Développement

Le port de Bujumbura : un poumon économique en modernisation

Les travaux de modernisation du port de Bujumbura vont bon train. Même les travaux connexes évoluent positivement. L’autorité maritime rappelle que l’usage de la voie multimodale regorge de beaucoup d’avantages comparativement à la voie routière et son usage réduit les coûts de moitié. Il se réjouit que les opérateurs économiques commencent à s’approprier cette réalité

« Le taux d’exécution des travaux  de modernisation du port de Bujumbura est estimé à 5%. La plupart des équipements sont déjà sur place, les formalités douanières au niveau de l’exonération et dans la facilitation de l’entrée (octroi des visas d’établissement pour le personnel étranger) sont en ordre », déclare  Gérard Nyandwi, directeur général de l’Autorité Maritime, Portuaire et Ferroviaire (AMPF).

Gérard Nyandwi, directeur général de l’AMPF : « Le taux d’exécution des travaux de modernisation du port de Bujumbura est estimé à 5% »

Pour le directeur général de l’AMPF, les composantes du projet de modernisation du port sont au nombre de quatre. Il s’agit du dragage du bassin portuaire, de l’aménagement du terminal à container, de la déviation du canal de Buyenzi (celui-ci se jette dans le bassin portuaire et le remplit de sédiments. Ce qui diminue la profondeur du tirant d’eau limitant ainsi l’accostage des bateaux) et de la construction d’un chantier naval (atelier de construction et de réparation des bateaux).

Un calendrier à réajuster selon les situations

M.Nyandwi rappelle que le projet est financé à hauteur de 25 millions USD. Il est exécuté par l’Agence Japonaise de Coopération Internationale (JICA) sur une période de 2 ans à partir du mois de novembre 2019.

« Beaucoup de travaux  ont été déjà exécutés.  N’eût été la pandémie de Covid-19 qui empêche certains experts d’entrer dans le pays en provenance du Japon et d’ailleurs, les travaux avanceraient normalement. Comme il y a des experts qui ne sont pas présents au pays, on va réajuster le calendrier en collaboration avec l’entreprise qui est en train d’exécuter les travaux en priorisant ce qui ne nécessite pas une grande expertise», fait remarquer le patron de l’AMPF.

En plus de la modernisation, la réhabilitation du port

Le Directeur général de l’AMPF indique qu’un autre grand projet est la réhabilitation du port de Bujumbura.

Il précise que ce projet avance très bien. « Aujourd’hui, nous sommes à l’étape où les experts de la Banque Africaine de Développement (BAD) sont en train d’analyser les dossiers d’appel d’offre. D’ici quelques jours, ils  vont nous transmettre leurs observations. Nous allons les intégrer dans les dossiers d’appel d’offre », informe-t-il.

Ce projet est cofinancé  à hauteur de 50 millions USD par l’Union Européenne (UE), la BAD et le gouvernement du Burundi. Les bailleurs ont déjà signé un accord de don au mois de février de cette année et les travaux seront exécutés sur 5 ans.

Il sera donc question de réhabiliter le quai pétrolier (dans le temps, les Burundais importaient du carburant via la voie ferroviaire et lacustre. On l’amenait jusqu’à la Société d’Entreposage du Pétrole SEP). On procédera aussi à l’installation des balises pour faciliter la navigation (feu qu’on installe pour orienter le personnel navigant pendant la nuit) et  à la construction d’un quai passager.

Le transport des passagers presqu’inexistant

Selon M.Nyandwi, il n’existe pas de paquebot ou de bateau pour le transport des touristes sur le lac Tanganyika.

« Ainsi, avec le projet de réhabilitation du port, il y aura  la fourniture des équipements comme les bateaux de recherche et de sauvetage, les bateaux de patrouille dans le lac et un bateau  de remorquage », souligne-t-il.

Par ailleurs, poursuit M.Nyandwi, le projet ne se limitera pas au transport des passagers. Il y aura la fourniture de  deux  grues mobiles capables de soulever un container de 40 pieds rempli de produits. Il regrette que les cinq très anciennes grues datant  de  la période coloniale tombent souvent en panne et  qu’il ne soit pas facile de trouver les pièces de rechange. Ce qui handicape la rapidité des opérations de manutention.

Une seule de ces grues pouvant soulever un container ne peut plus le faire et tombe souvent aussi en panne.

Route d’accès facile au port

Sur le projet de réhabilitation du port de Bujumbura  sont associés les  travaux connexes tels que l’informatisation des services des titres fonciers du ministère de la Justice et la réhabilitation de la voie d’accès au port de Bujumbura, une route qui part de la gare routière, passe par les Brasseries et Limonaderies du Burundi (Brarudi) et puis bifurque vers le marché appelé communément «Chez Sion». Arrivée au rond-point des Nations Unies (NU), la route va dévier vers la RN9 pour croiser la route qui va contourner les bureaux du chef de l’Etat.

Concernant cette route, M.Nyandwi explique qu’on attend  les observations de la BAD sur les appels d’offre. « Après nous allons les intégrer dans la non objection pour publication. D’ici juin de cette année, on devra avoir publié les dossiers d’appel d’offre», martèle-t-il.

Cette autorité annonce que l’Agence Routière du Burundi (ARB) qui est cogestionnaire de ce projet a déjà délimité l’emprise du tronçon de cette route. Cela pour montrer à la population qui construit au bord de celle-ci qu’il  y a des limites à ne pas dépasser.

« Il sera difficile à la population qui continue à le faire de réclamer l’indemnisation. Le gouvernement ne va pas indemniser des récalcitrants », avise-t-il avant de signaler que la route sera réhabilitée sur une longueur d’environ 12 km avec une largeur respectant les normes, c’est-à-dire qui ne va pas en deça de 7 mètres.

Devoir pour les propriétaires des bateaux de les équiper

Le directeur général de l’AMPF explique  que les propriétaires des bateaux doivent les équiper d’outils de facilitation de la navigation dont les radars. Il revient à l’autorité publique de doter le port d’équipements qui orientent ces bateaux.

Manque de personnel navigant burundais

M.Nyandwi fait remarquer que le pays n’a jamais disposé d’une école de formation des membres d’équipage des bateaux.

Le port de Bujumbura a une capacité de 500 mille tonnes par an contrairement aux ports de Rumonge et de Kabonga qui sont des points d’embarcation des petits bots en provenance de la République Démocratique du Congo (RDC) et de la Tanzanie ne dépassant pas une capacité de 100 tonnes

Cependant, il existe, d’après toujours lui, des gens qui ont bénéficié des formations en Belgique et en RDC…Ce sont ces gens qui sont recrutés par la flotte burundaise.

Et de renchérir : « Il y a un projet de formation. Nous allons  contacter  le ministère de l’Education pour qu’il commence à penser à octroyer des bourses de formation à l’extérieur dans ce domaine ».

Les ports de Rumonge et Kabonga : objectif à court terme

Jusqu’à maintenant, les ports de Rumonge et de Kabonga sont des points d’embarcation des petits bots en provenance de la République Démocratique du Congo (RDC) et de la Tanzanie ne dépassant pas une capacité de 100 tonnes. Contrairement, le port de Bujumbura a une capacité de 500 mille tonnes par an.

A Rumonge, Il n’y a ni  construction ni quai sauf  quelques hangars de stockage. A Kabonga, c’est un terrain d’environ 30 ha. Le titre de propriété est déjà acquis. Une étude préliminaire a été faite. L’AMFP est en train de chercher des fonds pour compléter l’étude et puis par après chercher des bailleurs ou des privés pouvant construire le port. De plus, indique ce cadre de l’Etat,  dans son projet de facilitation du commerce dans la région des Grands Lacs, la Banque Mondiale (BM) a accepté de financer la construction du port de Rumonge.

« Le dossier d’appel d’offre a été validé il y a deux mois. Toutefois, comme c’est un projet sous-régional englobant le Burundi, la RDC et le Rwanda, nous sommes obligés d’attendre les autres pays. D’ici au mois de décembre, nous espérons que leurs dossiers d’appel d’offre seront prêts pour être analysés en conseil d’administration de la BM.Chaque pays aura un sous-projet à financer », fait-il remarquer.

Le pays possède aussi des ports secs à Kobero, à la gare routière de Gitega et à la gare routière de Bujumbura.

La voie multimodale moins chère

« Si on combine le transport par voie ferrée et le transport par lac, (Dar-es-Salam-Kigoma-port de Bujumbura), le coût du transport peut diminuer de moitié », certifie M.Nyandwi. Ce qui influe sur la diminution des prix des marchandises  pour le dernier consommateur. Egalement, continue-t-il, sur l’eau il y a moins de tracasseries, de barrières non tarifaires, moins d’accidents comparativement à la voie routière. Et d’évoquer : « Les bateaux transportent beaucoup de marchandises par rapport aux camions. Un petit bateau peut transporter 400 tonnes soit le poids pouvant être transporté par 10 camions. Ce dernier est autorisé à transporter 30 à 40 tonnes de marchandises pour ne pas abîmer les infrastructures routières ».

Suite aux sensibilisations de l’AMPF en collaboration avec le secrétariat exécutif du Corridor Central, les investisseurs Burundais et étrangers commencent à s’intéresser au transport lacustre. Certains ont des projets de construction des bateaux de transport de marchandises, de paquebots et de bateaux de transport des touristiques.

« Nous espérons que d’ici trois ans, il y aura des changements  dans l’usage de la voie multimodale », conclut M.Nyandwi. Il atteste que le port de Bujumbura est une plaque tournante, car il peut relier le pays à la RDC, à la Tanzanie, à l’Angola, à l’Afrique du Sud…par chemin de fer. Cela à partir du port de  Mpulungu vers l’Afrique du Sud. Il sera un poumon économique du pays une fois bien exploité en générant des recettes, en créant des emplois et des services.

Cet article a été produit dans le cadre du concours « Tuyage » du projet dénommé TUYAGE initié par l’Agence des Etats-Unis d’Amérique pour l’Aide au Développement (USAID) mise en œuvre par l’ONG Search for Common Ground et les médias partenaires.

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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