Editorial

Paradoxe dans le secteur de la santé : prime à l’injustice ?

Alors qu’un sentiment de satisfaction semble gagner certains médecins, le reste du personnel soignant manifeste un malaise croissant. En cause : une prime de stabilisation instaurée en janvier 2025, réservée exclusivement aux médecins, allant de 1 à 2 millions de FBu par mois. Ce geste, censé freiner l’exode médical vers l’étranger, a été perçu par beaucoup comme une mesure de favoritisme injuste, creusant davantage les inégalités au sein du système de santé.

Mélance Maniragaba, rédacteur en chef adjoint.

Les infirmiers, techniciens et autres acteurs de la chaîne sanitaire dénoncent une forme de discrimination. A juste titre car, soigner n’est pas un acte isolé, mais un travail d’équipe. Il est donc légitime de se demander pourquoi seule une catégorie est récompensée pendant que les autres, pourtant tout aussi indispensables, sont ignorées.

Plus inquiétant encore, cette décision risque de fragiliser davantage le système de santé, déjà confronté à un manque criant de personnel dans les structures de soins. Accorder une prime aux uns, en laissant les autres s’épuiser sans reconnaissance, n’est-ce pas là un dangereux précédent ? Un paradoxe, en tout cas, que l’on ne peut balayer d’un revers de main.

Il ne s’agit pas ici de minimiser les efforts des médecins, mais d’alerter sur les dérives possibles du favoritisme institutionnalisé d’une façon générale. Derrière cette mesure on peut se poser d’autres questions, entre autres l’application cohérente de la politique salariale, le dégel des annales… Autant de questions restées sans réponse pour nous.

Ce type de gestion rappelle de sombres souvenirs. A une époque pas si lointaine, des régimes ont érigé la division en mode de gestion, divide et impera, disaient les colons, pour mieux régner. Faut-il vraiment reproduire ce schéma dans notre administration moderne ?

Du planton au directeur général, chacun joue un rôle dans le bon fonctionnement d’un service ou d’une institution. Tous contribuent, chacun à sa manière, à l’atteinte des résultats. Dans la diversité des métiers, il ne s’agit pas de revendiquer une égalité parfaite, mais une reconnaissance équitable. Parfois, un simple geste d’attention suffit à raviver l’engagement. Après tout, chaque enfant a besoin de sentir qu’il est aimé par son parent.

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Mélance Maniragaba.

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Paradoxe dans le secteur de la santé : prime à l’injustice ?

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