos de l'auteur

Florence Inyabuntu.

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