Entrepreneuriat

Forum national des jeunes entrepreneurs : Que le gouvernement s’en préoccupe davantage

Jeudi le 3 février 2022, s’est tenu à Bujumbura un forum national des jeunes entrepreneurs rehaussé par le Président de la République et d’autres autorités du pays. Ce fut une bonne occasion pour présenter les défis auxquels les jeunes font face dans leurs activités entrepreneuriales  

Au Burundi, une entreprise crée en moyenne 12 emplois. Les entreprises  qui sont dans la catégorie des petits contribuables dont le chiffre d’affaires est inférieur à 100 millions de FBu  par an sont au nombre de 7 145. Les moyens contribuables avec un  chiffre d’affaires qui est entre 100 et 700 millions de FBu par an sont au nombre de 1 285. Les grands contribuables qui ont un chiffre d’affaires de plus de 700 millions de FBu par an sont au nombre 494 dont 12 appartiennent aux jeunes entrepreneurs, soit 2,4 % sur une période de 2010 à 2021. Ces derniers se lancent généralement dans l’importation des vitres fumés, le transport, la télécommunication, banque ou finance et/ou le barreau, etc. Cela a été dit par Chantal Ntimpa, directrice de la Maison de l’Entrepreneur (MDE), une structure de l’ADISCO qui accompagne les petites entreprises au Burundi, lors du Forum national des jeunes entrepreneurs.

Les participants au forum national des jeunes entrepreneurs admettent que l’entrepreneuriat nécessite de la perséverance. Et le rôle de l’Etat est sans égal.

Les institutions financières sont-elles favorables aux jeunes entrepreneurs ?

La Banque d’Investissement pour les Jeunes (BIJE) a déjà approuvé 102 crédits pour les coopératives et 11 entreprises. Les secteurs d’intervention sont notamment l’agri-élevage, le commerce, la santé, l’artisanat, etc. L’Interbank Burundi a soutenu 424 jeunes comme personnes physiques œuvrant dans les secteurs comme l’industrie, le commerce, le transport, etc. Elle a également soutenu 19 personnes morales. En plus de cela, trois institutions de microfinances dont la FENACOBU ont donné des crédits d’un montant qui varie entre un et quatre millions de FBu aux jeunes âgés de 26 à 35 ans. En tout, 12 milliards de FBu ont été accordés aux jeunes entrepreneurs.

Mme Ntimpa indique que le secteur agropastoral, l’industrie, l’infrastructure, les logements sociaux, le tourisme et l’hôtellerie sont généralement les secteurs porteurs de croissance qui bénéficient de la réduction du taux d’intérêt jusqu’à 8%. Pour les jeunes entrepreneurs, il s’agit de l’agro-business, les TIC, la construction, conseil/formation, étude/consultance, la mode et la musique. Et les secteurs prioritaires de la Banque Africaine de Développement (BAD) à travers «Boost Africa», une initiative qui soutient les jeunes entrepreneurs africains, sont les TIC, l’agroalimentaire, la santé, l’éducation, l’énergie renouvelable, les services financiers et l’inclusion financière. Le constat est que le Burundi est cohérent avec la BAD dans l’agroalimentaire, l’infrastructure et les TIC.

Les jeunes entrepreneurs burundais décollent petit à petit

Selon Aude Cybelle Dushimirimana, ADG de l’entreprise Aude Company qui produit des chips, les investissements dans l’agroalimentaire restent modestes par rapport aux autres secteurs. Malgré tout, les matières premières et une main-d’œuvre bon marché sont suffisamment disponibles.  En investissant dans l’agroalimentaire, elle est devenue autonome financièrement et elle est fière d’avoir créée de l’emploi et un marché d’écoulement pour les agriculteurs burundais. En plus de cela, elle participe au renflouement du trésor public en payant régulièrement les impôts et les taxes.

Malgré tout, elle indique que son entreprise fait face à un manque de marché d’approvisionnement local en emballages, un manque de marché d’écoulement et une concurrence extérieure. Un défi commun à tous les jeunes entrepreneurs c’est que les Burundais ne prisent pas les produits fabriqués localement par rapport aux produits importés.

Des recommandations formulées

Vers la fin du Forum national des jeunes entrepreneurs, différentes recommandations ont été formulées. A l’endroit du gouvernement du Burundi, on a proposé de revoir la loi sur les exonérations pour faciliter les jeunes entrepreneurs dans l’importation comme dans l’exportation de leurs produits. Sur ce point, le Président de la République a indiqué qu’une commission chargée d’étudier l’octroi des exonérations sera mise en place dans les plus brefs délais. La raison est que dans les trois dernières années, environ 50 entreprises ont été exonérées pour un montant de 96 milliards de FBu mais que, jusqu’ici, ces sociétés n’ont payé que moins de 3 milliards de FBu d’impôts et de taxes. Désormais, sera exonérée une entreprise déterminée à accroître la production.

Les jeunes entrepreneurs souhaitent aussi une décentralisation accélérée de tous les services intervenant dans la facilitation de leurs affaires. Il est recommandé d’alléger les exigences de l’assujettissement à la TVA pour les entreprises des jeunes jusqu’en dessous du chiffre d’affaires de 100 millions de FBu exigés pour être assujetti à la TVA. Que l’Etat soit toujours à l’écoute des jeunes entrepreneurs en vue de trouver des solutions appropriées aux différents défis auxquels ils font face sans oublier de leur accorder des commandes publiques.

Concernant le Programme d’Autonomisation Economique et Emploi des Jeunes (PAEEJ), il devrait promouvoir l’acquisition des compétences qui ne sont pas  acquises à  l’école (soft skills). Il doit également rendre disponible le guide de l’entrepreneur au Burundi. Et  la Banque d’Investissement pour les Jeunes (BIJE) devrait revoir à la baisse le taux de 7 % appliqué à l’endroit des jeunes ayant obtenu des crédits auprès de cette institution financière. Enfin de compte, les jeunes entrepreneurs devraient promouvoir le travail en synergie au sein des associations et/ou des coopératives. Ils ne devraient surtout pas baisser les bras malgré les difficultés rencontrées sur le chemin de l’entrepreneuriat.

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A propos de l'auteur

Gilbert Nkurunziza.

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