Changer les mentalités et limiter les naissances pour promouvoir le développement durable est l’appel lancé à la population par le secrétaire général du parti au pouvoir. C’était le 3 janvier 2025, lors de la conférence de presse qu’il a animée à Makamba, au Sud-Est du pays. Il déclare que la démographie galopante, aggravée par la faible production, la masculinité négative et la pénurie criante de carburant, impacte les prix des produits de première nécessité. Flashback sur les grands moments de la conférence de presse
La conférence de presse s’est tenue dans l’imposant complexe sportif Nkurunziza Peace Park Complex Stadium de Makamba. Après un long défilé de jeunes, Hon. Révérien Ndikuriyo, secrétaire général du parti au pouvoir, s’est livré à un exercice de questions-réponses avec les journalistes présents à l’événement. En cette période de crise économique, les questions sur la gouvernance économique, la fiscalité et la coopération bilatérale ont dominé les échanges.
Pourquoi la flambée des prix sur le marché ?
Alors qu’une certaine opinion estime que la flambée des prix des denrées alimentaires est causée par l’ingérence des mandataires politiques dans les affaires commerciales, le secrétaire général du parti CNDD-FDD balaie d’un revers de la main ces allégations. « Je pense que cela n’est pas vrai. Ce ne sont pas deux ou trois officiels exerçant le commerce qui peuvent influencer la hausse des prix. Plusieurs facteurs en sont les causes profondes », explique Hon. Ndikuriyo.
Malgré les initiatives entreprises pour booster la production agricole, les prix affichent une tendance haussière. Selon lui, il y a trop de bouches à nourrir et trop peu de producteurs. « Tenez bien, dans notre pays, les jeunes de moins de vingt ans avoisinent les 8 millions. Ceux-ci sont encore sur le banc de l’école. Bref, ils ne produisent pas », signale-t-il avant de préciser que dans les villes et les agglomérations, un nombre important d’habitants exerce des activités génératrices de revenus autres que l’agrobusiness.
L’autre raison évoquée est liée au fait que, dans les ménages, certains hommes ne travaillent pas. Ce sont surtout les femmes qui s’occupent des activités champêtres. Par conséquent, renchérit Hon. Ndikuriyo, la production agricole reste en dessous de la demande. Durant la période de récolte, il y a une embellie économique, mais les prix repartent à la hausse en l’espace d’un mois.
Vers la maîtrise de la démographie ?
De nombreuses études montrent qu’une démographie non maîtrisée ralentit le rythme de développement d’un pays. Une croissance rapide de la population limite les efforts fournis pour améliorer le bien-être de la population. Les Etats sont dans l’obligation d’investir davantage dans les politiques de santé, d’éducation, de sécurité alimentaire et de protection sociale. Ces fonds conséquents sont orientés vers les domaines sociaux, avec peu d’impact sur la croissance économique d’un pays.
La question de la pression démographique est prise au sérieux par les responsables du parti au pouvoir. Le secrétaire général du parti CNDD-FDD n’y va pas par quatre chemins. Pour lui, la pression démographique réduit la superficie des terres arables en raison de l’extension des villes. Il appelle la population à changer de mentalités en matière de natalité. Il faudra limiter les naissances à trois enfants par femme en âge de procréer. « Celui qui mettra au monde dix enfants qu’il ne peut pas prendre en charge aura commis un péché et devra en rendre compte devant Dieu », explique le patron du CNDD-FDD.
La dépréciation monétaire amplifie la crise
Les commerçants interrogés estiment que la flambée des prix est dictée par la crise des hydrocarbures qui perdure. Ils affirment que la pénurie de carburant influe sur le coût de transport des biens et des personnes. Et, partant, les coûts de transport impactent les prix sur le marché, car le commerçant travaille pour en tirer profit.
Sur le plan économique, l’effondrement du BIF par rapport au dollar impacte indirectement les prix sur le marché local. Cette dépréciation affecte les prix des produits importés. Et par effet de contagion, les prix des produits importés tirent les prix du marché local. Celui qui vend son régime de bananes ou un panier de manioc souhaite acheter des produits importés (sel, vêtements, ustensiles de cuisine, …) pour couvrir les besoins primaires d’un ménage.
Pour maîtriser la flambée des prix des denrées alimentaires, le secrétaire général invite la population à se concentrer sur le travail pour accroître la production agricole. Il encourage les investisseurs qui ont pris les devants pour exploiter de grandes superficies afin de développer l’agriculture de marché. Concernant la pénurie criante de carburant, il n’y a pas de solution magique, mais il faut diversifier les exportations et générer des devises pour acheter des produits pétroliers. Le pays mise sur les cultures de rente telles que les avocats, le thé et le café, en cours de vulgarisation, afin que d’ici cinq ans, il dispose de suffisamment de devises pour faire face à la rupture des stocks de carburant.
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