L’utilisation du mobile money au Burundi reste peu convoitée par rapport aux autres pays de la sous-région. Elle est seulement de 11%. Le faible taux de pénétration de la téléphonie mobile et d’accès à l’électricité sont certaines des causes de cette situation
L’utilisation du mobile money au Burundi reste moins développée par rapport aux autres pays de la sous-région, déplore Michel Armel Ndayikeza, chercheur à l’Université du Burundi vendredi le 25 août 2023 dans un atelier organisé par le Centre Universitaire de Recherche pour le Développement Economique et Social (CURDES) en collaboration avec le Consortium pour la Recherche Economique en Afrique (CREA). Elle est de 11% en 2021 contre 45% en Tanzanie, 54% en Ouganda et 69% au Kenya.
Parmi les raisons évoquées de cette situation, CURDES explique que le Burundi est faible en termes de possession de téléphones mobiles et d’accès à l’électricité.
Il argue que le Kenya qui compte le plus grand nombre d’utilisateurs du mobile money est celui qui dispose de beaucoup de téléphones mobiles (85%) et l’accès à l’électricité y est de 71%.
Quid du taux de pénétration de la téléphonie mobile au 3ème trimestre 2022
Pour le cas du Burundi, les données montrent qu’il y a eu une légère baisse du taux de pénétration de la téléphonie mobile par rapport au second trimestre 2022. Le Burundi est donc passé de 64.98 % (7 825 969 Burundais possédaient un téléphone mobile) à 62.43 % (7 518 894 Burundais possédaient un téléphone), soit une diminution de 3.9%. Et la population du Burundi était estimée à 12 044 164 habitants comme l’indique l’Agence de régulation et de contrôle des télécommunications (ARCT) à la fin du mois de février 2023.
Les trois sociétés télécoms telles que Econet Leo, Viettel Burundi et Onatel qui opèrent dans ce pays sont celles qui assurent aussi les transactions financières mobiles.
Le taux d’abonnement au mobile money est de 10% au troisième trimestre 2022
Au troisième trimestre 2022, le taux d’abonnements connectés aux plateformes des services financiers mobiles était de 10%. L’autre information de ce rapport est que le volume moyen mensuel des transactions au troisième trimestre était de 10 290 164, soit une augmentation de 11% par rapport au deuxième trimestre 2O22 (9 280 492).
S’agissant des services internet, le marché de l’internet est exploité par neuf fournisseurs d’accès à internet, à savoir : Cbinet, Spidernet, Usan, Lamiwiless, Nt Global, Bbs, Eco Leo, Viettel et Onatel. L’ARCT indique que le taux de pénétration de l’internet au troisième trimestre 2022 est de 21.3%.
La taxation, une des causes du taux faible de l’utilisation du mobile money
Selon toujours lui, les taxes peuvent contribuer à la démotivation de la population dans l’utilisation du mobile money. En Ouganda, le gouvernement a introduit une taxe de 0,5% sur les retraits de mobile money. Par conséquent, les gens ont manifesté une certaine réticence dans l’utilisation des transferts monétaires.
En Tanzanie, la situation a été la même. En 2021, on a introduit une taxe sur les transactions de mobile money. Et une étude effectuée après 6 mois a montré que les transactions ont été réduites de 38% de transferts monétaires de personne à personne. Sur une période de 5 ans, le PIB allait chuter de 2% et le pays allait enregistrer une perte de 700 milliards de shillings de 2021 à 2025.
Au moment où cette année, le Burundi a introduit une taxe de 1% sur les commissions perçues par les intermédiaires dans les opérations de transfert d’argent mobile, Ndayikeza fait remarquer que cela peut être à l’origine de la démotivation de la population dans l’utilisation du mobile money comme cela s’est manifestée dans les pays ci haut cités.
Boaz Nimpe, secrétaire exécutif de l’association des banques et établissements financiers (ABEF) ajoute d’autres causes qui justifient le faible taux de l’utilisation du mobile money au Burundi. Il n’existe pas une stratégie nationale d’inclusion financière qui tient compte de l’utilisation du mobile money.
De plus, le monopole constitue un autre obstacle au développement du mobile money. Il déplore qu’il y ait des acteurs qui ont été suspendus dans le secteur de la télécommunication. Ce qui fait que les frais de transfert d’argent électronique soient élevés. Selon lui, le gouvernement devrait donc ouvrir les portes à la concurrence pour inverser la tendance.
Mobile moneyꓽ la sécurité est douteuse
Un autre défi est lié à la sécurité du mobile money, laisse entendre un cadre du Sénat présent dans ledit atelier. « La population a peur de perdre son agent. Il arrive qu’on se trompe de numéro de celui auquel on a envoyé de l’argent. Dans ce cas, la réclamation de cet argent est un casse-tête. Tantôt on se plaint à l ARCT, tantôt à la BRB ou à la police parce ce qu’il n’y a pas de cadre commun devant lequel on dépose les plaintes liées au mobile money », se désole-t-il.
Malgré le faible taux d’utilisation du Mobile money, CURDES fait savoir que les gens devraient savoir que le mobile money joue un rôle important dans les transactions financières.
En raison de l’inaccessibilité du système bancaire traditionnel à la majorité de la population en particulier dans les zones rurales, ce centre de recherche explique que le mobile money devient une solution importante pour accroître l’inclusion financière et réduire la pauvreté conformément à l’objectif de développement durable (ODD1) sur l’élimination de la pauvreté et l’ODD10 sur la réduction des inégalités.
Pour booster l’utilisation du mobile money, CURDES demande aux décideurs de prendre des mesures pour faciliter l’accès à l’électricité. Explorer des initiatives visant à rendre les téléphones mobiles plus abordables telles que les exonérations ou les subventions est une nécessité. Et d’ajouter la mise en œuvre d’une stratégie nationale intégrant la promotion du mobile money.
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