Environnement

Jacques Ngendakumana : Des briquettes écologiques pour créer de l’emploi à la retraite

Pour répondre à la demande de combustibles écologiques dans les ménages, protéger l’environnement et rester actif après la retraite, Jacques Ngendakumana produit des briquettes écologiques. Il évoque les soutiens nécessaires pour aller plus loin et appelle à l’exploitation des anciennes connaissances pour contribuer au développement du pays

Ambassadeur Jacques Ngendakumana : « Au départ, j’ai constaté que le charbon de bois devenait de plus en plus cher. Les tarifs de l’électricité ont également augmenté. Je me suis demandé s’il n’y avait pas d’autres alternatives. »

« Ce n’est pas parce qu’on est âgé qu’on doit se reposer. Il faut plutôt changer d’activités. D’ailleurs, la culture burundaise nous enseigne que le travail ennoblit l’homme. Lorsque j’étais jeune, j’observais toujours mes grands-parents et mes oncles qui ne cessaient de vaquer aux travaux quotidiens », déclare l’Ambassadeur Jacques Ngendakumana, septuagénaire retraité, qui a occupé de nombreuses fonctions étatiques.

Pour lui, la limite d’âge pour travailler est un héritage de la colonisation. Il se demande comment une pension de retraite peut permettre de joindre les deux bouts. Par ailleurs, l’Amb. Ngendakumana insiste : les Etats doivent trouver des activités à temps partiel adaptées aux capacités des retraités, afin qu’ils puissent mettre leurs connaissances au service du développement du pays.

Et de déplorer : « Je suis surpris de voir des jeunes qui refusent de travailler aujourd’hui, qui se laissent aller à la drogue ou à l’alcool. Je pense à leur avenir. Certains attendent même le décès de leurs parents pour vivre de l’héritage ».

Résoudre le problème du charbon de bois

« Au départ, j’ai constaté que le charbon de bois devenait de plus en plus cher. Les tarifs de l’électricité avaient également augmenté. Je me suis demandé s’il n’y avait pas d’autres alternatives. Cela m’a poussé à faire beaucoup de recherches en lisant des livres sur les combustibles écologiques », explique l’Amb. Ngendakumana.

Il raconte qu’il a d’abord cherché à utiliser le charbon de bois de manière plus efficace et économique. « C’est ainsi que j’ai fabriqué des foyers améliorés utilisant le bois. Mais je me suis vite rendu compte que la quantité de bois nécessaire au charbon de bois était insuffisante. En plus, il provient souvent de la déforestation. »

Il a donc exploré la biomasse. « J’ai utilisé différents éléments comme la balle de riz et la sciure de bois ramassée chez le menuisier. J’ai essayé, et cela a marché. J’ai ensuite procédé à la carbonisation de la biomasse », indique-t-il.

Il a fabriqué un petit four et commencé à carboniser la biomasse, un processus qu’il effectuait même dans son arrêt de bus à la maison. Après la carbonisation, il réduisait le produit obtenu, le biochar (biocharbon), en une poudre très fine, qu’il mélangeait avec un liant organique ou minéral et ajoutait de l’eau pour obtenir une pâte.

« Je la compressais ensuite en un moule, et j’obtenais du charbon », précise-t-il.

Les premiers essais n’étaient pas extraordinaires, reconnait-il. Le charbon ne prenait pas feu facilement et produisait de la fumée. « Après avoir lu beaucoup de livres et effectué de nombreux essais, j’ai finalement trouvé une formule qui donne un charbon qui brûle très bien, sans fumée, et plus longtemps que le charbon de bois », se réjouit-il.

Il ajoute que la dernière version du charbon, en forme de tige, brûle pendant une heure et demie, tandis que le charbon de bois brûle seulement pendant 40 minutes.

Il explique : « J’ai commencé à produire ce charbon pour mes besoins domestiques et à le distribuer à quelques amis. Ce sont eux qui m’ont encouragé à vendre ce produit pour en tirer profit. »

Il a alors acheté du matériel adapté et fabriqué une grande machine électrique, avant d’acquérir une autre machine au Kenya. Il s’est installé dans un quartier industriel et a commencé à produire du charbon écologique, à raison d’une tonne par jour.

« Malheureusement, je me suis heurté à des coupures répétées de courant électrique et j’ai dû arrêter en mars 2022. C’était après seulement quelques mois de production, et quatre de mes cinq employés sont partis ailleurs », regrette-t-il.

Des briquettes en nid d’abeilles

Amb. Ngendakumana indique qu’au départ, il fabriquait des briquettes de charbon en forme de bâtonnets. En poursuivant ses recherches, il a découvert que dans les pays asiatiques, on fabrique des briquettes en forme de nid d’abeilles. Ces trous permettent à l’air de circuler et facilitent la combustion.

« J’ai trois versions de briquettes. La première brûle pendant 2 heures, la deuxième pendant 4 heures, et elle est beaucoup plus pratique pour les restaurants. Enfin, la troisième version dure 6 heures. Ce qui est intéressant, c’est qu’on peut facilement les fabriquer manuellement, bien qu’une machine permette de produire une qualité supérieure », précise-t-il.

Il rassure : « Ces briquettes ne noircissent pas les marmites et, au début, elles brûlent comme du gaz, mais après une heure, elles se comportent comme du charbon de bois. »

Amb. Ngendakumana poursuit ses recherches et a découvert un autre produit appelé « pellet », fabriqué à partir de biomasse. Il mélange la sciure de bois et la balle de riz, et a bricolé une petite machine et un foyer correspondant pour la gazéification. A partir de cette biomasse, il produit du gaz. « J’ai continué mes recherches et j’ai vu qu’on peut aussi gazéifier la balle de riz. J’ai fabriqué un foyer amélioré et utilisé d’autres biomasses, comme les coques du palmier à huile », dit-il.

Il conclut : « Aujourd’hui, je suis en train d’expérimenter la gazéification du charbon. La recherche est une phase, mais il y a aussi le développement. Pour cela, il faut des financements pour vulgariser ces recherches. »

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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