Au Burundi la question liée à l’existence des salariés de l’Etat fictifs est devenue légendaire. Depuis plus de dix ans, les « fonctionnaires fictifs » apparaissent dans les dossiers du ministère de la Fonction Publique, malgré la modernisation des moyens de listing des fonctionnaires dans cette institution. Cependant, la lumière n’a jamais été donnée sur ces cas.
Le ministère en charge de la fonction publique a annoncé, fin mars 2023 de nombreux cas frauduleux dans les listings des salariés de l’Etat. Selon Déo Rusengwamihigo, ministre de la Fonction Publique, plus de 430 fonctionnaires fictifs continuaient à percevoir les salaires.
En mai, lors de la réunion d’information et de Formation à l’intention des directeurs provinciaux et communaux de l’Education sur le recensement du personnel de l’enseignement, le ministre ayant l’éducation dans ses attributions François Havyarimana a évoqué une liste longue de 4454 enseignants fictifs.
Visiblement, la pratique se perpétue malgré l’utilisation d’un logiciel considéré comme un outil de traque contre les dossiers fictifs dans le listing des fonctionnaires de l’Etat. Si le ministre de la Fonction Publique a affirmé avoir pris la décision de suspendre les salaires des fonctionnaires introuvables au travail, il faut reconnaître qu’il s’agit d’une énorme perte pour le Burundi, un pays dont l’économie est caractérisée par une très mauvaise performance.
Retour à la case départ ?
L’histoire de fonctionnaires fictifs n’est pas nouvelle au Burundi. Cette problématique a été révélée depuis bien longtemps. En 2011, environ 5.000 fonctionnaires fictifs ont été débusqués au Burundi. A cetteépoque, les autorités évaluaient la perte à 15 milliards de francs burundais par an.
En avril 2022, le ministre de la Fonction Publique, du Travail et de l’Emploi Dr Thaddée Ndikumana a pu débusquer 750 dossiers fictifs des fonctionnaires de l’Etat. Pour serrer les mailles du filet et ne pas laisser s’échapper les tricheurs, ce ministre avait annoncé l’intention de son institution de digitaliser tous les dossiers des fonctionnaires. Ndikumana avait en outre indiqué qu’on devait informatiser la carrière des ressources humaines et faire un classement qui respecte les normes de tous les dossiers des fonctionnaires de l’Etat. Malheureusement, les défis ont persisté. Cependant, le ministère en charge de la fonction publique avait affirmé il y a de cela dix ans, avoir reçu un savant logiciel dit « Open PRH » lui permettant de suivre avec minutie les dossiers des fonctionnaires.
Quid des coupables ?
Il est difficile de connaître avec exactitude la liste des fonctionnaires fictifs. Chaque fois que ce dossier a été évoqué, la lumière n’a pas été assez suffisante pour savoir tout sur les magouilles annoncées. Mais la perte est exorbitante pour le pays. En effet, ces fraudes coûtaient environ 15 milliards de francs burundais par an en 2011 selon le Président de la République de cette époque. En 2013, la ministre de la Fonction Publique d’alors Mme Annonciate Sendazirasa avait affirmé que le trésor public avait déjà perdu environ 1 million USD dans ce genre de fraude. Ces sommes permettraient de se faire une idée sur les pertes enregistrées au niveau de la caisse de l’Etat.
En 2022 et en 2023, l’alerte a été encore donnée. On a l’impression que le deal continue. Des centaines de fonctionnaires fictifs ont encore été débusqués. Mais qui seraient les vrais auteurs de ces détournements des deniers publics via le listing des salariés de l’Etat ? De toutes les façons, une enquête est nécessaire et toute la lumière devrait être donnée sur ce dossier.
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