Commerce

La pénurie des produits BRARUDI : les alcoophiles ne savent plus à quel saint se vouer

Les consommateurs de la bière ont du mal à trouver les produits BRARUDI et plus particulièrement l’Amstel. Même les parlementaires demandent au gouvernement de trouver une solution à ce problème. Pourtant, cette entreprise contribue énormément à l’économie nationale.

Si la pénurie des produits BRARUDI perdure, certains débits de boissons risqueront de mettre la clé sous la porte.

La pénurie des boissons produites par l’entreprise BRARUDI n’est pas nouvelle pour les amateurs burundais de la sainte mousse. Elle a été signalée à plusieurs reprises au cours de ces cinq dernières années voire avant. Mais depuis mi-avril 2024, ce problème a probablement atteint son paroxysme. Les consommateurs des produits BRARUDI ont intégré en masse des groupes WhatsApp dans lesquels ils échangent ou signalent les bars qui disposent des boissons de la BRARUDI. Cela à l’instar des automobilistes qui se réunissent également dans des groupes WhatsApp dont le but est de chercher les stations-service qui disposent du carburant.

La pénurie des produits BRARUDI prend de l’ampleur. Il n’est pas rare de trouver un bar complètement fermé en plein week-end à cause du manque de la bière. D’autres débits de boissons qui essaient de garder la tête hors de l’eau ne disposent que de Primus et de limonades. Les boissons de type Amstel, quant à elles, sont devenues très rares. Dans la plupart des cas, lorsque l’Amstel est disponible, il coûte très cher ou les gérants des bars imposent des conditions quasiment insupportables pour s’en procurer. « Aujourd’hui, nous avons eu de la chance. Nous disposons de quelques caisses de bechou (petit Amstel). Cette boisson est servie uniquement au client qui commande au moins une brochette », nous confie une serveuse dans un bar du centre-ville de Bujumbura. Par après, nous avons appris que le petit Amstel coûte 5000 FBu au lieu de 2600 FBu (prix officiel). « J’ai été obligé d’acheter d’abord une brochette pour ensuite être servi en bechou. Je n’avais pas de choix vu que je viens de passer au moins quatre jours sans ingurgiter la bière. La soif a failli m’emporter », révèle un homme rencontré dans le bar ci-haut évoqué. Malheureusement, il n’a pas pu consommer sa brochette à cause d’une maladie chronique qui lui tient compagnie. La seule boisson alcoolisée qui est parfois trouvable, c’est le Primus. Mais il coûte au moins 4000 FBu au lieu de 2200 FBu (prix officiel).

Les détenteurs des débits de boissons disent qu’ils travaillent à perte. Janvier (pseudo), gérant d’un bar à Buyenzi (Bujumbura) affirme que dans les conditions normales, il ne peut pas vendre moins de 10 casiers de bière par jour. Malheureusement, aujourd’hui, son bar ne peut même pas vendre une seule caisse de boissons par jour. Cela est ainsi alors qu’il doit payer le loyer et les salaires de cinq serveurs. « Si cette situation perdure, nous ne pourrons pas tenir longtemps, nous mettrons la clé sous la porte », se désole le prénommé Janvier.

Le gouvernement reconnait les problèmes de la BRARUDI

Même si la BRARUDI n’a pas communiqué officiellement sur ses déboires, elle traverse des moments difficiles. Même les parlementaires s’en inquiètent. Ils ont peur que cette entreprise ne ferme ses portes alors qu’elle est le fleuron du fisc burundais (un des plus grands contribuables). Ils demandent pourquoi cette entreprise ne peut pas avoir l’autorisation d’exporter ses produits afin de générer les devises nécessaires pour l’importation des matières premières.

Mercredi le 24 avril 2024, devant le Parlement réuni en congrès, le premier ministre Gervais Ndirakobuca a affirmé que la BRARUDI a adressé une lettre à l’Etat pour expliquer les problèmes auxquels elle fait face, notamment la problématique de l’importation des matières premières. « L’Etat burundais a pris en compte ce problème, mais il est réticent d’autoriser officiellement la BRARUDI à exporter ses produits. Le marché burundais n’est pas encore saturé. Or, généralement, on exporte le surplus », a précisé le premier ministre. Malgré tout, il affirme que l’Etat est à l’œuvre pour aider la BRARUDI à importer les matières premières dont elle a besoin.

Pourtant, la production de BRARUDI augmente d’année en année

Malgré la pénurie des boissons de l’entreprise BRARUDI, sa production a augmenté au cours des cinq dernières années selon les statistiques de la Banque de la République du Burundi (BRB) sur la production des principales industries locales. A titre illustratif, de 2019 à 2023, la production de la bière Amstel est passée de 677 mille à un million d’hectolitres. Pour cette même période, la production de la bière Primus est passée de 1,3 millions à 1,6 millions d’hectolitres.

Malgré les problèmes auxquels la BRARUDI fait face, elle contribue énormément à l’économie nationale. Pour l’exercice budgétaire 2020-2021, les entreprises dans lesquelles l’Etat détient des actions ont versé des dividendes équivalent à 31,1 milliards de FBu. Pourtant, la part de la BRARUDI est de 27 milliards de FBu, soit 86 %. En plus de cela, pour l’année budgétaire 2020-2021, la taxe sur la consommation de la bière a contribué à hauteur de 116,3 milliards de FBu de recettes. Ainsi, personne n’ignore que la BRARUDI est le grand producteur des boissons consommées localement. Alors, si cette pénurie des boissons de la BRARUDI perdure, les recettes issues de la consommation de la bière diminueront.

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Gilbert Nkurunziza.

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Malgré les multiples signaux de relance économique, la crise économique perdure. Le pays n’a pas assez de devises pour couvrir ses importations. Par effet de contagion, les produits importés plongent le pays dans une spirale inflationniste. La dépréciation continue du FBu retarde l’impact des réformes macroéconomiques entreprises. L’inflation affiche une tendance baissière depuis le début de l’année. Le taux d’inflation aurait diminué de 5 points passant de 17,2% à 12% entre janvier et avril 2024, selon les données officielles. Cependant, cette baisse n’est pas ressentie chez les consommateurs qui assistent à la flambée des prix des denrées alimentaires.

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