Suivis par une large audience, les influenceurs peuvent jouer un rôle important dans la lutte contre la prolifération des messages de haine, dans un contexte post-conflit. Inès Kidasharira, influenceuse, recommande l’utilisation de la communication non violente pour gagner le pari
Ce sont des Youtubeurs, des « abatwips », des journalistes ou encore des artistes, etc. Ils sont influents sur les réseaux sociaux. Inès Kidashirira explique qu’un influenceur est toute personne qui communique, qui partage son opinion. Ces personnes ont un niveau de popularité qui réside dans leur pouvoir provoquer les réactions des gens. Ils interagissent avec lui et, à la fin de la journée, ils peuvent être influencés par sa façon de penser, sa façon d’être, etc.
Mme Kidasharira explique que la société est réceptive à ce qui est visible ou à ce qui est audible. « Si une personne ne parle pas, ne partage pas son opinion. Tu ne peux savoir ce qu’elle pense. Mais si cette personne partage ce qu’elle pense, la résonnance fait qu’on finit par s’identifier à elle et c’est de là en fait que vient l’influence ».
Comment les influenceurs peuvent-ils agir pour lutter contre la prolifération des messages de haine ?
« Il est important que chaque personne qui communique, qui parle, soit consciente de la teneur des mots qu’elle partage ». Les influenceurs peuvent agir en étant conscients de la portée de leurs mots. Pourtant, certains d’entre eux l’oublient. « Les mots que nous sortons, que nous écrivons s’adressent à des personnes. Ils peuvent susciter des émotions, qui peuvent blesser des personnes ou bien les aider à se construire ».
Inès Kidasharira trouve que cette conscience doit se construire au niveau des personnes qui ont de l’influence, qui parlent à un large public et cette conscience va les pousser à être prudentes dans leur façon de choisir les mots, dans leur façon de s’exprimer. Dans un contexte assez fragile où tout commence par des mots, il est évident que si tu commences à traiter tel groupe par un nom d’oiseau, tu le transformes en cible des messages de haine qui peuvent dégénérer en actes violents physiquement.
Pour l’influenceuse Kidasharira, les personnes qui se réclament influenceurs doivent être conscientes de la portée des mots ou des idées qu’elles transmettent via différents canaux de communication. Une notion de responsabilité envers autrui doit aussi intervenir. « Ce n’est pas parce que tu es assis derrière un écran que tu n’es pas une personne ou bien ce n’est pas parce ceux à qui tu t’adresses sont justes des noms qu’il ne s’agit pas d’êtres humains. Cette conscience doit nous guider tous ».
La régulation, une nécessité
Dans une certaine mesure, la régulation s’avère nécessaire. « Si une personne n’arrive pas à s’autoréguler elle-même, à respecter les bases de la communication non violente, il devrait y avoir une manière de pouvoir réguler ces personnes-là parce qu’elles peuvent nuire à la société. Si une, deux, trois, quatre millions de personnes adhèrent aux idées violentes, cela pose problème à la société ou à l’Etat ».
Etant des entités individuelles, les personnes s’expriment souvent comme elles sont. D’où l’intervention du niveau d’éducation, du niveau de sensibilité, du niveau de connaissance des lois ou règles de base, des bonnes manières. Alors pour les responsabiliser, si elles sont identifiables, les instances de régulation doivent agir. Elle recommande aux influenceurs de recourir à une communication non violente.
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