Environnement

La résilience climatique : le rôle crucial des industries

Les industries burundaises doivent promouvoir l’innovation en matière de protection de l’environnement. Elles doivent anticiper les risques climatiques en adoptant des stratégies de gestion des déchets et des solutions écologiques. Le gouvernement du Burundi, quant à lui, doit encourager les investissements écologiques en mettant en place des mesures d’accompagnement. Telles sont les recommandations des experts en économie verte lors du salon industriel qui s’est tenu du 4 au 7 septembre 2024.

Delphin Kaze, directeur général de KAGE :« la suppression de la TVA sur le gaz ou les briquettes réduirait la consommation du charbon et par conséquent préserver l’environnement »

L’anticipation des risques climatiques, l’investissement dans de nouvelles sources d’énergie renouvelable et la mise en place de systèmes de gestion des déchets issus des industries sont, entre autres, les initiatives de la résilience climatique que les industriels doivent adopter pour promouvoir l’économie verte. Delphin Kaze, directeur général de Kaze Green Economy, l’a souligné lors du salon industriel. Selon Kaze, la révolution industrielle a entraîné une pollution accrue de l’environnement, ce qui justifie le rôle central des industries dans la mise en place des solutions visant à préserver l’environnement et à promouvoir la résilience climatique. Il se réfère au proverbe rundi « Uwaroze niwe arogora » pour illustrer la responsabilité des industries dans la dégradation de l’environnement tout en soulignant qu’elles ne doivent pas négliger la mise en place de systèmes de dépollution. Cet expert en économie verte indique que le changement climatique est une conséquence néfaste de la pollution, et le Burundi n’est pas épargné.

« Au Burundi, les effets néfastes du changement climatique incluent les glissements de terrain, les inondations, la sécheresse et la destruction des infrastructures », a souligné M. Kaze, rappelant les dégâts causés par la montée des eaux du lac Tanganyika. « Ces effets entraînent une pénurie des ressources naturelles nécessaires au bon fonctionnement des industries », a-t-il ajouté, montrant ainsi que les conséquences peuvent également affecter les industriels eux-mêmes. Il précise que le changement climatique impacte particulièrement les industries agroalimentaires.

Selon lui, la résilience climatique est la capacité des communautés et des entreprises à s’adapter aux effets néfastes du changement climatique.

Les industriels appelés à promouvoir l’innovation pour anticiper les risques climatiques

Pour anticiper les risques climatiques, M. Kaze recommande l’adoption de nouvelles technologies, notamment la mise en place de systèmes d’irrigation efficace pour atténuer les dommages causés par la sécheresse. Il souligne également l’urgence d’investir dans de nouvelles sources d’énergie renouvelable, comme l’énergie solaire, qui pourrait remplacer l’énergie hydroélectrique en cas de diminution des ressources en eau dans les barrages.

Cependant, il apprécie que plus de 70 % de l’énergie utilisée au Burundi provienne de sources renouvelables, contrairement à d’autres pays qui utilisent des énergies fossiles.

L’action gouvernementale est primordiale

Selon Kaze, si les entreprises doivent innover pour promouvoir l’économie verte, le gouvernement doit soutenir les solutions écologiques adoptées par les industriels. Cela inclut la mise en place de stratégies de gestion des déchets et l’incitation aux investissements dans l’industrie verte. Ces mesures permettraient aux investisseurs de se sentir plus enclins à engager leurs fonds dans l’économie verte. À noter que le gouvernement du Burundi n’offre actuellement aucun avantage spécifique aux investisseurs écologiques, en dehors des avantages prévus par le code des investissements.

M. Kaze souligne également l’importance de mettre en place des outils d’investissement verts, comme cela se fait dans d’autres pays de la Communauté Est-Africaine. « Dans d’autres pays, des avantages sont offerts aux investisseurs écologiques. La plupart des États de l’EAC ont adopté le ‘climate commitment’, une initiative créée pour déterminer les avantages à accorder à ceux qui investissent dans l’économie verte. Qu’en est-il chez nous ? », interroge-t-il.

Pour lui, l’instauration d’incitations pour l’industrie verte pourrait aider à réduire la pollution des eaux du lac Tanganyika causée par les industries. « Ce sont ces incitations qui encourageraient l’adoption de systèmes de gestion des déchets par ces entreprises », explique-t-il.

En outre, la réduction des taxes sur les produits qui remplacent les outils destructeurs pour l’environnement aiderait à préserver l’espace burundais. Selon lui, l’industrie du charbon est l’une des causes responsables de la dégradation environnementale que le gouvernement du Burundi peine à contrôler. Il indique que les statistiques de KAGE révèlent que la capitale économique, Bujumbura, consomme plus de 20 000 tonnes de charbon par mois. Il recommande de supprimer la TVA sur le gaz et les briquettes pour la cuisson, afin que les Burundais puissent adopter ces produits en remplacement du charbon de bois.

« Le Kenya est un exemple à suivre pour le Burundi », souligne-t-il, mentionnant que ce pays a supprimé la TVA sur le gaz, ce qui a entraîné une augmentation notable de sa consommation. Cependant, l’Etat envisage maintenant de réintroduire la taxe pour équilibrer la consommation. Selon cet expert, la suppression de la TVA sur le gaz ou les briquettes réduirait la consommation de charbon, bien que cette idée dérange décideurs.

Cette année, plus de 60 industries burundaises ont participé au salon industriel, mais celles ayant investi dans l’économie verte sont encore en petit nombre.

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A propos de l'auteur

Méchaël Tuyubahe.

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