Développement

Kayanza : La pérennisation des projets, un pari à gagner

Bien que la province de Kayanza ait bénéficié de divers projets de développement, plusieurs de ces initiatives peinent à fonctionner pleinement. Les coopératives bénéficiaires appellent les autorités locales à garantir la pérennité de ces projets pour le bien de tous.

Les pertes sont énormes tant pour les membres de la coopérative, les agriculteurs, mais aussi pour l’économie nationale.

En octobre 2018, une usine de transformation du blé d’un coût de 1,5 milliard de FBu, a été inaugurée sur la colline Yanza, dans la commune Muruta, province de Kayanza. Depuis lors, cette usine a été pratiquement inactive. Selon Jérémie Nshimirimana, président de la coopérative de production et de transformation du blé (Coprotrab), ils avaient un projet de transformation du blé en farine. Comme il le témoigne, ils avaient tout pour commencer, sauf l’essentiel : l’électricité.

« Nous n’avions pas de problème de matières premières, nous avions beaucoup de producteurs de blé avec lesquels nous comptions travailler. Nous étions même prêts à importer le blé de l’étranger pour compléter la production locale. Nous avons des machines capables de transformer 10 tonnes de blé par jour, mais nous manquons d’électricité », regrette-t-il.

Un transformateur suffit pour ressusciter cette usine

Comme l’explique Nshimirimana, pour que ces machines fonctionnent correctement, il faut une alimentation électrique stable, mais celle dont ils disposent ne peut alimenter que deux machines à la fois.

« Pour que notre projet ne tombe pas à l’eau, nous avons eu recours à l’utilisation d’un groupe électrogène. Mais nous avons rencontré des problèmes liés à la cherté et à la pénurie du carburant. Après avoir mis sur le marché ce que nous avons produit grâce au groupe électrogène, nous avons réalisé que nous travaillions à perte », témoigne-t-il.

Ils ont alors contacté les responsables de la Regideso qui ont constaté qu’ils avaient besoin d’un transformateur. Ils l’ont demandé, mais jusqu’à présent, ils n’ont reçu aucune réponse.

Les pertes sont énormes

Nshimirimana indique que cette coopérative a enregistré d’énormes pertes au cours de ces six années. Parmi les principales pertes, il cite les machines qui risquent de se détériorer, les capitaux des membres de la coopérative qui étaient censés générer des bénéfices et le fait qu’ils continuent à payer un veilleur pour une usine qui ne produit rien.

Selon lui, une usine comme celle-ci aurait non seulement favorisé le développement des membres de la coopérative et généré des emplois pour réduire le taux de chômage, mais aurait également permis à l’Etat de bénéficier des impôts et des taxes. De plus, cette usine aurait apporté une plus-value aux producteurs de blé de la province en leur achetant le kilo de blé entre 2500 et 2800 FBu, contre 800 à 1000 FBu ailleurs.

Il exige à l’administration locale de poursuivre le travail entamé par les bienfaiteurs pour éviter que de tels projets ne tombent à l’eau.

Coprotrab n’est pas la seule à peiner à fonctionner

La coopérative Duhingure Ivoka a été créée en 2018 dans la province de Kayanza. Son objectif était de transformer les avocats en huile de cuisson, en produits cosmétiques, en tourteaux et en fromage, avec une prévision de production de 600 à 800 litres d’huile d’avocat par jour.

Malheureusement, le fournisseur du matériel a livré des machines défectueuses. Après un premier retour des machines, il a fourni d’autres équipements également défectueux, puis il n’a plus donné signe de vie depuis 2021. « Nous avons signalé le problème aux autorités compétentes qui nous ont assuré qu’elles cherchaient à le retrouver mais, jusqu’à présent, il demeure introuvable », explique Gilbert Ndaryizaniye, président de cette coopérative. Il ajoute qu’une autre usine destinée à produire des jus a subi le même sort dans cette province.

Il déplore que les pertes liées à ces problèmes soient énormes, tant pour les membres de la coopérative, les agriculteurs, mais aussi pour l’économie nationale. Ndaryizaniye demande aux autorités de les aider à faire fonctionner cette mini-station. Selon lui, lorsque des bienfaiteurs initient un projet de développement, l’administration locale devrait également les soutenir pour que le projet soit durable et bénéfique pour la population.

A propos de l'auteur

Florence Inyabuntu.

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