Le 28 octobre a été déclaré journée internationale dédiée au judo par les Nations Unies. La pratique de ce sport ignore les différences morphologiques et physiologiques entre les hommes et les femmes. Cela constitue l’une des clés du développement du judo chez les femmes. Pourtant, le judo burundais reste marqué par le poids des stéréotypes
Si les choses ont rapidement évolué dans le sport, le judo n’est pas en laisse. Passionnée par la vie, Liana Paulette Inankima, Judoka ceinture bleue, fera l’école maternelle à Mutanga nord Limbabelle, puis l’école secondaire au lycée du Saint Esprit, section Scientifique B. Après l’école secondaire, elle a eu une bourse d’étude en Russie à l’université d’Etat de Voronezh. Elle obtiendra le diplôme de maitrise en comptabilité analytique et audit à la même université. Cadette de la famille, elle a un grand frère.
Née à Ngagara quartier 7 en 1990, Inankima habite actuellement à Mutanga nord. Curieusement réservée, elle est chrétienne de l’église Christian Life Ministries (CLM). Elle a fait la section scientifique B. Peut-on dire un garçonnet à voir son accoutrement, son visage brun et sa tête rasée.
Quand elle était petite, Liana Paulette Inankima aimait jouer au football et parfois elle était numéro un de l’équipe parce qu’elle était passionnée d’être gardienne de but. Même si elle était passionnée par le football, elle aimait souvent accompagner son frère qui pratiquait le judo.
A voir la démonstration sur le tapis, il était difficile pour elle de comprendre cette magie pratiquée sur le tapis. Elle croyait à la mise en scène et non à une réalité. A de multiples questions posées à son cousin qui était également entraineur d’un club de judo, la réponse a été que ce n’est pas sorcier, si tu essaies, tu y parviendras. Liana Paulette Inankima n’avait jamais vu une femme pratiquer le judo au Burundi. Il était difficile pour elle de comprendre si elle pourrait percer dans ce milieu d’hommes. Encouragée par son frère et son cousin, elle a décidé de se lancer.
Aux hommes la puissance physique, aux femmes la souplesse
Son coach Salvator Bigirimana lui disait souvent que le judo, discipline sportive internationale, est un sport mixte pratiqué aussi bien par les hommes que par les femmes et que rien n’est impossible dans la vie si on s’y met. En 2003 lorsqu’elle était à l’école secondaire, elle a pu s’aventurer à poser les pieds sur le tatamis. Elle précise qu’elle avait 13 ans.
Même si Liana Paulette Inankima a pu s’investir dans le judo qui était considéré comme un sport masculin, elle indique qu’en effet, l’investissement des femmes dans des sports typiquement masculins demeure marqué par le poids des stéréotypes socioculturels, spécialement en ce qui concerne la corporéité. Elle fait savoir en outre qu’il est difficile pour une femme de changer son accoutrement. Mais, peu à peu, elle s’habitue à être elle-même. Elle indique que le judo est bien plus qu’un sport, elle est aussi une école de la vie. Les citations qu’ils vont suivre sont du célèbre Jigoro Kano, fondateur du judo : « On ne juge pas un homme sur le nombre de fois qu’il tombe, mais sur le nombre de fois qu’il se relève » et « Toute victoire qui n’entraîne pas la conviction et la transformation du partenaire, n’est qu’une apparence et une illusion. Vaincre sans convaincre n’est rien. »
Le Judo, plus qu’une activité physique, une philosophie de vie
Le Judo moderne tire ses racines du Ju-Jitsu, une technique japonaise ancienne d’auto-défense et de combat à main nue utilisée par les Samouraïs. Le judo permet d’accéder à une formation d’auto-défense basée sur la concentration et le contrôle de l’adversaire. Le judo est accessible à tous, hommes, femmes et enfants. Il augmente la souplesse et l’agilité tout en faisant travailler l’ensemble des muscles.
La philosophie du judo est basée, dans son apprentissage, sur le respect des autres partenaires quelque soient leurs capacités. Pour elle, le judo est un sport qui incarne des valeurs. Son code moral est constitué de huit points : La politesse, le courage, la sincérité, l’honneur, la modestie, le respect, le contrôle de soi et l’amitié.
Mme Inankima raconte que le judo est un sport comme tant d’autres. Il ne s’agit pas de se jeter sur d’autres personnes pour leur faire du mal. C’est une école morale qui aide les judokas à se contrôler en tout temps et en tout lieu. De part les entraînements tout autant difficiles qu’exigeants sur le plan physique et mental, l’apprentissage du Judo permet également de favoriser l’apprentissage des relations avec les autres. Elle indique également que lorsqu’il y a des compétions internationales, le pays organisateur y gagne des avantages socio-économiques, notamment dans le secteur du tourisme, etc.
Liana Paulette Inankima fait savoir que le nombre de femmes qui pratiquent le judo au Burundi n’est pas considérable, mais elle garde espoir que d’autres femmes vont rejoindre le train en marche. Elle invite aussi bien les femmes que les hommes à pratiquer le judo. Elle compte continuer comme simple judoka et non compétitrice et surtout promouvoir le judo féminin au Burundi.
Pour le moment, elle a trois médailles. Une en argent gagnée au championnat national de 2007, une autre en or gagnée au championnat national de 2009 et une médaille en argent gagnée au championnat de l’Afrique de l’Est de 2009 à Zanzibar. Elle a également représenté le Burundi au championnat d’Afrique de Judo qui s’est déroulé à Île Maurice en 2009.
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