Le métier d’ingénieur est probablement le secteur le plus associé à la virilité et les femmes sont sous- représentées dans l’ingénierie que les hommes. Peut-il y avoir une plus-value pour que les femmes soient elles aussi représentées ? Un atelier de sensibilisation visant à rehausser le profil des femmes travaillant dans les métiers dits « d’hommes » à travers un film documentaire a été organisé vendredi le 6 mars 2020 à l’Institut Français du Burundi par l’association des Femmes Ingénieures Actives pour le Développement Inclusif (FIADI) en partenariat avec l‘Ambassade de France au Burundi

Mme Jeannette Kaneza : « Les femmes ont un pourcentage supérieur à celui des hommes et les filles sont nombreuses que les garçons à l’école primaire et tendent à égaler les garçons au secondaire. Elles sont sous-représentées dans les facultés d’ingénierie »
Dans l’optique de célébrer la journée internationale dédiée à lutte pour les droits des femmes, l’association FIADI avait organisé un atelier de sensibilisation pour attirer l’attention sur les possibilités de carrière étonnantes offertes aux filles dans l’ingénierie sous le thème « Ingénierie et genre au Burundi : des femmes dans des métiers « d’hommes ». Cela en partenariat avec l’ambassade de France au Burundi.
Dans son allocution, Mme Jeannette Kaneza, fondatrice de l’association FIADI a indiqué que depuis la nuit des temps, la femme burundaise travaille d’une manière exceptionnelle. Elle quitte les champs pour continuer les travaux ménagers avec un enfant au dos, un autre à ses mains sans jamais se lamenter, se fatiguer, mais avec beaucoup de précautions et un amour profond. Elle a ajouté que la femme burundaise d’autrefois transmettait la culture et la conservait. Elle déterminait le comportement des enfants en général et le comportement de la jeune fille en particulier.
Dans le monde de la construction, le métier d’ingénieur est probablement le secteur le plus associé à la virilité. A l’heure actuelle, les terres arables se rétrécissent et les femmes étudient pour gagner la vie autrement. Cependant, elles restent sous-représentées dans le domaine de l’ingénierie. L’ingénierie, serait-t-elle une affaire d’hommes ? Pourquoi pas les femmes ? Le métier d’ingénieur a toujours été dominé par les hommes. Il n’y a pas des statistiques mais les femmes ne sont pas représentées réellement au Burundi aujourd’hui dans ce secteur.
Dans le briefing du documentaire réalisé par l’association FIADI, Mme Bugenga Melissa Divine a précisé que les femmes sont sous-représentées. C’est handicapant pour les femmes. Ce qui ne devrait pas se faire. Donc, il y a des difficultés d’orientation pour les femmes dans les facultés des sciences appliquées et les causes sont diverses. C’est d’ailleurs dans cette optique que l’association FIADI a réalisé ce documentaire qui sera prochainement projeté dans les écoles secondaires et dans les universités. Cela va se réaliser en vue d’attirer les filles dans la carrière d’ingénierie et de voir des femmes ingénieures qui créent et font leurs entreprises.
Quid de la sous-représentation des femmes dans les facultés de l’université ?
Selon Mme Kaneza, le Burundi a connu une croissance démographique sans précèdent ces dernières années. Les femmes ont un pourcentage supérieur à celui des hommes et les filles sont nombreuses que les garçons à l’école primaire et tendent à égaler les garçons au secondaire. Pourtant, il est surprenant de voir qu’à l’université, le nombre de filles va decrescendo. Elles sont sous-représentées dans les facultés d’ingénierie. Et cela résulte de l’enquête réalisée par FIADI en mai 2019 à l’Université du Burundi, plus précisément au campus KIRIRI. Pour Mme Kaneza, fondatrice de l’association FIADI, l’ignorance de l’existence de l’ingénierie, les barrières culturelles (se marier à bas âge), la confusion sur le rôle de la femme dans la société et les Stéréotypes et préjugés déplacés pour ne citer que ceux-là sont des causes majeures.
D’après Mme Kaneza, la journée mondiale de la lutte pour les droits des femmes, édition 2020 qui a comme sous thème « Je suis de la Génération Égalité : Levez-vous pour les droits des femmes » tombe à point nommé. Le thème de cette édition 2020 rencontre les objectifs de l’association FIADI qui veut contribuer à la promotion des métiers d’ingénieur auprès des jeunes filles dans l’éducation nationale et l’enseignement supérieur et à la promotion des femmes ingénieures dans le monde du travail.
Des sensibilisations en milieu scolaire
Rappelons que dans cet atelier la société SOGEA SATOM était représenté par le DG Alhassane Diallo qui a démontré la force de la femme dans le métier de hommes. Selon Diallo, pour le moment, dans leur entreprise ils ont 16 % des femmes qui travaillent dans cette société. Il a souligné que les efforts fournis par les femmes sont efficaces actuellement.

Dr Ir Michèle Mukeshimana, professeur à l’université du Burundi (avec micro à la main) : «J’encourage les filles à persévérer même si les difficultés ne manquent pas. C’est un chemin qui passe, « en kirundi, inzira ihita »»
Dans son intervention, il a précisé que SOGEA SATOM a beaucoup de services et ses portes sont ouvertes à toute fille désireuse d’y effectuer un stage. Ajoutons à cela les témoignages d’Agnès FAURE, attachée à la coopération à l’ambassade de France au Burundi est en même temps ingénieur de formation. Elle est intervenue pour féliciter l’association FIADI du pas déjà franchi et la participation de la SOGEA SATOM dans le tournage du documentaire qui a contribué largement à la réalisation du documentaire de FIADI. Elle a dit que c’est un coup de projecteur sur le plaidoyer de l’association FIADI. Et Mme Claudette Ngendandumwe forte en mathématiques à l’école secondaire, a fait l’ingénierie du faite qu’elle était amoureuse de l’architecture. D’après elle, les voisins et l’entourage l’appelaient «la fille des culottes»; donc le garçonnet. Le grand défi auquel elle a fait face, c’est quand elle était mariée, le moment de la maternité. A l’université, elle était la seule fille en classe. Les débuts n’étaient pas faciles «j’encourage beaucoup les filles à faire les sciences appliquées».
Et Mme Dr Ir Michèle Mukeshimana, professeur à l’université du Burundi a souligné que ces facultés sont considérées par la société comme facultés des hommes. En plus, les filles ont peur. Elles ne s’engagent pas. Elles sont victimes des préjugés. « J’ai fait les sciences informatiques. Nous étions 6 en classe. J’étais mariée et on m’encourageait chaque fois. J’ai persévéré et je suis parvenue à réussir » ajoute-t-elle. Dans les études supérieures, cette minorité est à déplorer. Elle a encouragé les filles qui ont déjà embrassé la carrière d’informatique persévérer même si les difficultés ne manquent pas. C’est un chemin qui passe, « en kirundi, inzira ihita. » Les filles doivent faire les maîtrises et les doctorats. Moi aussi, je les ai faits étant femme. Elle a indiqué savoir où puiser les forces. Les cultures, surtout au Burundi, les qu’en dira-t-on sont les barrières qui freinent l’engagement des femmes dans le métier d’ingénieur. Et d’ajouter les femmes ont des potentialités qu’il faut détecter.

Abbé Adrien Ntabona professeur retraité de l’université du Burundi : « La femme ingénieure s’appelle « père » »
La culture n’est plus du tout un obstacle
Dans ses témoignages, Pierre Claver Nduwumwami, directeur exécutif du Burundi Business Incubator (BBIN), a précisé qu’il faut avoir un sursaut managérial. Dans le concours shika qui a été organisé par le BBIN en 2011, parmi les 7 gagnants, du concours trois étaient les femmes. Celles qui viennent dans notre cursus, nous les encourageons. Et Abbé Adrien Ntabona professeur retraité de l’université du Burundi mentionne que les cultures traditionnelles ne peuvent pas être un obstacle pour nos sœurs aujourd’hui. Il était interdit dans le temps que la femme monte sur le toit pour poser la charpente, mais aujourd’hui il faut se féliciter car, dans son village natal, c’est une femme qui a contribué à la construction d’un des bâtiments des sœurs religieuses. Selon Abbé Ntabona, la culture n’est plus du tout un obstacle à l’engagement des femmes dans ces métiers dits d’hommes c’est fini ça. Autrefois, la femme ne pouvait pas traire les vaches. Mais cela est dépassé. Donc qu’on le dise à haute et intelligible voix, La femme ingénieure s’appelle « père ». Tous ont contribué à surmonter les préjugés qui sont portés à l’égard des femmes dans ce métier d’ingénieur.

Photo de famille des participants à l’atelier avec les femmes ingénieurs
L’intervention publique de Mme Maïmouna Bamba, géotechnicienne à la SOGEA SATOM, pionnière dans le métier dit des hommes soutient les activités entreprises par ses consœurs de l’association FIADI et les invite à persévérer, à ne pas battre en retraite. Elle a ajouté que la SOGEA SATOM aide beaucoup les femmes ingénieures.
La chargée des projets au sein de l’ambassade, Mme Nadège Bwenge a plaidé en faveur des femmes en demandant à SOGEA SATOM de les promouvoir.
Cet atelier s’est clôturé sur une note d’espoir et beaucoup de remerciements ont été adressés à l’ambassade de France au Burundi pour avoir participé à son organisation.
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