La population Burundaise est essentiellement rurale et tire ses moyens de subsistance de l’agriculture. Pourtant, le secteur agricole représente moins de la moitié des richesses produites chaque année par le pays (PIB). Cela est dû à la faible productivité agricole consécutive à la dégradation des sols, aux techniques agricoles inappropriés et surtout aux aléas climatiques
Au Burundi, le secteur agricole constitue le moteur de croissance de l’économie nationale. Il est le garant de la sécurité alimentaire des populations. D’après le ministère en charge de l’agriculture, celle-ci est pratiquée d’une façon traditionnelle par environ 1, 2 millions de familles rurales (90% de la population) sur de très petites exploitations (0,5 ha en moyenne par ménage). La croissance de population présente un grand risque.
La même source indique que la vulnérabilité des populations en insécurité alimentaire pourrait s’aggraver. Par conséquent, l’économie nationale va régresser si des investissements adéquats ne sont pas mis en place, prévient le ministère de tutelle. En 2013, la superficie occupée par les cultures était estimée 2.210.000 ha sur un potentiel de 2.350.000 ha.
Le Plan National de Développement PND 2018-2027 révèle que l’agriculture contribue à hauteur de 39,6 % au Produit Intérieur Brut (PIB) et offre 84% d’emplois. Elle fournit 95% de l’offre alimentaire et est le principal pourvoyeur de matières premières à l’agro-industrie.
Etat des lieux des cultures de rente
L’agriculture compte pour 95 % des exportations et représente donc la source principale de devises étrangères pour notre pays. Les cultures de rente sont le thé, le café et le coton. Le café et le thé représentent 80 % des exportations.
La culture du café est pratiquée par près de 600 000 ménages ruraux à travers tout le pays. Pour rappel, la production du café est passée de 14 674 tonnes à 16 259,352 tonnes de café vert entre 2016 et 2018. Les experts estiment que la production du café pourrait peut atteindre 60 000 tonnes si des efforts énormes étaient consentis en termes d’investissement. En ce sens, l’augmentation de la productivité des secteurs caféicoles et théicoles pourrait être un moyen efficace de lutter contre la pauvreté comme ces cultures ont pu l’être en Éthiopie ou au Kenya. Plusieurs initiatives sont en cours pour augmenter la productivité et améliorer la qualité du café au bénéfice des petits producteurs. Ce sont notamment les interventions du Projet d’Appui à la Compétitivité du Secteur Café (PACSC) financé par la Banque Mondiale à hauteur de 55 millions USD. Le projet va durer six ans et couvre six provinces du pays dont Kayanza, Ngozi, Kirundo, Muyinga, Karusi et Gitega.
La production du thé est en nette augmentation. Elle est évolutive 9 836 tonnes de thé ont été exportées en 2014,10 828 tonnes en 2015, 10 084 tonnes en 2016 et 9220 tonnes en 2017. Les exploitations théicoles occupent 10 624 hectares dans les sites de Buhoro, Rwegura, Teza, Ijenda et Tora.
Pour le coton cultivé dans la plaine de l’Imbo, la production est en chute libre passant de 9 000 tonnes en 1993 pour retomber à 2000 tonnes en 2017. Toute la production cotonnière est consommée localement. Le prix au producteur du coton graine, soit 600 FBu le kilo a découragé les cotoculteurs qui se sont tournés vers les cultures vivrières. Le projet « Cotton Victoria » financé par la Coopération brésilienne vise à redynamiser la filière cotonnière. Dans le cadre de l’augmentation des cultures d’exportation, le ministère de l’agriculture prévoit la vulgarisation de la cuture du coton. A cet effet, plus de 2 000 tonnes du coton graines ont été distribuées dans les provinces de Cibitoke, Bubanza, Bujumbura et Rutana.
Quid des cultures vivrières ?
Les productions vivrières sont généralement classées en cinq grands groupes à savoir : les céréales (le riz, le maïs, le sorgho, le blé, etc.), les légumineuses, les racines et tubercules (les pommes de terre, les patates douces, les colocases, le manioc…), les oléagineux ainsi que les bananes. Les statistiques montrent qu’au cours de la précédente campagne agricole, la récolte a été bonne. Le pays a enregistré 189 268 tonnes de haricot, 75 566 tonnes de pomme de terre et 895 228 tonnes de patate douce. Pour la production des céréales, les statistiques estiment la production à 179 468 tonnes de riz, 73 848 tonnes de maïs, 16 122 tonnes de sorgho et 7 555 tonnes de blé.
L’horticulture apparait comme un des domaines de prédilection de la diversification de l’agriculture burundaise. En effet, elle englobe un large éventail de cultures incluant une large gamme de fruits et légumes, les plantes ornementales, les plantes condimentaires et épices. Les experts de la FAO estiment que l’horticulture apporte une réponse au défi nutritionnel burundais. C’est le secteur de l’agriculture qui est le mieux placé pour contribuer à la réduction de la malnutrition et à l’amélioration de la santé des populations de manière durable, disent-ils.
Le haricot, aliment de base des Burundais
L’Institut des Sciences Agronomiques du Burundi (ISABU) dénombre plus 30 variétés de haricots cultivées au Burundi. D’après l’ISABU, le haricot est cultivé dans toutes les régions naturelles du pays. Il est l’une des plus importantes cultures en termes de superficie occupée. La superficie emblavée pour cette culture était estimée à plus de 400 000 ha avec une production moyenne annuelle estimée à 242 000 tonnes entre 2010-2015.
Le haricot constitue l’aliment de base des Burundais et la source de protéines, glucides et micronutriments, précisent les experts de l’ISABU.
L’agriculture et l’élevage vont de pair
L’agriculture est indissociable de l’élevage. Ce dernier est essentiellement extensif et est dominé par l’élevage des animaux de la basse-cour. Les chèvres, les moutons et les vaches sont les bêtes souvent rencontrés dans les ménages. L’élevage procure de la fumure organique qui sert à fertiliser les sols. Les moniteurs agricoles recommandent de plus en plus la combinaison de la fumure organique avec les engrais minéraux pour un meilleur rendement.
Le gouvernement et ses partenaires réalisent des projets visant à améliorer la productivité. L’introduction des races améliorées et des semences sélectionnées initiées par le programme Fida au Burundi porte ses fruits. Les bénéficiaires regroupés en coopératives ont acquis des compétences dans la bonne gestion de la production agricole. D’autres partenaires accompagnent les paysans dans la valorisation des cultures. Pour la production de la bière Nyongera, la Brarudi appuie les cultivateurs du sorgho dans la région naturelle de de Kumoso.
Le secteur agricole demeure vulnérable
D’après l’agence onusienne pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), le secteur agricole fait face à beaucoup de contraintes. Ce sont notamment le manque de fertilité des sols, la faible utilisation des intrants agricoles, la vulnérabilité aux aléas climatiques, l’insuffisante maîtrise de l’eau, la faible transformation des produits bruts, l’accès limité au crédit et la forte pression démographique. On peut également citer la faiblesse des investissements privés et l’absence de formation et d’organisations professionnelles. La recrudescence des maladies des plantes et des ravageurs très dommageables pour les cultures et les denrées stockées handicapent le secteur agricole.
L’agriculture Burundaise reste très vulnérable face aux aléas climatiques. Un exemple parlant est celui du phénomène El Nino de 2017. Environ 30 000 hectares d’exploitations agricoles ont été détruits. En conséquence, il y a eu une disette qui a frappé un peu partout dans le pays entraînant une augmentation exponentielle des prix des denrées alimentaires sur le marché. Le taux d’inflation a atteint 16% en 2017.
La mécanisation, solution miracle
En vue de relancer la production agricole et d’atténuer le déficit alimentaire, le Gouvernement s’est doté d’un Plan National d’Investissement Agricole (PNIA) sur la période 2012-2017 qui se décline en 16 Plans Provinciaux d’Investissement Agricole (16 PPIA). Ainsi, un Programme National de Subvention des Engrais au Burundi (PNSEB), un Programme de Subvention des Semences Sélectionnées, la réorganisation de certaines cultures (café, thé, coton, riz) en filières et des réformes organisationnelles et institutionnelles ont été mis en œuvre, apprend-on du PND.
L’agriculture moderne est une composante essentielle de la transformation de la structure de l’économie. Le PND propose quelques astuces pour améliorer le rendement agricole. Ce sont notamment la régionalisation des cultures, la promotion de l’agriculture familiale intégrée, la mécanisation de l’agriculture, la préservation des terres agricoles, la transformation de la production agricole, la stabulation permanente, la diversification des produits exportables, la gestion de l’eau de pluie et l’irrigation des marais.
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