Pour qu’un pays se développe, le secteur de l’éducation doit être placé au cœur des préoccupations des dirigeants. Aucun pays ne peut se targuer d’être développé sans un système éducatif de qualité. Il est donc essentiel que tous les acteurs impliqués dans l’éducation redoublent d’efforts pour assurer une formation de haut niveau
Les personnes concernées par l’éducation, notamment les responsables au haut niveau du système éducatif, les lauréats, les parents et les enseignants doivent redoubler d’efforts pour garantir un enseignement de qualité. Sans une éducation de qualité, le développement d’un pays est impossible. Les lauréats d’aujourd’hui sont les futurs dirigeants de la nation ; d’où l’importance d’une vigilance constante sur le système éducatif afin de développer un capital humain solide et durable.
Lors de la célébration de la journée mondiale de l’enseignants, le 25 octobre 2024 en province de Ngozi, François Havyarimana, ministre de l’Education Nationale et de la Recherche Scientifique a indiqué qu’un enseignement de mauvaise qualité pourrait conduire à former des lauréats destinés à détruire le pays. Il a souligné la nécessité de se concentrer sur l’éducation non seulement en matière de savoir, mais aussi en matière de discipline, comme l’a signifié Rabelais : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. »
Pour nuire à une nation, il ne suffit pas d’organiser une guerre. Un sage chinois a un jour dit à son empereur : « Si vous voulez détruire un pays ennemi, inutile de lui faire une guerre sanglante qui pourrait durer des décennies et coûter cher en pertes humaines. Il suffit de détruire son système d’éducation et d’y généraliser la corruption. Ensuite, il faudra attendre vingt ans et vous aurez un pays constitué d’ignorants et dirigé par des voleurs. Il vous sera alors très facile de les vaincre. »
Où concentrer les efforts pour améliorer le système éducatif ?
Selon Havyarimana, trois facteurs essentiels sont déterminants pour le succès d’un système éducatif : des enseignants hautement qualifiés, des matériels pédagogiques appropriés et un programme d’enseignement adapté aux lauréats. Il a souligné que si ces trois éléments ne sont pas en bon état, aucune forme d’enseignement efficace ne peut être mise en place. En effet, un enseignant qui manque de connaissances ne pourra pas produire un rendement adéquat, même si les matériels pédagogiques et les programmes sont de qualité.
De surcroît, un enseignant qui possède les connaissances nécessaires mais qui ne dispose pas de matériel didactique adéquat ne sera pas en mesure de générer des résultats probants. De même, si l’enseignant dispose de bonnes connaissances et de bons matériels didactiques mais que le programme n’est pas adapté, la qualité de l’éducation ne sera pas bonne.
Des réformes éducatives sans résultants concluants
Les réformes des cycles fondamental, post-fondamental et universitaire introduites au Burundi en 2012 ont changé le système éducatif burundais. L’instauration des niveaux Baccalauréat, Maîtrise et Doctorat (BMD) a également modifié ce système. Lors de la célébration de la journée dédiée aux enseignants, Victor Ndabaniwe, président du Conseil d’Administration de la COSESONA a souligné que ces réformes ont généré plusieurs défis affectant la qualité de l’éducation.
Parmi les exemples cités, figurent les cours techniques tels que les sciences humaines, les sciences et technologies, ainsi que l’enseignement du français qu’il a décrit comme « sans saveur » aujourd’hui. De plus, il a indiqué que la mesure visant à réduire le taux de redoublement dans les écoles fondamentales et post-fondamentales a également dévalué l’éducation. L’avancement des étudiants universitaires avec des compléments de cours contribue également à cette détérioration de la qualité de l’éducation.
Le système éducatif burundais fait face à de nombreux défis, notamment le manque d’adéquation entre la formation et l’emploi, la démotivation du personnel enseignant, le sureffectif des élèves dans une même classe, l’insuffisance des supports pédagogiques et des laboratoires scientifiques, les bibliothèques peu fournies, la révision fréquente des programmes d’enseignement, etc.
Pour Ndabaniwe, si le système éducatif du Burundi ne subit pas de changements significatifs, les jeunes d’aujourd’hui n’auront aucun avenir pour contribuer au développement du pays. Par ailleurs, pour réaliser pleinement le potentiel de développement éducatif, la politique salariale doit également répondre aux attentes des fonctionnaires enseignants.
Solutions envisagées pour booster l’éducation
Pour relever les défis actuels du système éducatif, Havyarimana a annoncé la mise en place d’une commission d’experts chargée d’identifier les failles du système éducatif, depuis mai 2024. Cette commission a pour mission d’analyser de manière critique les programmes d’enseignement en vigueur ainsi que ceux des années précédentes tant au niveau régional qu’international. Il a fait savoir que les résultats de cette commission pourraient aboutir à des mesures visant à garantir une éducation de qualité, contribuant ainsi au développement du pays.
En outre, le ministre Havyarimana a indiqué que de nouveaux projets viendront renforcer les efforts du ministère pour améliorer la qualité de l’éducation. Parmi eux, figurent le projet de développement du capital humain, soutenu par la Banque Mondiale qui y a alloué 130 millions USD ainsi qu’un projet soutenu par le Partenariat mondial pour l’éducation avec plus de 68 millions USD de contribution. Ces fonds seront destinés à des initiatives éducatives telles que le renforcement des capacités des enseignants, les cantines scolaires, l’éducation préscolaire, l’approvisionnement en matériel didactique et la construction des salles de classe.
Bien que l’amélioration de la qualité de l’éducation progresse lentement, le budget alloué au ministère de l’Education Nationale et de la Recherche Scientifique ne cesse d’augmenter. Pour l’exercice budgétaire 2024-2025, celui-ci s’élève à 731 108 821 266 FBu comparé à 499 135 287 181 FBu pour l’exercice 2023-2024.
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