Société

Mariage interethnique : Quand l’amour triomphe

Il existe de ces unions que les gens mal intentionnés se donnent le pouvoir de critiquer. A leurs yeux, elles n’ont pas la d’être.  Mais, ils oublient que l’amour est un enfant. Il échappe à la logique, n’appartenant ni aux raisonnements, ni aux preuves, ni à la vérité, a écrit Eric-Emmanuel Schmitt . En voici l’exemple

« Je me suis rendu compte qu’il s’agissait des gens pleins de haine et de jalousie et qui n’ont aucune idée de ce qu’on a traversé », déclare Nadège.

C’est l’histoire d’un jeune homme, Wilbert et d’une jeune femme Nadège originaires respectivement de Gitega et de Cankuzo qui se rencontrent à Bujumbura. Ils tombent amoureux l’un de l’autre et se marient très vite en 2017.

Dans un pays comme le Burundi où l’appartenance ethnique a son importance, leur union ne passe pas inaperçu. Le jeune homme est Hutu, la jeune fille est Tutsie. Pour certains, même à l’heure actuelle, ce critère les oppose d’emblée. Mais pour les deux tourtereaux, leur amour est plus fort, rien ni personne ne pourrait perturber leur idylle.

Jusqu’à ce que leur mariage religieux les projette sur scène

Certes le couple n’était pas familier du public burundais, mais Wilbert n’était pas si méconnu. Il est l’un des élites de la jeunesse entrepreneure. Il possède la « Maison du Fermier », un laboratoire d’expérimentation agro-pastorale, une fierté du pays.

Il a fallu que le couple célèbre son mariage religieux en 2022, 9 ans après son mariage civil pour qu’il soit projeté au-devant de la scène. Les photos de leur mariage ont circulé sur les réseaux sociaux avec des messages envenimants. Wilbert avec un air sérieux, une taille plus ou moins petite, très simple et humble ne mérite pas une Nadège avec une beauté sensationnelle, un teint clair et des formes soufflantes. « Un veilleur a épousé la fille de son boss », disaient les Internautes. Plus tard, connaissant la notoriété de Wilbert, le scénario a changé : Nadège est matérialiste. Elle aurait suivi la fortune de Wilbert.

Jusqu’à ce que Wilbert soit obligé de répliquer et de publier les photos de leurs belles premières années pour authentifier leur amour et leur parcours. Tout a été inventé par les mauvaises langues pour faire mal à notre couple, lance Wilbert.

L’antagonisme ethnique cachée derrière les critiques

Ce n’était pas la première fois qu’ils subissaient ce genre de critique. Au tout début de leur union, les critiques portaient sur leur appartenance ethnique. « Les gens me disaient que les filles tutsies ne sont pas dignes de confiance et qu’elles sont infidèles », raconte Wilbert. « Ou encore que je ne veux pas lui donner des enfants ou que je viens piller sa fortune », complète Nadège.

Même après qu’ils aient eu des enfants, les critiques ont continué à fuser de partout. « Les gens ont même dit qu’ils n’étaient pas des nôtres, que mon mari était veuf et qu’il m’a épousée pour élever ses propres enfants », confie Nadège.

Tous les commentaires qui se concoctaient autour de leur couple faisait toujours allusion à leur appartenance ethnique.

L’amour plus fort que tout

Ces deux parents de deux beaux garçons avouent qu’ils ont été offensés par ces critiques mais qu’ils ont pu les surmonter. Leur appartenance ethnique n’a pas été un obstacle à leur amour. « Je me suis rendu compte qu’il s’agissait des gens pleins de haine et de jalousie et qui n’ont aucune idée de ce qu’on a traversé », déclare Nadège.

Aujourd’hui, ils affirment vivre heureux et leur couple plus solide. Mais plus encore, ce qui leur fait plaisir est que l’endurance de leur amour a fait taire les commentaires haineux à leur égard.

Selon Wilbert, seul l’amour compte dans l’union d’un homme et d’une femme. « L’appartenance ethnique ne devrait pas être une condition d’autant plus que même deux personnes d’une même ethnie peuvent ne pas s’entendre ». Et Nadège de le compléter : « je connais beaucoup de couples qui désagrègent alors qu’ils proviennent d’une même ethnie »

Dans un pays comme le Burundi déchiré par conflits ethniques, le couple de Wilbert et Nadège reste un modèle pour la jeunesse d’aujourd’hui. Et Nadège de conseiller les jeunes : « L’amour va au-delà des différences ethniques ou quoi que ce soit ».

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A propos de l'auteur

Dona Fabiola Ruzagiriza.

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Un commentaire
  • Jean B. Rubwebwe dit :

    Ceux qui mettent en avant la forme des visages et surtout des narines ne savent rien de la vie, et surtout de l’amour.
    Et je peux parier que la plupart de ceux qui critiquent ce mariage ne sont pas très heureux chez-eux.
    Combien d’hommes rentrent très tard le soir pour ne pas rester 1 heure avec leurs femmes avant de se coucher.
    Combien de femmes infidèles ou d’hommes infidèles alors qu’ils sont de la même ethnie? Des centaines de milliers sinon des miillions.🤠 Ce sont des bandes d’hypocrites et de faiblesse d’esprit.

Les commentaires sont fermés.

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