Agriculture

ODECA : Pourquoi tant d’instabilités ?

L’Office pour le Développement du Café du Burundi (ODECA) est dorénavant dirigé par une nouvelle équipe qui a à sa tête Ir. Oscar Uwikunda. Cette équipe vient en remplacement d’une autre, mise en place par décret présidentiel pour redynamiser la filière café en mai 2024. Cette équipe de 2024 avait elle aussi remplacé une autre, nommée en février 2023. Ces changements d’organes dirigeants suffisent-ils pour redynamiser cette filière ?

« Cette équipe vient en remplacement d’une autre, mise en place par décret présidentiel pour redynamiser la filière café en mai 2024 ».

Le Président de la République du Burundi vient de remplacer l’équipe dirigeante de l’ODECA à travers le décret N°100/064 du 30 mai 2025. Ir. Oscar Uwikunda a été nommé Directeur Général de l’ODECA, en remplacement de Jean de Dieu Niyindabira.

Ce décret comprend aussi la nomination du Directeur Technique de cette office, Ir. Vandryck Mahirwe, du Directeur Administratif et Financier, Jacques Dusabumwami, du Directeur du Patrimoine de la Filière Café, Cyriadae Hakizimana, et enfin du Directeur Agronomique, Ir. Gérard Nduwayezu.

Cette nouvelle équipe vient remplacer celle mise en place en mai 2024, après une réunion tenue par le président Evariste Ndayishimiye avec les parties prenantes du secteur café. Lors de cette réunion, le président avait haussé le ton envers l’équipe dirigeant de l’ODECA de l’époque, dénonçant une perte annuelle de 47,6 millions de dollars causée par une mauvaise négociation des prix, un manque à gagner considérable qui devrait contribuer au développement du pays.

Des réformes à faible portée

Ce changement d’équipe dirigeante a été suivi par une série de réformes visant à renforcer la transparence et la régulation de la filière café pour limiter les pertes économiques. Entre autres, les usines de déparchage doivent désormais fournir un état précis des stocks de café vert, vendus ou invendus, avec mention des acheteurs et des destinations. De plus, toute sortie de café doit être signalée à l’ODECA et seules les stations et les centres de transit autorisés par la commission de suivi peuvent collecter le café auprès des producteurs. Toute collecte illégale est considérée comme une fraude passible de sanctions.

En parallèle, des mesures strictes encadrent désormais les stations de lavage. Pour collecter et traiter le café cerise, elles doivent obtenir un agrément de l’ODECA et une station de dépulpage-lavage nouvellement construite ne peut pas commencer ses activités sans certificat d’agrément officiel. De plus, les stations doivent s’engager à payer les caféiculteurs au prix fixé par le gouvernement.

Le gouvernement exerce également un contrôle rigoureux sur la circulation du café, interdisant son transport de nuit et exhortant les autorités locales à veiller à ce qu’il ne franchisse pas les limites communales lorsque des stations de lavage existent à proximité. La circulation du café est restreinte entre 6h et 18h, et toute personne surprise en train de le transporter hors de ces horaires sera considérée comme fraudeur et sanctionnée. L’administration, les forces de l’ordre et la population sont appelées à surveiller étroitement le commerce du café pour éviter les exportations illégales vers les pays voisins.

Malgré ces réformes, la filière peine à se redynamiser et les caféiculteurs ont continué à se tourner vers d’autres cultures jugées plus rentables. Lors de la réunion du Conseil des ministres du 7 mai 2025, le prix du café cerise a été fixé à 2 800 FBu contre 1 380 FBu auparavant, soit une augmentation de 1 420 FBu représentant plus de 100%. Cette mesure avait pour objectif d’encourager les caféiculteurs.

Cette fois-ci sera-t-elle la bonne pour atteindre les objectifs souhaités? Dans nos éditions antérieures, caféiculteurs et experts ont suggéré que l’accent soit mis davantage sur l’amélioration de la gestion de l’ODECA, au-delà du simple remplacement des dirigeants.

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A propos de l'auteur

Florence Inyabuntu.

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