Edition Spéciale Enfant

La problématique « des enfants de la rue » demeure irrésolue

La ville de Bujumbura héberge toujours un grand nombre d’enfants sans-abris. Comme s’ils y étaient condamnés par un destin étrange, ils sont appelés malgré eux des « enfants de la rue ».  Un reporter de Burundi Eco s’est rendu sur terrain pour constater la réalité des faits et récolter quelques témoignages

A 21h37, nous arrivions à l’avenue de l’Université à quelques encablures du centre-ville de Bujumbura. Un enfant vêtu de haillons s’approche. « Donne-moi cent francs. J’ai faim », chuchote ce gamin qui se promène en solo. Jean de Dieu a 10 ans. Non, il n’est pas orphelin. Il a tous ses parents. L’enfant semble être très confiant. Nous avons voulu aller très loin pour savoir les causes de son maintien dans la rue alors qu’il a une famille. L’enfant confesse. Ils sont 10 enfants au toit familial et c’est la faim qui l’a obligé à prendre cette décision. Son père ne travaille pas et sa mère ne dispose que d’un petit lopin de terre qu’elle exploite, rien de plus. Les « enfants de la rue » n’ont pas de lieu connu où loger. Jean de Dieu indique que lui et ses cinq autres amis qui s’étaient séparés de lui avant notre rencontre avaient repéré une place où loger cette nuit-là.

Le phénomène des enfants en situation de rue s’observe encore au centre-ville de Bujumbura.

Au-delà de 22 h, nous poursuivons notre tournée en ville. Au niveau de l’avenue de la Mission, un garçon compte des billets de banque, quelques quatre ou cinq billets de cent francs. Nous nous approchons de lui pour échanger un peu. Il s’appelle Eric. Il a treize ans. Cet enfant qui affirme avoir déjà une expérience d’une année dans la rue semble y avoir élu domicile. « Je rentre rarement à la maison et je retourne dans la rue », explique-t-il. Issu d’une famille de sept enfants et orphelin de père, celui-ci n’a jamais mis les pieds à l’école. Cependant, il regrette de n’être pas allé à l’école comme d’autres enfants. Quand on lui demande pourquoi il a pris la décision d’aller dans la rue, il répond que c’est à cause de la faim. « Nous n’avions pas à manger », confie-t-il. Sa maman qui vit du curage du sable n’a pas pu retenir tous ses enfants à la maison. Eric affirme qu’ils sont deux frères à vivre dans la rue.   

Par la suite, nous avons rencontré un groupe de trois filles sur un barza de l’une des maisons longeant le boulevard Patrice Lumumba. La plus âgée s’endormait alors que les deux autres veillaient. Celles-ci n’ont pas voulu échanger avec nous et ont pris fuite. Selon un agent de sécurité trouvé sur place, ces enfants sans abris savent qu’ils sont pourchassés et prennent leurs précautions pour échapper aux forces de l’ordre. Bon nombre d’entre eux trouvent refuge dans les quartiers excentriques du centre-ville comme les quartiers Asiatique, Bwiza ou Kinanira où ils se sentent plus en sécurité.

Les activistes des droits de l’enfant appellent à l’action

Lors d’une conférence-débat organisée à l’occasion de la journée internationale dédiée aux droits des enfants, les activistes des droits des enfants se sont exprimés. Pour Christine Ntahe alias Maman Dimanche connue pour sa longue expérience dans l’accompagnement des enfants de la rue, il est très difficile de savoir avec exactitude le nombre d’enfants qui sont dans la rue.

Pour cette femme engagée dans la défense des droits de l’enfant depuis 1979, les chiffres ont explosé à cause de l’extrême pauvreté qui sévit dans les familles. Celle qu’on nomme Maman Dimanche s’en prend aux gens qui n’entreprennent rien pour inverser la tendance. «Quand ils viennent chez moi, je connais des gens qui leur refusent même un verre d’eau. Et pourtant c’est le dimanche et les Eglises sont bondées de gens avec des Bibles à la main !», ironise-t-elle avant d’ajouter que chaque pain jeté est un pain volé au pauvre.

Quelle approche pour éradiquer ce phénomène ?

Pour un des intervenants, il faut d’abord que tous les Burundais se sentent concernés par la problématique des enfants de la rue. Cet intervenant rappelle que les actions menées par différentes ONGs resteront insuffisantes.

Selon Ignace Ntawembarira, représentant du gouvernement à ce débat, la place des enfants est dans la famille. Il affirme être témoin du travail des ONGs impliquées dans la défense des droits de l’enfant. Il indique que le gouvernement a déjà mis en place un programme de suivi des activités visant à retirer les enfants de la rue. Pour Ntahe, il faut plutôt se concentrer sur les familles d’ouu sont issus ces enfants. Un point de vue partagé avec d’autres acteurs du secteur qui étaient présents au débat.

En réalité, le problème est plutôt complexe et il n’est pas possible d’en venir à bout en un laps de temps avec.

A propos de l'auteur

Jonathan Ndikumana.

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